Mayotte: l'Intersyndicale refuse de signer l'accord de sortie de crise


Par Rédigé le 15/11/2011 (dernière modification le 14/11/2011)

L'Intersyndicale CGTMa, CISMA/CFDT, CGC/CFE ainsi que les associations des consommateurs de Mayotte (ASCOMA) et le Collectif des Citoyens perdus ont refusé jeudi 10 novembre de signer l’accord de sortie de crise devant mettre fin à la grève générale contre la vie chère déclenchée il y a 45 jours dans le 101e département français de l’Océan indien.


Denis Robin, négociateur (en chemise en premier plan) et Thomas Degos, préfet de Mayotte (en costume cravate) jeudi 10 novembre à la Case Rocher (c) Service de communication de la préfecture de Mayotte
L’intersyndicale exige des garanties, notamment sur la durée des mesures restreignant certains prix.
La cérémonie de signature de l’ accord de sortie de crise devait se dérouler à 9H00 (7H00 à Paris) à la Case Rocher, bâtiment officiel en Petite Terre. Les représentants de la préfecture et du gouvernement, les membres du MEDEF et les patrons de la grande distribution étaient présents mais l’intersyndicale n’est pas venue au rendez-vous.
Mayotte a vécu au cours de ce mouvement, déclenché le 21 septembre, des grèves, des blocages des activités socio-économiques et des violences. Un manifestant est mort et un adolescent a perdu un œil.

Le projet d’accord de sortie de crise prévoit une baisse des prix de la viande de bœuf (-10%), du sable de construction (35 euros la tonne sur toute l’étendue de l’île) et un maintien de celui du gaz , principaux points de crispation, jusqu’en mars 2012.
L’intersyndicale et les associations des consommateurs avaient estimé, deux jours auparavant, mardi, qu’elles avaient obtenu des "avancées". Elles avaient par ailleurs décidé de suspendre la grève.
L’accord a été négocié notamment par le médiateur gouvernemental Denis Robin, ancien préfet de Mayotte, arrivé il y a une semaine pour sortir l’île d’une impasse qui a plongé la fragile économie de Mayotte dans le marasme.
Dans une déclaration prononcée devant la presse à la Case Rocher, le médiateur Denis Robin a indiqué que sa mission était terminée et qu’il laissait le protocole entre les mains du préfet de l’île, Thomas Degos.
Il a souhaité que ce texte soit "signé rapidement", même s’il "ne va pas aussi loin que ce qu’attendaient les organisations syndicales", "mais les avancées sont réelles" et le compromis est "équilibré".

Il a annoncé que la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard présentera prochainement aux grands élus mahorais un plan de relance visant au redémarrage de l’économie de l’île.

Boinali Said, secrétaire général de la CISMA/CFDT, porte-parole de l'intersyndicale a souligné qu’il n’est pas acceptable qu’on baisse les prix pour trois mois seulement. "Nous n’avons pas de garantie de la sécurisation des prix" a-t-il expliqué, en demandant "dans la durée, le gel des prix".
"Nous voulons que les éléments de structure qui font la cherté de la vie soient dévissés. Le monopole, par exemple. Un seul importateur de viande impose le prix comme il entend", a également déclaré Boinali Said.
"Comment voulez-vous que le conflit cesse alors que nous n’avons traité que des urgences?", a lancé le porte-parole de l’Intersyndicale, évoquant un "cadre de négociation sur 350 produits".
L’intersyndicale insiste bien sur le fait que la grève générale est SUSPENDUE et non pas terminée.





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