La poliomyélite et la fièvre jaune dans le même paquet


Par Max Dominique Ayissi Rédigé le 03/05/2009 (dernière modification le 03/05/2009)

Le ministère camerounais de la Santé Publique, à travers le Programme Elargi de Vaccination (PEV), organise, du 4 au 11 mai, une campagne associée de vaccination contre les deux maladies.


Photo : Pev
Des équipes médicales mobiles vont sillonner 62 districts de santé, sur les 173 que compte le Cameroun, pour inoculer, aux enfants de 09 mois au moins et aux adultes, les femmes enceintes et personnes immunodéprimées exceptées, le vaccin-anti amaril. Cette campagne de vaccination, contre la fièvre jaune, sera accompagnée, jusqu’au 06 mai, du premier tour des Journées Nationales de Vaccination contre la poliomyélite (JNV POLIO). Ce dernier concerne les enfants âgés de 0 à 59 mois.
Selon les termes d’un communiqué du Ministre de la Santé Publique, l’association des deux campagnes s’explique par le « risque d’importation du polio virus sauvage à partir des pays voisins ». Le même communiqué affirme que « toutes les opérations liées à cette activité sont gratuites ». Huit régions, sur 10, sont concernées. La campagne va se concentrer dans le Grand-nord, avec plus de la moitié des districts de santé bénéficiaires (32/62), dont 25 pour la seule Région de l’Extrême-Nord. Les autorités espèrent atteindre environ 8 079 157 personnes, dont 92% d’enfants.

Des statistiques inquiétantes

Photo : Pev
La fièvre jaune reste un problème de santé publique au Cameroun. Le pays fait d’ailleurs partie des 34 Etats africains que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère comme étant à risque. Depuis 2003, des épidémies sont survenues dans les districts de santé de Bafia et Akonolinga (Région du centre), Meri (Extrême nord), Ngaoundéré rural (Adamaoua), Messamena (Est) et Zoaetélé (Dans le Sud). Le Ministère de la Santé publique et le Programme Elargi de Vaccination (PEV) visent donc une augmentation de l’immunité collective et individuelle, dans ces zones dites « à haut risque ».
Les statistiques officielles (GTC-PEV) font état de 3824 cas investigués, sur les cinq dernières années. 1608 ont été notifiés en routine et 12 confirmés. Sur la même période, plus de 60% des districts santé ont investigué au moins un cas suspect. Mais la situation pourrait être bien plus grave, puisque des épidémies, antérieures à cette période, n’ont pas pu être notifiées, faute de surveillance épidémiologique. Réactivé en 2003, le Système national de surveillance épidémiologique comprend une surveillance passive, à travers des rapports hebdomadaires (MAPE) et mensuels, ainsi qu’une surveillance active, intégrée à la surveillance cas par cas. Les chiffres parlent moins en faveur de la poliomyélite. En 2008, un seul cas aurait été confirmé, sur les 220 investigués, dont 97 notifiés.
Le Centre Pasteur du Cameroun, à Yaoundé, est, à ce jour, le seul laboratoire national capable d’identifier les IGM Fièvre jaune. Il faut encore les envoyer au Laboratoire Pasteur de Dakar, au Sénégal, pour confirmation. Un circuit lourd et long, vu l’enclavement et à l’éloignement des zones à risque, qui n’est pas pour rassurer sur l’éradication de la maladie. Même si la surveillance épidémiologique active a été décentralisée. Depuis 2004, ce sont les districts de santé qui s’occupent de définir les cas suspects et confirmés, tout comme la flambée de l’épidémie.





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