La frontière vénézuélienne, un outil géopolitique contemporain


Par Elise Venet Rédigé le 26/08/2019 (dernière modification le 25/07/2019)

Depuis plus de 5 ans, une grave crise économique et sociale paralyse le pays dirigé par Nicolas Maduro, héritier autoritariste du chavisme. L’opposition, regroupée autour de Juan Guaido, président par intérim autoproclamé, organise des manifestations d’ampleur pour que l’aide humanitaire puisse arriver dans le pays et en faveur d'un changement politique. Une lutte géopolitique supranationale se joue également dans ce pays exsangue.


Blocus du pays

Un frontière plus ou moins poreuse selon le bon vouloir des politiques / (c) Pixabay
Le Vénézuéla, autrefois prospère grâce à ses exportations d’hydrocarbures, connaît depuis plusieurs années une hyperinflation et des pénuries massives en matière de produits de première nécessité (nourriture, médicaments, etc.) Ceci provoque un exil massif de la population vers les pays voisins : Brésil, Colombie, et au-delà, Equateur et Pérou, où la législation concernant l’accueil des exilés vénézuéliens se durcit. Un visa y est désormais exigé la plupart du temps pour passer la frontière. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime ainsi qu’à la fin de l’année 2019, ⅙ de la population aura quitté le Venezuela, soit 5,3 millions de personnes.

En février, le gouvernement socialiste avait ordonné la fermeture des frontières avec Aruba, Bonaire, Curaçao, le Brésil et la Colombie, alors que l'opposition tentait de livrer de la nourriture et des fournitures médicales au pays. En mai, le gouvernement a rouvert les frontières avec Aruba et le Brésil, mais les voies d’accès majeures que sont le pont international Simon Bolivar et le pont international Francisco de Paula Santander avec la Colombie de même que les lignes aériennes avec les Antilles néerlandaises sont restés fermées jusqu'ici.

Des réseaux de passeurs profitent de la situation pour faire traverser illégalement la frontière vénézuélo-colombienne à des dizaines de personnes, exigeant un droit de péage. Avec sa réouverture le 7 juin dernier, un flot de personnes a saisi l'opportunité de se rendre en Colombie.

Jeu d’échec international

Quitter son pays pour une vie meilleure, une réalité pour près d'1/6 des Vénézueliens, d'ici 2020 / (c) Pixabay
La crise s'est aggravée au Venezuela en janvier, après que M. Guaidó, chef de l'Assemblée nationale, se soit déclaré président par intérim.Il a été reconnu par plus de 50 pays, dont les États-Unis, et la plupart des pays d'Amérique latine, incluant la Colombie et son président, Ivan Duque.

Or, la majeure partie de l'aide alimentaire et médicale a été fournie par les États-Unis. Maduro, estime que cette aide constitue une atteinte à la souveraineté de son pays, victime de la "guerre économique" livrée par les Etats-Unis qui prépareraient “une invasion militaire”. Des heurts ont plusieurs fois éclaté, notamment en février, entre les pro-oppositions et les soutiens du président actuel.

Derrière la situation difficilement tenable de Nicolas Maduro, se profilent de puissants alliés. Le président est issu de la mouvance chaviste qui a tenu pendant plus de 14 ans les rênes du pouvoir. La majeure partie de l’armée lui reste ainsi fidèle.

Au niveau international, la crise vénézuélienne voit s’affronter la nouvelle politique étrangère des États-Unis contre ses rivaux géopolitiques que sont la Chine, la Russie et l’Iran, soutiens de Maduro. Moscou a réalisé au cours de ces dernières années des investissements conséquents dans l’industrie pétrolière et de l’armement vénézuéliennes. Donald Trump considère, quant à lui, l'Amérique latine comme une chasse gardée des États-Unis.

Pour suivre l'actualité du pays : https://www.francetvinfo.fr/monde/venezuela/video-il-y-aura-un-changement-au-venezuela-entretien-avec-le-chef-de-l-opposition-juan-guaido_3494403.html

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