Les fourberies du royaume de fantacio


Par Omar Chaalal Rédigé le 12/07/2020 (dernière modification le 12/07/2020)

Fantasio est une réflexion sur le pouvoir, pouvoir du roi et pouvoir du fou, réflexion qui était centrale dans les années 1830 en France. Cette comédie fut un mode de gouvernance chez nous sous le règne de Fakhamtouhou. Le chef de gouvernement joue le rôle du fou du roi pourvu qu’il fasse rire. Il cache son comportement mafieux par sa comédie de "fakakir".


Introduction

Royaume déchu (c) DR

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Mes nombreux voyages et mes racines berbéro-orientales me permettent de penser comme l’ancien voyageur musulman Ibn Batouta. J’ai traversé différentes régions d’Occident ou même du monde, j’ai vu différents peuples. Tous se ressemblent et je n’ai pas vu de barbares. J’ai constaté que la manière d’approcher les humains est profitable si on s’éloigne de calculs politiques étriqués et d’opinions toutes faites. J’ai constaté que pour conserver une place décente dans le monde d’aujourd’hui, dominé par la langue anglaise, il faut s’armer de patience et avoir confiance dans les jugements d’autrui. Pour justifier le contenu de mon texte, je me réfère à l’expert en stratégie américaine Michael Kami "Ce ne sont pas les sociétés qui font des erreurs, ce sont leurs dirigeants".

 
 

La rationalité critique

Pour réussir une carrière politique, une vision sans actions concrètes n’est qu'un leurre. Elle nous conduit à l’erreur. De la même façon, dans une action politique, la raison est le meilleur garde-fou contre l'erreur et l'illusion. Par conséquent, pour une politique transparente, le leader doit utiliser la rationalité critique. Il doit l'exercer minutieusement à propos des erreurs et des illusions des tendances politiques. Une bonne gouvernance consiste à vérifier les hypothèses établies pour diagnostiquer les défaillances du système. Cette rationalité redonne à l’Histoire d’une nation sa vraie valeur et évite les mensonges.

L'Histoire est un sujet sérieux même si elle n'est pas considérée comme une science exacte. Elle n’est surtout pas une dissipation de mensonges comme le pense un ex-guillotineur français en Algérie, nommé Soroka. Lisons ce que le général Charles Bocher a écrit dans la relation de ses souvenirs de famille parus dans Revue des Deux Mondes. "L’administration française de Biskra ne fut informée que très tard des menées de Cheikh Bouziane, et lorsque le mal était déjà fait. M. Soroka, officier adjoint du bureau arabe, s’efforça aussitôt de dissiper les mensonges. Il visita les villages pour s’assurer de l’esprit de la population; il trouva tout tranquille, mais il remarqua que l’on parlait beaucoup de l’homme de Zaatcha, qu’il avait vu le prophète, on crut pouvoir enlever sans retard Bouziane qui pouvait soulever toute la population. Il entra dans Zaatcha avec quelques spahis, et enleva Bouziane, mais le matin même, la guerre sainte avait été proclamée du haut du minaret; il était déjà trop tard et le marabout ne fut que quelques instants en notre pouvoir.


Un temps dit modern

Aujourd’hui, nous vivons une époque dite moderne. Dans ce temps très rapide, nous croulons sous un flot d’informations. Nous sommes vraiment emportés par un vortex d’évènements qui nous fait oublier le sens de ce que nous disons. Ce tourbillon brouille et déséquilibre nos idées. Nous sommes transformés en robots sans âme et sans conscience. Les instructions civiques et religieuses n’ont plus d’impact sur des robots sans cœur. Toute notre vie se transforme en une immense accumulation de dires et d’écoutes. Le vrai se mélange au faux.

Le jeune, homme élégant et fidèle à sa culture de jadis, se transforme en un être désordonné sans horizon. Son esprit et ses yeux attachés à un smartphone et son pantalon détaché et sans ceinture enjolivent la civilisation de son temps. Par contraste, le vieux, une fois en gandoura représente un imam hypocrite. Et une autre fois en costume bleu de Shanghai un marin sans canoë et sans vagues. Aujourd’hui, rien ne semble pouvoir expliquer la défiance des esprits. Le monde est devenu fou avec des leaders quelque peu déséquilibrés. Un détraqué envoie un message imagé se moquant des crânes de nos martyrs. Un autre un peu moins détraqué ne fait pas la distinction entre crânes et cerveaux. Ignorant la religion d’autrui, il prend les moineaux pour de petits moines et chante les louanges de celui qui le pousse vers le haut! Jérusalem n’est plus Jérusalem disait un juif errant, mécontent et déclassé socialement.


Un syndicat mi-halal

Les mosquées ont syndicat mi-halal et les écoles tournent en rond sur une piste de syndicats pirouettant. L’autorité publique et la parole des journalistes ne sont plus efficaces. Lesdits démocrates ou chefs de partis cocottes, prétendent nous séduire ou nous convaincre, nous motiver et nous aider à accepter le changement. Ils essayent de nous apprendre à nous comporter dans les situations qui les arrangent. Leur hypocrisie passe pour être excessive et devient une seconde nature. Ils agissent avec la pire fourberie. Ils emploient les moyens les plus bas pour gravir l’échelle du système de Monsieur De Grâce. C’est ainsi qu’un tambourineur atteint le sommet du système sous les applaudissements et les youyous. C’est ainsi qu’un vaguemestre de la Sonelgaz des années quatre-vingt, devient ministre de l’Energie. C’est ainsi que notre pétrole brut se dirige vers l’Italie pour y être raffiné dans un récipient rouillé acheté aux Puces de Milan. C’est ainsi qu’un curé malin se transforme en imam chez les Ouak-Ouak.

Dans le labyrinthe du pouvoir

Suivez-moi dans le labyrinthe pour découvrir nos délires. Il fut un temps où le cimetière était le lieu de rencontres des hommes du système. La première fois où j’ai rencontré le tombereau du système, Sidi Saïd, c’était aux funérailles de Ridha Malek le 30 juillet 2010. Il se dirige vers moi, me tend la main et m’embrasse comme si je le connaissais d’Eve et d’Adam. Profitant de cette rencontre inattendue et bizarre, je lui donne un léger coup de poing au ventre en lui disant "Les syndicalistes dans le monde n’ont pas le ventre bombé. Ils ont le ventre creux et sont minces". Sidi Saïd réalise qu’il avait commis une erreur. Il ne me connaissait pas. Peut-être m’avait-il pris pour une autre personne qu’il connaissait. Il me demande "à qui ai-je l’honneur?" Je lui chuchote à l’oreille mon nom et ma fonction. Se sentant dans l’embarras, il me quitte tête baissée et se dirige vers Saïd Bouteflika et Ali Hadad pour former un trio de rigoleurs.
 

L'histoire se répète sous d’autres formes. Les images du président Tebboune reviennent en tête. Des images au même endroit au cimetière El Alia à Alger. La première image date des funérailles de Ridha Malek. L’image montre le trio des rigoleurs Sidi Saïd, Saïd Bouteflika et Ali Haddad. Tayeb Belaiz sépare le trio de Tebboune. Ce trio rigolait comme si on assistait à une cérémonie de mariage. Aucun respect pour les morts ni pour le chef de gouvernement. La deuxième image est récente. Elle date du 5 juillet courant. L’image montre Monsieur Tebboune seul maître à bord avec un apparent respect pour les martyrs résistants. Le trio figure dans le passé obscur et Tebboune regarde la nouvelle Algérie avec grand espoir.
 

Hélas! La déception ne vient jamais des autres, elle n’est que le reflet de nos erreurs de jugement disait Vincent Gury. Comme autrefois, comme toujours, on ne peut séduire un peuple que par la force du savoir, la constance dans la patience, le sérieux et l’honnêteté. Après 150 ans de spectacle dramatique et sombre au sous-sol du musée de l’Homme de ladite capitale des Lumières, les crânes de nos aïeux retournent aux origines. Cette fois-ci la scène est lamentable. L’Algérie enterre ses crânes et la France tourne sa conscience vers ses crimes!
 

Le temps des résistances glorieuses s’est éloigné.Parlons du temps de la décadence, l’ère des rigoleurs, qui est très récente. Tout le monde parle du système politique des rigoleurs et personne n’a pu le définir correctement. Sous le règne de Bouteflika, je peux définir le système comme une suite d’erreurs, de fourberies et d’abus de toutes sortes. C’est en s’interrogeant sur les erreurs et en étudiant le labyrinthe des fourberies du système politique qu’on peut mieux comprendre les raisons de notre crise politique.
 

La monumentale erreur politique que les partis du système ont commise, est d’avoir accepté qu’une personne physiquement et intellectuellement incapable gère une nation aussi importante que l’Algérie. On dit que l’aveuglement du pouvoir enfante le chaos et conduit à l’absurdité. Eh bien, les faits sont là, nous avons accepté l’absurdité politique, une absurdité complexe et à plusieurs facettes. Fouad Bouchareb, coordinateur de l’instance dirigeante du vieux parti a surpris le monde des croyants en qualifiant Abdelaziz Bouteflika d’envoyé de Dieu ou d’"Al Mehdi Al Mountadhar" en arabe soudanisé. Il confirme son absurdité avancée en disant que Dieu envoie dans chaque contrée des réformateurs. Le désordre spirituel de cet être bizarre le pousse à dire qu’en 1999, Allah a envoyé le président Abdelaziz Bouteflika pour réformer la nation algérienne. Bull-shit américain! Bouchareb ne respecte ni la religion ni la société. Un autre farfelu à facette prismatique insulte le peuple en trois mots. Je ne crée pas les histoires. je ne fais que rappeler les stupidités de notre passé.
 

Dans le cirque de rigoleurs tous les seconds rôles de la politique font des déclarations. On se souvient de celle, étrange, de Sidi-Saïd en 2014, dans un meeting à Arzew "Bouteflika est un prophète". Dans le labyrinthe politique, notre système de santé reflète Amar Tou, ministre de la Santé et agresseur des journalistes. Je vous rappelle que la journaliste agressée a eu le courage de dénoncer les anomalies et le laisser aller dans les hôpitaux. Au lieu d’être félicitée, elle est giflée en public par ce déséquilibré. La série des fourberies du système passe par le blagueur Sellal et se termine par monsieur arrogance Ouyahya. Dieu merci le hirak a mis fin à ce folklore.


Conclusion

Selon Weber, il y a deux façons de faire de la politique. Ou bien on vit la politique ou bien on vit de la politique. Dans notre marmelade politique, les gens vivent de la politique. C’est ainsi que Saïd adolescent a profité des meilleurs établissements de la capitale. Primaire et secondaire chez les Pères blancs à l´école Saint-Joseph, lycée chez les Jésuites. Transformé en petit homme conseil, en 1999, par son frère, il confisque le pouvoir en 2010 et transforme la République en principauté délirante avec l’aide de ses maitres Jésuites.





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