La faute aux abstentionnistes!

L'édito de la semaine


Par Rédigé le 30/04/2017 (dernière modification le 01/05/2017)

Depuis le début de cette campagne, les citoyens et citoyennes qui ont décidé de voter blanc ou de s’abstenir font le dos rond. Taxés qu'ils sont d'empêcheurs de tourner en rond parce qu'ils refusent le jeu politicien, ils sont aujourd’hui ouvertement vilipendés et bientôt responsables de l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République française!


Edito 300417.mp3  (1.59 Mo)

Sur tous les médias officiels et grand public, il n’est plus possible aujourd’hui de s’exprimer si l'on a choisi de s’abstenir de voter. C’est interdit! Interdit, puisque cela ferait le jeu du Front national arrivé second au premier tour du 21 avril. Sur France Inter un humoriste aurait même été empêché de s’exprimer à propos à ce sujet. Encore un peu, si un parti d’extrême droite arrive au pouvoir en France cela va être de la faute de ceux qui veulent justement faire comprendre que la société dans laquelle nous évoluons, a perdu ses repères et qu’il est urgent d’en changer…
Boucs émissaires faciles, les abstentionnistes et les votes blancs sont devenus ces derniers jours de campagne, la cible à abattre. Les médias vont chercher tout ce qu'ils estiment représenter les valeurs de la République et de la démocratie pour s’exprimer dans ce sens. En dehors des ralliements de plus ou moins dernière minute de politiciens opportunistes, sont ainsi invités à s’exprimer ceux que l’on estime être des références. Par exemple Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et surtout abolitionniste de la peine de mort en France en septembre 1981 ou encore le presque centenaire Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin et un des derniers compagnons vivants de la Libération, au parcours hugolien, etc…
De leur côté, les réseaux sociaux ressortent de vieux articles sur le comportement manipulateur de Marine Le Pen face aux médias. En effet, ces derniers ont décidé en commun de dénoncer sa stratégie actuelle vis-à-vis d’eux. Car la présidente du Front national, en retrait actuellement, décide de qui couvre les événements en ne donnant pas le bon programme aux journalistes ou en le changeant à la dernière minute. Les empêchant ainsi d’avoir leurs propres son et images desdits événements.
Seuls quelques articles en faveur de l'absention filtrent néanmoins sur des sites assez courageux pour publier des positions à contre-courant. Ainsi, une excellente interview d’un économiste italien est publiée sur Mediapart. Bien sûr pour un sujet aussi délicat, il fallait une figure d’un anti-fascisme avéré. "Une voix autorisée de la gauche italienne" comme il est précisé. Ceci étant établi, le journaliste demande à cette autorité de gauche de s’expliquer, voire de se justifier et celui-ci de répondre clairement: "Ceux qui à gauche incitent à voter pour le 'moindre mal' ne semblent pas comprendre que dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons, le "moins pire" est la cause du "pire". Voilà tout est dit. Pour n’avoir trouvé que très très peu d’articles sur ce sujet, cette phrase résume tout du choix de nombreux abstentionnistes.
Alors, plutôt que de faire une véritable chasse aux sorcières à ceux qui ont décidé de ne pas rentrer dans ce jeu, plutôt que de les rendre responsables de la situation intenable où se trouve aujourd’hui une grande partie des électrices et électeurs français, il serait plutôt urgent de revoir le système. Ainsi, ces innombrables électrices et électeurs qui se sentent obligés de voter pour Emmanuel Macron en précisant de suite que dès sa victoire, ils se placeront dans l’opposition, auraient les mains plus libres. Car l’opposition comme ils disent, existe depuis toujours, et depuis toujours elle s’est inscrite, glissée dans la peau du système même qu’elle dénonçait...
Ne nous trompons pas de responsables. La situation actuelle n’est certainement pas le fait des votes blancs et des abstentionnistes. Que ceux qui ont décidé de voter Emmanuel Macron ne donnent pas de leçons de démocratie aux autres, ni à ceux qui vont voter Marine Le Pen, ni à ceux qui ne vont pas voter du tout. Le temps des leçons est terminé, espérons que le temps de l’action ne se fasse pas trop attendre!.

Les actus vidéos du 24 au 30 avril 2017






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