Modifications cutanées de la grossesse

Communication de notre partenaire WIM*


Par Dr Claudette Brunner / WIM Rédigé le 05/03/2015 (dernière modification le 05/03/2015)

Durant la grossesse, la peau subit de nombreuses modifications physiologiques. Elles sont observées chez la plupart des femmes enceintes mais avec une intensité variable d’une femme à l’autre et même d’une grossesse à l’autre chez une même femme. Les troubles de la pigmentation sont les principales modifications observées suivis des modifications vasculaires. Ces manifestations doivent être connues; la plupart sont bénignes et le plus souvent transitoires.


Modifications de la pigmentation durant la grossesse. Photo (c) Dr. Michael Hughey

Modifications cutanées de la grossesse.mp3  (257.76 Ko)

Les manifestations cutanées entrainées par la grossesse (ou signes physiologiques cutanés de la grossesse) atteignent quasiment toutes les femmes avec une intensité variable selon les cas. Ces manifestations traduisent l'importance de l'imprégnation hormonale (œstroprogestative) cutanée durant la grossesse.
La plupart des modifications corporelles sont facilement reconnues par la femme et son entourage et intégrées sans problème dans le vécu personnel, familial et social de la grossesse. Certaines d’entre elles peuvent néanmoins motiver un avis médical. Ceci survient lorsque ces modifications entrainent des signes fonctionnels inquiétants, lorsqu’elles sont affichantes ou lorsqu'elles ne sont pas reliées par la patiente à sa grossesse.

Les modifications pigmentaires apparaissent chez 85 à 90% des femmes enceintes. Elles sont intenses et plus durables chez les femmes à peau mate. La pigmentation du mamelon concerne 40% des gestantes. Elle atteint le mamelon et l’aréole mammaire. La pigmentation peut également atteindre le sein lui-même autour du mamelon, prenant alors un aspect inhomogène ou réticulé. La plupart du temps cette pigmentation diminue après l'accouchement. La pigmentation axillaire ou inguinale est plus rare. Le mélasma ou masque de grossesse est une pigmentation acquise du visage, en général symétrique, en nappes inhomogènes à contours irréguliers. Il prédomine sur le front, les tempes et les joues (zones malaires et mandibulaires) et concerne 50 à 70% des femmes enceintes. Il survient le plus souvent à partir du troisième mois, chez les femmes à peau mate, en période ensoleillée. Son étiologie est multifactorielle: rôle de l’exposition solaire, influence du phototype, action mélanostimulante des hormones (œstrogènes et progestérone). Il régresse progressivement après l’accouchement, de façon inconstante en 6 à 18 mois. Son caractère affichant motive fréquemment une demande thérapeutique. Le traitement doit être débuté à distance de l’accouchement, en l’absence de régression depuis plusieurs mois.
Il est indispensable que la photo-protection du visage soit prescrite à toute femme débutant une grossesse afin de limiter son risque d’apparition. Les nævus subissent également l’influence hormonale et foncent pendant la grossesse. Aucune étude n’a montré de rôle favorisant de la grossesse sur la transformation maligne des nævus. Cependant, chez la femme enceinte, comme chez tout patient, il faudra pratiquer l’exérèse de tout nævus suspect afin de pratiquer un examen histologique. C’est un geste simple effectué sous anesthésie locale, au cabinet, sans conséquence materno-fœtale.

Les vergetures concernent 60 à 70% des femmes enceintes. Elles atteignent par ordre de fréquence l’abdomen, les cuisses, les seins, les hanches puis les fesses. Elles surviennent plus fréquemment lors de la première grossesse (primigestes) chez des femmes jeunes mais on ne peut prédire quelles sont celles qui y seront sujettes. Une prise de poids modérée n'est pas une garantie contre leur apparition. Elles résulteraient principalement d’une atteinte des cellules fibroblastiques sous l’influence des facteurs hormonaux et de la distension mécanique. Aucune étude n’a fait la preuve de l’efficacité d’un médicament quel qu’il soit en prévention.

Les modifications vasculaires atteignent 50 à 70% des femmes enceintes et prédominent sur la partie supérieure du corps, en particulier le thorax et le visage. 75% des lésions régressent dans les trois mois suivant l’accouchement. Quand elles persistent, elles peuvent être traitées par laser vasculaire. L'érythème palmaire atteint 30 à 60% des femmes enceintes. Il débute habituellement au 2e trimestre de la grossesse et peut s‘accompagner de sensation de brûlures et de prurit. Il régresse après l’accouchement.
Les varices sont fréquentes, atteignent les membres inférieurs, la région périnéale et plus rarement la vulve. Les patientes se plaignent de douleurs, de sensation de lourdeurs et de crampes. L'importance des signes n'est pas corrélée à l’importance des varices. Le traitement repose sur la contention élastique, l’adaptation posturale des activités physiques et l’hygiène de vie. Les varices des membres inférieurs survenant au cours de la grossesse peuvent régresser totalement dans les trois mois suivant l’accouchement. Les varices vulvaires disparaissent habituellement en quelques jours dès l’accouchement et ne nécessitent pas de traitement.

L’évolution de l’acné au cours de la grossesse est imprévisible. Néanmoins il est incontestable que des poussées d’acné puissent apparaître ou s’aggraver pendant la grossesse. La prise en charge thérapeutique doit intégrer les contre-indications dues à la grossesse.
Les traitements autorisés sont les sels de zinc le peroxyde de benzoyle, les alpha hydroxyacides et les antibiotiques locaux.

Les ongles sont plus brillants et plus cassants. Leur pousse est accélérée. Les cheveux subissent également l’influence hormonale. Le cycle pilaire se modifie avec une croissance plus importante des cheveux. La femme enceinte a souvent l’impression que ses cheveux sont plus beaux. Après l’accouchement, le retour à un état normal entraine souvent une chute de cheveux (effluvium télogène) 4 à 20 semaines après l’accouchement. Elle peut être très intense et spectaculaire, mais la repousse est totale en 6 à 15 mois. Les patientes doivent donc être rassurées et le plus souvent aucun traitement n’est réellement nécessaire.

Pendant la grossesse, on note également l’augmentation du nombre de kératoses séborrhéiques et de molluscum pendulum (souvent confondus avec des nævus).
La majorité des femmes voient leur peau subir des modifications. Elles sont physiologiques et d'une intensité variable d’une femme à l’autre. La plupart sont bénignes et le plus souvent transitoires.

Dr Claudette Brunner
Dermatologue, Monaco
* wim.mc






Autres articles dans la même rubrique ou dossier: