Matricule 89708: l’œil féminin de 39/45


Par Rédigé le 14/02/2016 (dernière modification le 18/02/2016)

L’écriture du scénario vient de s’achever. Les mémoires de Roger Grégoire, évadé des camps allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, verront prochainement le jour sur grand écran. Le tournage prévu pour 2017 est attendu entre la France, la République tchèque et la Slovaquie. Ce film se présente comme un hymne à l’humain, aux hommes mais aussi aux femmes de cette période sombre. Il rend hommage à l’histoire vraie d’un homme traqué et de ceux qui ont croisé sa route, une fiction sur la guerre qui n’oublie pas la condition féminine.


La renaissance de Roger

Photo (c) Jérôme Decourcelles

Interview Jérôme Decourcelles.mp3  (1.69 Mo)

1988 - Stéphane Grandjouan reçoit les mémoires de son grand-père, évadé des camps durant l’hiver 1941-1942. Sur les conseils de son ami comédien Alexis Desseaux, il rêve d’en faire une adaptation cinématographique. Il crée alors un scénario avec David Kruger à partir des écrits de son aïeul qu’il nomme "Matricule 89708". Puis avec l’aide d’un autre amoureux de l’écriture, le scénariste Jérôme Decourcelles, ils réalisent leur version définitive. Ainsi l’aventure commence. Le projet est endossé par la prometteuse réalisatrice slovaque Zuzana Mariankova. Au-delà d’un hommage familial, cette production mettra à l’honneur les femmes de la résistance. C’est pourquoi ce film se dévoile comme particulièrement innovant dans le genre du film de guerre.


Une guerre d’hommes et de femmes

Photo (c) Jérôme Decourcelles
Plongés dans une fuite haletante, les personnages de Roger (Quentin Santarelli) et René (Peter Lamarque) lient une amitié sans faille. Ensemble ils se cachent de foyer en foyer rencontrant des femmes de l’ombre durant leur périple. Un road movie à pied où les refuges se font rares. Les héros se retrouvent alors dans la nécessité d’accorder leur confiance à des inconnues. Jérôme Decourcelles revient sur la position des femmes pendant la guerre: "Matricule 89708 est un film humain, un film d’Hommes avec un grand "H". J’aime parler de ces femmes qui ont participé activement à la guerre, qui allaient à l’usine et commençaient à s’émanciper. J’ai même ajouté deux personnages féminins". Ce long-métrage est un témoin de la femme dans sa maturité au même titre que l’homme. Le personnage de Sœur Hélène par exemple, responsable d’un réseau de résistance, se révèle particulièrement remarquable. Des figures plus anonymes comme celle de la mère, de l’enfant ou encore de la jeune fille, marquent aussi indéniablement les écrits de Roger. Ainsi toutes ces femmes jouent un rôle essentiel dans cette évasion. Néanmoins il ne s’agit pas d’un film féministe, l’ambition est plus grande. Les initiateurs du projet veulent mettre en relief ces rapports humains où les hommes et les femmes de tous âges et de tous milieux se soudent contre l’adversité. Ces individus doivent se faire confiance envers et contre tout: l’unité de ceux qui vivent la guerre ensemble.

Une mise en scène de femme

L’œuvre menée de front par la réalisatrice Zuzana Mariankova, jeune femme de 24 ans slovaque et francophone, promet de rendre honneur à la mémoire de Roger Grégoire. Forte de son expérience de terrain, elle est plusieurs fois récompensée pour ses productions cinématographiques. Du meilleur film à la meilleure réalisation en passant par le meilleur montage, l’artiste a reçu pas moins de 11 prix pour ses dernières créations entre New-York et la Slovaquie. De quoi assurer à "Matricule 89708" un avenir prospère.

Les femmes dans la résistance, archive vidéo INA






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