Liban: un président après deux ans et demi de vide institutionnel


Par Rédigé le 08/11/2016 (dernière modification le 07/11/2016)

L’ancien général chrétien Michel Aoun, âgé de 81 ans, a été élu président le lundi 31 octobre 2016 par un vote du parlement.


Michel Aoun. Photo (c) Imadmhj

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Le chrétien maronite a pu compter sur le soutien de son allié, le Hezbollah, mouvement chiite influent qui soutient le régime de Damas. Si le vote de Hassan Nasrallah et de son parti était assuré, l’appui des adversaires politiques de Michel Aoun était moins attendu. C’est ainsi que le nouveau président obtient le vote du chef chrétien des Forces libanaises, Samir Geagea, et celui du sunnite Saad Hariri, Premier ministre, alors que l’un et l’autre sont opposés au Hezbollah et au président de la Syrie, Bachar Al Assad.

L’institution de l’État est actuellement réservée aux trois communautés religieuses majeures et se répartit comme tel: la présidence de la République à un chrétien maronite, celle du Parlement à un musulman chiite et le poste de Premier ministre à un musulman sunnite. La division politique et religieuse a nui au Liban, laissant l’état dans le vide institutionnel pendant plus de deux ans.

C’est un compromis inespéré entre des entités politiques qui ne s’entendent généralement pas sur le moindre dossier. Il s’agissait de la 46e réunion organisée pour élire un président, et celle-ci en particulier, a porté ses fruits. Précédemment, les 45 tentatives d’élire un chef de l’État n’avaient pas abouti à l’objectif visé. À chaque fois, les 20 élus du bloc parlementaire de Michel Aoun et les 13 députés du Hezbollah ont boycotté les séances électorales.

Dans ce contexte délicat, le président joue un rôle de négociateur afin de maintenir l’équilibre fragile entre les diverses communautés.

Les préjugés ont été dépassés et cette surprenante conciliation aurait finalement eu lieu pour des raisons légitimes: Saad Hariri, nommé Premier ministre par le président, le jeudi 3 novembre 2016 - il avait déjà occupé la fonction de 2009 à 2011 -, explique que "c’est une décision qui découle de la nécessité (…) pour préserver le système politique, renforcer l’État, relancer l’économie, prendre nos distances avec la crise syrienne".







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