Mort et vie sur le théâtre


Par Ibrahim Chalhoub Rédigé le 09/02/2012 (dernière modification le 08/02/2012)

Les points de ressemblance entre un jeu théâtral et le rêve sont très nombreux, mais avec Raymond Jbara l’inconscient s’affirme aisément. C’est une satire comique qui mélange les différents aspects de la vie du metteur en scène dans sa lutte contre les multiples difficultés de la société libanaise assez complexe. Voici un regard à partir de la dernière pièce théâtrale "La tuerie de Inna et de ses sœurs" et à travers une entrevue avec l’acteur Rifaat Torbey.


Sur la scène de l’inconscient! Photo (C) Ibrahim Chalhoub

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Durant son introduction, l’acteur Gabriel Yammine se présente aux spectateurs dans la salle ovale de l’université Notre Dame de Louaize avec un visage plein d’expressions pour tisser la relation entre ceux qui font l’action et les autres qui la reçoivent activement pendant une heure 15 minutes.

Suite à ce premier rapport, l’acteur crée une relation affective avec l’audience en montrant son incapacité de leur faire rire avec des sketchs comiques mais plutôt grâce au paradoxe des situations tristes qui cherche à réduire la tension à travers le rire. Ce plombier a été convoqué par l’école parce que son fils a souillé ses habits en classe.
Il doit attendre dans le bureau de la secrétaire, l’actrice Julia Kassar, avec le docteur Moukayar qui vient de l’autre bout de la société. Ce rôle difficile, joué par le comédien Rifaat Torbey, représente le scientifique et l’élitisme qui refuse tout rapport d’égalité avec les autres.
C’est un théâtre qui présente des personnalités détruites qui souffrent dans leurs rapports avec le pouvoir de l’église d’une part et de la police de l’autre part, a dit Rifaat Torbey. C’est une structure formée par des idées interconnectées dans lesquelles une condensation d’images se matérialise devant les spectateurs qui se croient en train de passer à l’acte dans leur rêve chacun suivant sa propre conception. Vous pouvez aussi remarquer la différence des expressions des spectateurs que produit chaque scène.

Ce miroir reflète les fantasmes de l’audience. Il fallait voir les yeux grands ouverts qui regardaient la secrétaire en train de séduire le plombier. Les spectateurs de Raymond Jbara ne sont pas les éduqués mais plutôt les émotionnels qui viennent vivre, avec le metteur en scène, une critique de cette classe sociale qui se croit plus importante que les autres humains.
C’est une vie dans laquelle le plombier meurt à chaque fois que son épouse appelle pour lui rappeler des difficultés qu’ils vivent chez eux. Mais le dernier appel a mis la cerise sur le gâteau – c’était le représentant de la banque qui annonçait, depuis la maison du pauvre homme, que la famille doit chercher un autre refuge le soir même.
Mais quand le docteur parle les autres doivent se taire. Maintenant le plombier ne veut plus rien entendre. Et d’un coup, il tue le docteur.
C’est le silence… c’est la mort après une vie pleine de symptômes hallucinatoires pour l’un et de difficultés sociales et financières pour l’autre, aussi bien que de manque d’amour pour le troisième personnage.

Diaporama de la pièce ci-dessous.

Photos (C) Ibrahim Chalhoub
Musique “The vastness of the cosmos” from the album “Come with me” by Stranger’s Moment’s





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