Les États-Unis réclament 14 milliards de dollars à Deutsche Bank


Par Rédigé le 05/10/2016 (dernière modification le 04/10/2016)

Les autorités américaines demandent à Deutsche Bank de payer une amende record de 14 milliards de dollars pour solder un différend immobilier remontant à la crise de 2008. Une telle pénalité financière serait la plus importante jamais infligée à une banque étrangère aux Etats-Unis, loin devant les 8,9 milliards réclamés à BNP Paribas pour avoir violé les embargos américains.


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Deutsche Bank est accusée, comme d'autres grandes banques, d'avoir vendu avant l'éclatement de la crise financière de 2007-2008 des crédits immobiliers convertis en produits financiers complexes baptisées RMBS à des investisseurs, tout en sachant qu'ils étaient toxiques. La révélation tombe au plus mal, en effet, en pleine campagne présidentielle, le climat est plutôt "anti-Wall Street" et pourrait ne pas servir les intérêts de la banque allemande.

Deutsche Bank a déjà mis de côté 5,5 milliards d'euros (soit 6,2 milliards de dollars) au 30 juin 2016, pour résoudre des litiges en cours, en anticipant que l’amende dont elle allait écoper pour le dossier des RMBS ne dépasserait pas plus de 3 milliards. Le titre boursier de la Bank a immédiatement plongé à la révélation de l’affaire. Il a dévissé de près de 8% dans les premiers échanges du vendredi 16 septembre 2016. Plusieurs mois de négociations sont à prévoir avec la justice américaine et le gouvernement allemand dit espérer une issue "équitable".

"Le gouvernement sait que les autorités américaines ont passé des accords de règlement similaires avec d'autres établissements de crédit", a dit la porte-parole de la Deutsche Bank, Friederike von Tiesenhausen au Wall Street Journal. "Le gouvernement s'attend à ce qu'à la fin de cette procédure une issue équitable émerge sur la base de l'égalité de traitement". Même si Deutsche Bank parvenait à réduire de moitié le montant d'un éventuel accord, ce règlement amiable resterait l'un des plus coûteux conclus par une banque avec les autorités américaines. En effet, JPMorgan Chase avait accepté en 2013 de payer la modique somme de 13 milliards de dollars pour mettre fin aux accusations américaines selon lesquelles elle avait exagéré la qualité des titres hypothécaires vendus à des investisseurs avant la crise financière de 2008. En 2014, c’est au tour de Bank of America de conclure un accord amiable sur un montant de 16,7 milliards de dollars dans un dossier similaire.

La négociation risque d’être tendue et Deutsche Bank, déjà mal en point, risque de devoir faire appel au marché pour une recapitalisation afin de maintenir ses ratios de solvabilité en règle pour le Régulateur. De longs mois de négociations avec la justice américaine en perspective…







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