La conquête de l’espace, de 1957 à nos jours

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Par Canal Académie - Elodie Courtejoie Rédigé le 20/07/2009 (dernière modification le 20/07/2009)

Du lancement du premier Spoutnik en 1957 à la conquête de Mars au XXIe siècle, il n’y a qu’un pas, que vous propose de franchir Jacques Villain, historien de l’Espace, membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace. Il dresse au cours de cette émission les grands moments de la conquête de l’espace, avec ses enjeux politiques, militaires et surtout... économiques.


Avec Jacques Villain*, de l’Académie de l’Air et de l’Espace

Sergueï Pavlovitch Korolev avec la chienne Laïka en 1957
Conquérir la Lune ! Au IIe siècle déjà, des écrits prouvent que les hommes s’imaginaient voyager dans l’espace.
Les écrivains n’ont cessé de nous faire rêver... On pense à Jules Verne bien sûr, mais n’oublions pas l’Arioste et son Roland furieux dont les quatre chevaux nous portent dans le ciel. Quant à Cyrano de Bergerac il nous emmène plus près des étoiles dans son Histoire comique des Etats et Empires du soleil au XVIIe siècle. Aujourd’hui les romans de sciences-fiction et les films du même genre ont pris le relais.
Il aura fallu plus de dix-huit siècles pour passer du rêve à la réalité !

Un peu d’histoire


On connait l’année 1957 pour le lancement du premier Spoutnik, puis le lancement de la chienne Laïka un mois plus tard. En revanche, on connaît moins le nom du génie qui fut à l’initiative de ces premières : Sergueï Pavlovitch Korolev. Et pour cause, son nom sera classé secret d’Etat pas les autorités soviétiques et ne sera révélé que le lendemain de sa mort en 1966 ! Jacques Villain nous dresse le portrait de ce scientifique soviétique digne d’un héros de roman.
Accusé à tort d’espionnage il est enfermé plusieurs années dans l’un des goulags les plus sévères. Il perd ses dents, manque de mourir, avant d’être sauvé par Tupolev. Tous deux sont incarcérés dans un camps de travail "pour scientifiques". Une fois libérés, le gouvernement demande à Sergueï Pavlovitch Korolev de s’atteler à la construction d’une fusée... qui ne sera autre, après plusieurs retournements, que Spoutnik 1.

Le succès de Spoutnik 1 et de Spoutnik 2 peu après, sont un étonnement et un camouflet pour les États-Unis.
Fort ce renversement des "forces", l’URSS poursuit sa conquête de l’espace.


Les équipes de scientifiques travaillent sans relâche. L’étape suivante consiste à envoyer le premier homme dans l’espace. Et cela sera fait le 12 avril 1961 avec Youri Gagarine.
Les États-Unis ne supporterons pas un quatrième pied de nez. Ils se ressaisissent et reprennent la main sur la conquête spatiale. Le 21 décembre 1968, trois Américains décollent de Cap Canaveral pour un survol de la Terre. C’est la mission Apollo 8. Sept mois plus tard, le 20 (ou 21 selon l’hémisphère dans lequel on se trouve) juillet 1969 Neil Armstrong pose le pied sur la Lune. Les Américains ont battu les Soviétiques.

Pourquoi aller sur la Lune ?


Pourquoi aller sur la Lune ? Les raisons de cette première conquête étaient essentiellement politique. L’aspect scientifique (mieux connaîre notre satellite, trouver des traces d’eau), était secondaire.
Cette course de la Lune a permis une grande avancée technique, les applications militaires et les retombées économiques y seront nombreuses par la suite. Car plus que l’homme dans l’espace, ce sont les satellites qui aujourd’hui sont dans notre vie quotidienne.

Économie de l’espace et entrée de la France comme troisième puissance spatiale


En 1960, sous l’impulsion du général de Gaulle, la France prend, elle aussi, part à la conquête spatiale. Elle envoie en 1965 son satellite A, rebaptisé Asterix par les journalistes.

Puis elle demande aux États-Unis de l’aider à lancer le satellite franco-allemand Symphonie. Ces derniers refusent si ledit satellite à des visées commerciales ! La remarque n’est pas tombée à plat. La France saisit la balle au bond et lance alors la société Arianespace, spécialisée dans le lancement de satellites commerciaux. La première fusée Ariane lancée en 1979 est un succès et la France devient leader mondial dans la vente de lanceurs !

En 2005 la vente de lanceurs à visée commerciale a généré un chiffre d’affaire mondiale de 85 milliards d’euros, chiffre qui concerne pour 33 % les télécommunications, 26% les lanceurs, 16% l’observation de la Terre, 8% la science et 8% les vols habités.

Depuis le premier Spoutnik, un peu plus de 5500 satellites ont été mis sur orbite au cours de 4000 lancements. Aujourd’hui ils sont seulement 700 à être actifs, les autres étant considérés comme déchets.
Actuellement on ne compte pas moins de 35 millions d’objets de taille diverse qui gravitent autour de la Terre. Écaille de peinture, tournevis ou pan entier de lanceur, tous ces débris qui gravitent à 28 000 km/h peuvent provoquer de graves dégâts sur les nouveaux satellites mis sur orbites et sur les navettes.

Les satellites pour mieux servir la Terre

Les satellites qui permettent aujourd’hui grâce au GPS de passer certains coups de téléphones ou de prévoir la météo, sont tous les héritiers de la conquête spatiale.
Ils peuvent aujourd’hui nous permettre de prévenir les ouragans, de lutter contre la pollution marine, d’étudier la fonte des glaces ou la salinité de l’océan. On utilise les satellites pour la télé-médecine (l’hôpital Georges Pompidou à Paris délivre des cours à des infirmières du Burkina Faso par ce biais). Des cours dans les lycées reculés sont donnés en Inde. Quelques exemples parmi tant d’autres.
Comme le suggère Jacques Villain, il serait intéressant de voir comment serait notre vie actuelle sans satellite !

Conquête spatiale : retour sur la Lune ; peut-être des hommes sur Mars


En 2012, les Russes prévoient d’envoyer des robots sur la Lune et les Américains enverront de nouveau des hommes. A terme, il est envisagé d’installer une base permanente sur notre satellite lunaire, pour pouvoir observer toujours plus loin aux confins de l’univers. Les chercheurs ne désespèrent pas non plus de trouver de l’eau sur la Lune, même si plusieurs données par télescopes terrestres s’avèrent pour l’instant négatives.

Quant à l’homme sur Mars, il reste encore plusieurs difficultés à résoudre avant de mener un jour une telle mission :
- la longueur du trajet : il faut compter 18 mois de trajet aller-retrour avec nos technologies actuelles !
- la cohabitation des passagers pendant une longue période une grande promiscuité et un état de stress permanent
- l’aspect financier : ce projet serait l’équivalent de 5 fois le coût du premier homme sur la Terre, soit 5 x 170 milliards de dollars.



Enfin parmi les nombreux projets qui verront le jour prochainement, citons la Station spatiale internationale. Elle devrait être finalisée en 2010-2011. Et le lancement en 2011 du satellite européen GAIA qui entreprendra la cartographie d’un milliard d’étoiles, pour une durée de cinq ans ; en d’autres termes, dresser la cartographies des exoplanètes et déterminer si d’autres planètes Terre existent dans notre univers.



* Jacques Villain est ancien directeur des affaires spatiales internationales de SAFRAN. Il a travaillé pendant 20 ans auprès du ministère de la Défense. Historien de l’Espace, il est membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace.

Écoutez les explications passionnantes de Jacques Villain au cours de cette émission Éclairage et
deux émissions en compagnie d’Olivier de Goursac, correspondant de la NASA en France :
- Le premier pas sur la Lune : histoire d’une bataille URSS/Etats-Unis
- 20 juillet 1969 : on a marché sur la Lune





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