SYRIE: Libérer tous les prisonniers d’opinion

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Par J.N.B.L. Rédigé le 15/03/2011 (dernière modification le 15/03/2011)

Haytham al Maleh a recouvré la liberté mardi 8 mars, un jour après que le président Bachar el Assad a décrété une amnistie pour plusieurs catégories de détenus, notamment les prisonniers âgés de plus de 70 ans, atteints de maladies incurables ou accusés de délits mineurs.


Illustration (c) Ifpo
Amnesty International exhorte les autorités syriennes à libérer tous les prisonniers d’opinion, alors qu’elles viennent de remettre en liberté un avocat défenseur des droits humains âgé de 79 ans.

"La libération de Haytham al Maleh est une mesure bienvenue, attendue de longue date. Comme tant d’autres en Syrie, il a été maintenu en détention uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Il est inacceptable que les autorités continuent d’invoquer l’état d’urgence national pour réduire au silence les voix dissidentes",
a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Haytham al Maleh purgeait une peine de trois ans d’emprisonnement après avoir été déclaré coupable par un tribunal militaire en juillet 2010 d’"atteinte au sentiment national" et de "diffusion sur le territoire syrien de fausses informations susceptibles de porter atteinte au moral de la nation".
Les faits dont on l’accuse découlent d’un entretien qu’il a accordé à une chaîne télévisée en septembre 2009, dans lequel il critiquait l’absence de démocratie, les pouvoirs excessifs accordés aux membres des forces de sécurité et la corruption au sein de l'appareil d’État en Syrie.

Selon les informations reçues, il a également été pris pour cible en raison d’articles publiés dans lesquels il dénonçait les atteintes aux droits humains commises dans ce pays.
Lors de sa libération, Haytham al Maleh a indiqué à Amnesty International : "J’espère tenir la promesse que j’ai faite à ceux qui m’ont soutenu, en poursuivant mon travail. Je demande au gouvernement de libérer tous les prisonniers d’opinion incarcérés dans la prison d’Adhra et les milliers d’autres qui sont enfermés dans les locaux des forces gouvernementales."
Amnesty International a fait vigoureusement campagne en faveur de la libération de Haytham al Maleh après son arrestation. Elle a envoyé dans le cadre d’une rare mission en Syrie, en juin 2010, un observateur assister à une audience de son procès, en signe de solidarité.

Cet observateur a déclaré au juge qu’Amnesty International considérait Haytham al Maleh comme un prisonnier d’opinion et que celui-ci devait être libéré.
Plusieurs prisonniers d’opinion, dont des défenseurs des droits humains, sont incarcérés en Syrie uniquement pour avoir exprimé leurs opinions de manière légitime et exercé sans violence leur droit à la liberté d’association.
Avant d’être libéré, Haytham al Maleh et d’autres prisonniers politiques incarcérés à la prison centrale de Damas ont entamé une grève de la faim à durée illimitée le 7 mars pour demander "la fermeture du dossier" des prisonniers politiques, la fin des injustices et le rétablissement des droits à une vie civile et politique en Syrie.

Les anciens prisonniers politiques en Syrie sont en butte à une série de restrictions quant à leurs activités. Pendant les cinq années qui suivent leur libération, ils ne peuvent pas être embauchés dans le secteur public, enseigner, voter ni se présenter à une élection, pas plus que détenir, publier ni diriger un journal ou toute autre publication.
Amnesty International croit savoir que l’interdiction de voyager imposée à Haytham al Maleh il y a six ans par l’un des services syriens de sécurité va probablement être maintenue.





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