Le célèbre linguiste Alain Rey est mort


Par Rédigé le 29/10/2020 (dernière modification le 29/10/2020)

Son nom était indissociable du dictionnaire Le Robert. Il était dans l'équipe créée en 1951 par le lexicographe Paul Robert pour préparer un nouveau dictionnaire "alphabétique et analogique" de la langue française qui deviendra en 1964 le Grand Robert en six volumes.


Disparition d'Alain Rey.m4a  (1.97 Mo)

Son épouse et les éditions Le Robert ont annoncé qu’il était décédé à Paris dans la nuit de mardi à mercredi 28 octobre à l'âge de 92 ans.
Alain Rey était né le 30 août 1928 à Pont-du-Château dans le Puy-de-Dôme. Il a été fait citoyen d'honneur de la localité à l'unanimité par le conseil municipal le 23 novembre 2007. En outre, la bibliothèque communautaire de Pont-du-Château porte le nom d'Alain-Rey depuis le 24 novembre 2007.

Il étudie les sciences politiques, les lettres et l’histoire de l'art à la Sorbonne, Au retour de son service militaire, c’est l’entrée dans l’équipe de linguistes du Robert. Il rencontre Josette Debove docteur d'État en linguistique, qui travaille dans la même équipe. Ils se marient en 1954. Veuf en 2005, il se remarie en 2008 avec Danièle Morvan, lexicographe.

Alain Rey qui est devenu rédacteur en chef des dictionnaires Le Robert rédige ou dirige ensuite les autres dictionnaires publiés par les éditions Le Robert: le Petit Robert en 1967, le Micro Robert, le Petit Robert des noms propres en 1974, le Dictionnaire des expressions et locutions en 1979, le Grand Robert de la langue française en neuf volumes en 1985, le Nouveau Petit Robert de la langue française en 1993 et le Dictionnaire historique de la langue française en 1992.
En 2005, il publie le Dictionnaire culturel en langue française. Dans un livre paru en 2015, "200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître" , il décortique deux cents expressions françaises familières. Il était membre de la Commission générale de terminologie et de néologie.

C’était un linguiste connu et reconnu du grand public. Entre 1993 et 2006, il avait animé une chronique quotidienne "Le mot de la fin" consacrée aux mots dans l'édition du matin des journaux de France Inter Il avait également assuré des chroniques sur France2 et écrit un Dictionnaire amoureux des dictionnaires. En 2004 et 2005, il présente également après le journal de 20 heures de France 2 une chronique intitulée "Démo des mots", ainsi que "Le Petit Journal" sur Canal. Il a également tenu une chronique intitulée "Le dernier mot" dans Le Magazine Littéraire où il contait l'histoire d'un terme de la langue française bien souvent en relation avec l'actualité. Dans l’édition 2020 du Petit Robert de la langue française, le bédéiste et dessinateur Riad Sattouf avait immortalisé sa chevelure blanche et son abondante moustache en première de couverture.

Grand défenseur de l'évolution de la langue, il insistait toujours sur l’apport constant des langues étrangères. En postface du Petit Robert 2007 il écrivait "Le Petit Robert veut combattre le pessimisme intéressé et passéiste des purismes agressifs comme l'indifférence molle des laxismes. Le français le mérite".

C’était un passionné de la langue française dont il disait qu’elle s’était imposée tardivement en France. Il explique qu’au début de la guerre de 1914, dans les tranchées, les officiers pratiquaient le français et il n’y avait que 40% des soldats qui le connaissaient, ils parlaient breton, basque, lorrain, ou occitan notamment. Le français était nécessaire pour comprendre les ordres. La Grande Guerre a été en quelque sorte l’auxiliaire de l’école laïque obligatoire pour la diffusion de la langue française.

On appréciera particulièrement ce qu’il confiait il y a cinq ans sur France Culture, "Je regarde le monde à travers des lunettes merveilleuses que sont les langues".





Autres articles dans la même rubrique ou dossier: