Législatives hongroises : les enjeux électoraux - II -


Par Rédigé le 08/04/2010 (dernière modification le 11/04/2010)

Dimanche 11 avril, les citoyens hongrois se rendront aux urnes pour élire leurs nouveaux députés. Ces élections, 3 ans et demi après le scandale lié aux déclarations de l’ancien Premier ministre Ferenc Gyurcsany devraient servir de prétexte catalyseur aux nombreuses frustrations des Hongrois. Des frustrations qui dans un contexte économique et social difficiles se sont réveillées douloureusement et qui seront à n’en pas douter l’enjeu de ces élections : l’économique prendra le pas sur le politique, faisant ainsi le lit au populisme face à une gauche qui a démérité.


Les socialistes hongrois au plus bas

Depuis Attila Mesterhazy s'est rasé le bouc, accusé par certains de ressembler à Mephisto ! Photo (c) mszp.hu
Malgré les nombreux appels à démission lancés par le Fidesz et le départ de Ferenc Gyurcsany en cours de mandat, les 4 années de la législature ont été effectué par le Mszp. Durant cette période, les Socialistes ont voulu afin de combler le déficit budgétaire, mettre en place des réformes, c’est-à-dire augmenter le forfait médical et les droits d’inscription universitaires. Cet effort financier imposé par le gouvernement n’a pas été apprécié par la population qui s’est déclarée hostile à ces changements lors d’une consultation en mars 2008. Cet échec politique a provoqué la scission entre l’Alliance des démocrates libres et les socialistes au sein du gouvernement, le mois suivant. Un an plus tard, victime d’une motion de censure Ferenc Gyurcsany est contraint à la démission.
Lancé dans l’arène de la campagne électorale en décembre, le jeune Attila Mesterhazy, est perçu par nombre d’observateurs nationaux comme un candidat sacrifié. En effet, la base électorale des socialistes s’est largement érodée et ce sont surtout les problèmes économiques qui inquiètent une population fatiguée. Choisi face à deux éléphants que sont Laszlo Kovacs, ancien commissaire européen, et Katalin Szili, ancienne présidente du Parlement, il doit relancer un débat politique qui n’est plus une priorité. Il s’est pourtant dépensé beaucoup lors de cette campagne, tentant de convaincre ses électeurs du danger que représentent idéologiquement le Fidesz et le Jobbik. Aujourd’hui, les ambitions du Mszp ne peuvent guère dépasser celles de limiter la victoire du Fidesz en l’empêchant de gagner de façon écrasante.

Les autres partis en lice

Pour la première fois depuis la chute du communisme, la bataille qui s’annonce ne sera pas un duel. Jusqu’à maintenant les socialistes se retrouvaient face au Fidesz, et le MDF et le SzDSz, tentaient de gagner un portefeuille avec les quelques voix qu’ils avaient réussit à glaner. Avec l’entrée sur la scène politique du Jobbik, les choses risques de changer. C’est d’ailleurs pourquoi pour la première fois, le Forum démocrate (MDF) emmené par Lajos Bokros – ancien ministre des Finances entre 1995 et 1996 et connu pour le célèbre paquet Bokros consistant en une série de mesures d’austérité - a décidé de collaborer avec le SzdSz. Ibolya David, leader du MDF, pourtant toujours populaire dans les sondages, lui a laissé sa place. Cette alliance de circonstance tente de récupérer un électorat soucieux de l’avenir du pays.
Un des lectorats les plus sollicités lors de cette campagne, reste les retraités. Dans un pays qui compte 10 millions d'habitants, 3 millions sont retraités. Ce pays vieillissant doit impérativement réformer rapidement son système des retraites. Tous les partis politiques flirtent avec les retraités et tous savent qu’il faudra faire des sacrifices. Mais pour l’heure aucun ne veut prendre le risque de se lancer. Lajos Bokros pourrait avoir ce courage puisqu’il a déjà essayé de le faire dans les années 90. Il propose d’élargir la base d’imposition et la baisse des taux afin qu’il n’y ait plus qu’un petit groupe de personnes qui paient les plus lourdes taxes, encourageant indirectement l’évasion fiscale.

Les conséquences régionales et internationales

Alors que les relations avec la Slovaquie restent toujours extrêmement tendues, une victoire du Fidesz et un bon score du Jobbik ne manqueraient pas d’avoir des conséquences sur les prochains scrutins printaniers en Europe centrale. Elle pourrait encourager les électeurs de la région a voté pour les mouvement d’extrême droite locaux, puisqu’il serait prouver que voter pour eux ne serait pas forcément un vote perdu. Ainsi éclaterait à la face de l’Union européenne le fossé qui existe entre les deux Europe et l’incompréhension qui sévit. Alors qu’en Occident, on y repait la population de démocratie et d’humanisme, ou oublie d’enseigner à des populations qui pour beaucoup l’ignorent ce qu’est justement la démocratie et le respect des différences de tout ordre et qui – on ne leur reprochera pas – sont d’abord préoccupées par un quotidien difficile. Les conséquences bientôt dans les urnes !





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