Rwanda: des drones, signe de progrès ou juste une expérimentation?


Par Rédigé le 26/10/2016 (dernière modification le 25/10/2016)

Depuis le 14 octobre 2016, le Rwanda a mis en circulation des drones livreurs de vaccins et de sang pour sauver des vies. Une base a été mise en place dans le sud du pays, à Muhanga, à 50 kilomètres de la capitale Kigali. Le projet va permettre de distribuer des médicaments dans vingt-et-une cliniques situées en zone rurale. Une première au monde pour la société Zipline.


Exemple d'une drone. Photo (c) Julianne Showalter

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L'arrivée de drones au Rwanda marque-t-il un progrès dans ce pays qui tente de se reconstruire après le génocide de 1994? Ou s’agit-il tout simplement d’une expérimentation qui s’y opère, dans l’intérêt des inventeurs de ces engins? Est-ce une priorité pour ce petit pays où une grande partie de la population n’a ni eau potable ni électricité?

La mise en œuvre de ce projet, est le fruit d’un accord signé entre le gouvernement rwandais et une firme américaine, Zipline. C'est la première expérimentation concrète dans le monde entier, une grande innovation en pratique, rapidité et efficacité. Le Rwanda deviendra ainsi le premier à utiliser un système autonome pour livrer des poches de sang. Pour assurer l’acheminement du sang et des vaccins, Zipline va travailler avec la compagnie internationale de livraison, UPS (United Parcel Service).

Âgé seulement de 28 ans, et récemment diplômé de l’université de Havard, le Directeur général de Zipline, Keller Rinaudo annonce que ces drones ont une capacité de livrer 65.000 poches de sang par an, au Rwanda. D'après UPS, ce projet devrait dégager 800.000 dollars américains. Les acteurs sont convaincus d’avoir une chaîne d’approvisionnement efficace qui augmentera les chances de sauver des vies. Ils s'engagent activement avec des organisations à travers le monde pour aider lorsque les chaînes d’approvisionnement sont inefficaces et brisées. Eduardo Martinez, président de la Fondation UPS indique qu'en travaillant en partenariat avec des agences des Nations Unies et les ONG (organismes non gouvernementaux), ils apprennent aussi beaucoup sur la façon d’opérer sur les marchés émergents, et que cela aide dans les affaires.


Le Rwanda va-t-il servir d'expérimentation?

Avec ce projet, Zipline est en mesure d'assurer 150 livraisons de sang par jour, à partir de sa base centrale vers l’ouest du Rwanda. Environ 20 installations de transfusion dans un rayon d’une soixantaine de kilomètres recevront les poches. Pour Zipline, c'est un défi énorme pour donner un coup de pouce à cette technologie aux États-Unis.

Beaucoup d’opérateurs commerciaux aux États-Unis attendent plus d’autorisation de l'agence gouvernementale chargée des règlementations et des contrôles concernant l'aviation civile aux États-Unis, FAA (Federal aviation administration). Cependant la FAA souhaite d'abord avoir plus de données et de résultats du projet. Le cas du Rwanda pourra certainement servir d'expérience.

Il va de soi, que pour les responsables de Zipline, l’une des meilleures façons pour faire décoller cette technologie aux États-Unis, est d’opérer dans un pays où ils peuvent essentiellement répondre à un besoin très clair. D'ici quelques années, ils pourront préconiser le projet réalisé à la FAA. Le Directeur de la firme Keller Rinaudo fonde ses espoirs sur la réussite de la mise en œuvre de sa technologie au "pays des mille collines."

Les drones sont-ils aujourd'hui une priorité au Rwanda?

Personne ne conteste le rôle positif que peuvent jouer ces drones dans un pays. Cependant, une question se pose pour le cas de ce pays dont la population souffre énormément à cause d'autres problèmes plus urgents. Le Rwanda est un petit pays de 26.338 km², enclavé entre la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi et la RDC (République Démocratique du Congo). Il s’arroge la 22e place du classement des nations les plus pauvres du monde.

D’après la Banque mondiale, le PIB de l’habitat est de 742.90€ par an. Une grande partie de la population éprouve des difficultés d’accès à l’eau potable. L’électricité reste insuffisante dans le pays, et les prix sont à la hausse pour la plupart des produits sur le marché. En outre, actuellement il y a un problème sérieux de famine qui touche principalement l’Est du pays. Certains mangent à peine une fois par jour. C’est la raison pour laquelle, d’aucuns se demandent si, au regard de ces urgences, l’investissement dans ce projet de drones était véritablement une priorité.







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