"Les Sentiers d’Anahuac"


Par Rédigé le 15/11/2025 (dernière modification le 14/11/2025)

En octobre dernier paraissait cette bande dessinée de Jean Dytar et Romain Bertrand aux Éditions Delcourt/La Découverte. Elle nous ramène à 1539, une vingtaine d’années après la conquête de Mexico-Tenochtitlan par les troupes d’Hernán Cortés. L’empire aztèque s’effondre mais un franciscain et un jeune Indien veulent sauver sa mémoire.


Ce récit s’inspire d’un document véritable, le Codex de Florence, appelé aussi Codex florentin. C’est également le nom du manuscrit de l'Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne (Historia general de las cosas de nueva España, trois volumes divisés en 12 livres, réalisé sur place par le moine franciscain Bernardino de Sahagún, né Bernardino de Ribera à Sahagún en Castille vers 1499-1500 et mort à Tlatelolco près de Mexico le 5 février ou le 23 octobre. Le texte est en nahuatl, langue des Aztèques, et en espagnol avec des illustrations.

Le codex se trouve à la Bibliothèque Laurentienne de Florence, laquelle est située dans l'enceinte du monastère de la basilique San Lorenzo de la ville.

Il raconte la collecte des témoignages qui permettront de connaître les traditions, les croyances et la vision du monde des Aztèques. "Les sentiers d’Anahuac" sont également un hommage à cet humble religieux qui a consacré sa vie malgré les difficultés, à la conservation de la mémoire des Aztèques.

Romain Bertrand qui a collaboré à cette bande dessinée est directeur de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques, on le connaît par ailleurs pour ses travaux sur la rencontre de l’Europe et de l’Asie. Quant à Jean Dytar, agrégé d'arts plastiques, il a abandonné l’enseignement pour se se consacrer à la bande dessinée, Ses créations inspirées par l’histoire sont souvent basées sur des scénarios de spécialistes, on peut citer par exemple "La Vision de Bacchus",  "Florida" ou encore "#J’Accuse…!".

A eux deux, ils nous font plonger dans cet univers extraordinaire qu’ils évoquent avec finesse. En 1529, lors de son arrivée dans ce qui va s’appeler la Nouvelle-Espagne et dont le territoire recouvre le Mexique actuel, l'Amérique centrale et le sud des Etats-Unis, le franciscain Bernardino de Sahagún ne peut que regretter la destruction de la culture aztèque par les conquistadores. Et il va se lancer alors dans la rédaction de cette oeuvre gigantesque qu’est la transcription de la mémoire aztèque. Un jeune Indien, Antonio Valeriano, né après la Conquête et que Bernardino de Sahagún a remarqué pour son habileté en latin, va l’aider dans cette tâche, ce qui permet aussi à ce dernier de découvrir sa culture d’origine.

On est touché dans "Les Sentiers d’Anahuac" par la grande humanité des personnages que mettent en scène Bertrand et Dytar.
Leur ouvrage est accompagné d’un épilogue historiographique rédigé par Romain Bertrand, d’un glossaire des mots en nahuatl, en espagnol ainsi que d’une carte permettant de situer tous les lieux qui sont mentionnés.

On ne peut qu’en recommander la lecture, cette bande dessinée est exceptionnelle tant par sa rigueur scientifique que par la qualité de sa présentation graphique. Sans oublier l’hommage rendu à ce simple franciscain qui a sauvé de l’oubli une brillante civilisation.





Autres articles dans la même rubrique ou dossier: