Les savons au naturel


Par Rédigé le 14/12/2018 (dernière modification le 13/12/2018)

En 2012, Jean-François Renault - dit "Jeff" - quitte Paris. L'informaticien s'installe en Bretagne. Un changement de cap qui naît d'une passion... pour le savon. Jeff ouvre une savonnerie artisanale à Saint-Cast le Guildo, dans les Côtes d'Armor. Depuis, c'est là qu'il produit chaque année 9.000 savons naturels. Des recettes qui ont fédéré une clientèle d'habitués.


Jean-François Renault est à la tête de Savondou (c) Cindy Giraud.

Savondou.mp3  (2.27 Mo)

Savondou est une entreprise à taille humaine. La salle de production est installée dans la maison que le savonnier possède au centre du petit bourg du Guildo. Pour ses savons, le maître des lieux met un point d'honneur à produire du qualitatif.
"C'est en 2011, en engageant une démarche de remise en cause personnelle de nos habitudes de consommation, que j'ai découvert la saponification à froid. Quand je me suis interrogé sur les produits d'hygiène, je me suis dit, si je devais garder un seul produit, quel serait-il? Le savon", constate alors Jeff.

L'informaticien, plutôt curieux, s'intéresse alors à la méthode de saponification à froid. Autodidacte, il cherche, teste, et se lance dans la fabrication de ses premiers savons, qu'il écoule autour de lui. Avec le sourire, Jeff reconnait que certains l'ont pris pour un doux dingue.
"Peu importe. Les retours sont bons. J'avais créé un savon doux, différent. J'ai suivi un stage de huit jours pour me confirmer dans ce choix, raconte le savonnier, qui six ans plus tard, commercialise une gamme de sept savons aux propriétés spécifiques ainsi que quatre baumes dits précieux, aux huiles. J'ai toujours voulu créer des produits sains pour l'environnement et pour l'homme. Mes savons et baumes n'agressent pas la peau. Et ça change la vie".


Privilégier la vente directe

Le savonnier commercialise 85 à 90% de sa production en direct, sur les marchés et salons, ou en ligne. Quelques boutiques bio proposent également la marque.
"La vente en direct, c'est aussi du lien social. Mes clients ne sont pas que des consommateurs, ce sont aussi des êtres humains, souligne-t-il. Sur les marchés, les gens prennent encore le temps de discuter. Les grandes surfaces ont, je crois, quelque chose de déshumanisant. La vente directe me permet d'expliquer mon produit, d'être transparent. Il faut rétablir la confiance".

Jeff travaille sur une recette de déodorant-crème qu'il espère proposer d'ici le printemps. Une nouvelle offre, là encore, à base de matières premières naturelles. Trois nouveaux savons pourraient prochainement rejoindre la gamme.
"Je fais ce que je crois juste. J'ai travaillé sur une recette de dentifrice. Mais j'ai laissé tomber. C'est une autre responsabilité. Je me suis dit que je sortais de mon domaine de compétence".

Le savonnier ouvre régulièrement ses portes à l'occasion d'ateliers de fabrication de savon. Jean-François explique que les gens sont souvent surpris quand il explique que tout est fait à la main.
"C'est quand ils viennent ici qu'ils visualisent. Je suis dans une démarche de transparence, de partage et de sensibilisation au naturel".

Le respect du processus

Jeff réfléchit d'ailleurs à des créneaux de visite de sa savonnerie dès l'été prochain. Le succès est là, pour autant, l'ex-informaticien ne veut pas s'emballer, préférant rester dans un fonctionnement qu'il maîtrise.
"Ma démarche est qualitative. La saponification à froid demande du temps. Je respecte le processus, afin de ne pas altérer les huiles. Je n'ai pas augmenté le volume de ma production et j'ai également refusé certaines sollicitations. Mais j'ai développé d'autres produits".

L'entrepreneur produit l'hiver, de février à avril, puis en septembre et octobre, afin de réajuster sa production, en fonction de ce qu'il a écoulé sur les marchés d'été. En effet, ses savons nécessitant cinq semaines de cure, le savonnier ne doit pas en manquer.
Savondou poursuit son chemin. L'homme à la barre, lui, ne regrette pas un instant son choix. Il estime avoir largement gagné en qualité de vie.

Pour retrouver Jean-François Renault







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