La langue française a désormais sa Cité internationale


Par Rédigé le 02/11/2023 (dernière modification le 02/11/2023)

Elle a été inaugurée le 30 octobre dernier par le président de la République à Villers-Cotterêts et depuis le 1er novembre elle est ouverte au public.


François Ier vers 1530 (par Jean Clouet, huile sur toile, 96 × 74 cm, Paris, musée du Louvre)
C’est "la première institution culturelle dédiée à la langue française" dont se réjouit l’Elysée et l’on parle "d’une maison commune offerte à tous les francophones". Ce projet culturel date de mars 2017. A cette époque, le candidat la présidence de la République découvre le château de Villers-Cotterêts, cet édifice de la Renaissance est dans un grand état de délabrement. Au cours des ans, il a accueilli des troupes napoléoniennes de retour de Waterloo, il a également abrité un hôpital pendant la Première guerre, un "dépôt de mendicité" et finalement une maison de retraite.

Une fois élu, Emmanuel Marron chargea le Centre des monuments nationaux (CMN) de le transformer en un "château de la francophonie". Restauration qui a coûté quelque 210 millions d’euros. Le choix de Villers-Cotterêts n’est pas anodin. Dans cette ville de 10.000 habitants, à environ 80 km de Paris et comme le dit dans ses Mémoires Alexandre Dumas natif de la localité "petite ville du département de l'Aisne", se trouve le château où François Ier prit l'ordonnance d’août 1539 dite ordonnance de Villers-Cotterëts. Ce document composé de 192 articles dont deux seulement, les 110 et 111, sont consacrés à l’utilisation de la langue française fut enregistré au Parlement de Paris le 6 septembre 1539. Le français devient la langue officielle pour tous les actes juridiques et administratifs du royaume et supplante le latin ou les langues régionales dans la rédaction des actes publics.

L’article 110 déclare "Et afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il n’y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude ne lieu à demander interprétation". Et une partie de l’article 111 indique "Nous voulons d'oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, […] soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement".
Ladite ordonnance se termine par "Donné à Villiers-Cotterets au mois d’aoust, l'an de grace mil cinq cens trente neuf, et de notre règne le vingt cinquiesme".

La Cité internationale la langue française comporte des salles d'exposition, permanentes ou temporaires, des résidences d'artistes et de chercheurs, un auditorium, un café, une librairie, un "ciel lexical" qui présente cent mots ou expressions suspendus à des tringles de métal dans une cour du château. Le directeur Paul Rondin qui insiste sur le fait que "ce n'est pas qu'un musée mais aussi un lieu de vie de la langue française, promet des évènements variés, concerts, lectures, dictées interactives et spectacles. On espère accueillir 200.000 visiteurs par an. En 2024, s’y tiendra le sommet de la Francophonie auquel participeront les dirigeants de 88 Etats.

Villers-Cotterêts est aussi célèbre pour avoir vu naître le 24 juillet 1802 un des grands écrivains français Alexandre Dumas. Il était le fils du général des guerres de la Révolution Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, et général Dumas, natif de l’actuelle Haïti. En 1789, il est envoyé à Villers-Cotterêts, il fait la connaissance de la fille de l'aubergiste chez qui il loge, il l’épousera trois ans plus tard. Après de lointaines et nombreuses campagnes où il s’illustra, il fut mis à la retraite en 1802 et s’installa à Villers-Cotterêts où il mourut le 26 février 1806, laissant sa veuve et le futur écrivain âgé d’à peine 4 ans dans une situation financière très délicate. Un musée Alexandre Dumas rappelle la vie mouvementée et l'oeuvre immense de l'écrivain.





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