La situation est-elle vraiment désespérée?

L'édito de la semaine


Par Rédigé le 22/10/2017 (dernière modification le 17/04/2018)

Les choix par définition sont souvent douloureux. Et entre le grand entretien télévisuel du président français sur une chaîne de télévision le 15 octobre 2017, la campagne lancée sur les réseaux sociaux pour libérer la parole des femmes agressées sexuellement et le meurtre d’une journaliste maltaise, il fallait choisir.


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J’ai choisi. Il sera toujours temps de revenir sur la philosophie politique qui a continué à ruisseler dans l’entretien qu’Emmanuel Macron a accordé à TF1. Dans lequel il explique encore et encore que ceux qui réussissent sont ceux qui gagnent beaucoup d’argent. La réussite par l’argent, c’est un discours que l’on avait déjà entendu et qui, sans pudeur revient dans la bouche de celui qui a la charge aujourd’hui de gouverner la France. Quid de ceux qui par définition sont le socle même d’un pays, personnels de santé, enseignants, etc… sans qui rien ne serait possible et qui pourtant se battent régulièrement pour maintenir, il ne s’agit même pas d’améliorer, leur niveau de vie. Quand l’indécence se cultive comme un art…

Quant à la campagne lancée sur les réseaux sociaux qui permet enfin aux femmes de parler de leur quotidien, c’est-à-dire des agressions et autres commentaires sexuels dont elles sont l’objet, espérons que cela leur donne la force de mieux y résister. Pour les femmes, ne plus l’accepter comme une évidence avec laquelle il faut vivre, ce sera déjà une belle avancée. Pour les hommes, une occasion de réfléchir sur leur comportement et de se remémorer la différence entre séduction et harcèlement. Ne reprochons pas aux femmes leur délation, ultime solution face à une société sourde. Restons focalisés sur ce qui est vraiment important, l’impérieuse nécessité de considérer l’autre non pas comme un objet sexuel mais comme un individu à part entière.

Le vrai scandale de la semaine restera l’assassinat de la journaliste et blogueuse maltaise Daphne Caruana Galizia. Lundi 16 octobre 2017, cette journaliste a été assassinée après maintes menaces de mort. Sa spécialité: la dénonciation de la corruption des élites politiques maltaises. Vous avez bien lu Malte, et non pas Mexique ou Russie. Malte, pays de l’Union européenne où en octobre 2017, une journaliste a bien été assassinée dans l’explosion de sa voiture. Elle avait dénoncé, entre autres, la corruption du Premier ministre actuel et de sa femme qui seraient détenteurs d’une société hébergée au Panama. Dénonciation qui, en juin 2017bavait entraîné des élections anticipées qui n’avaient servi à rien car le Premier ministre Joseph Muscat avait été réélu.

Et parce que là encore, l’indécence n’a pas de limites, il a proposé un million d’euros pour aider à connaître la vérité sur ce meurtre. Alors qu’il fait par principe partie des suspects. Sa démission en attendant les résultats de l’enquête aurait été un geste apprécié par les trois fils de la victime. Lesquels n’ont évidemment pas voulu soutenir cette initiative. Eux ne croient manifestement pas à la justice de leur pays, une justice régulièrement dénoncée et accusée de corruption sur le blog de leur mère.

L’intervention des enquêteurs du FBI heureusement épaulés par des experts néerlandais laisse perplexe. N’y-a-t-il pas au sein de l’Union européenne, une police capable de mener à bien des investigations dans le cadre d’un meurtre politique? Une Union européenne dont les réactions et déclarations face à cet assassinat restent bien trop sourdes et convenues. Celle qui venait de poster un dernier article sur son blog, 30 minutes avant sa mort, concluait ainsi l’état des choses à Malte: "Il y a désormais des escrocs partout… La situation est désespérée". Pax animae suae.


Les actus vidéos du 16 au 22 octobre 2017






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