Sois malade et tais-toi!

L'édito de la semaine


Par Rédigé le 10/09/2017 (dernière modification le 17/04/2018)

Après que d’autres pans de notre société se furent effondrés, comme la religion, l’enseignement, etc… c’est au tour de la médecine et surtout de ceux qui la pratiquent d’être remis en cause. Pour nombre de patients, il n’était que temps.


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C’est fini le temps, où d’un côté il y avait les praticiens, détenteurs du savoir, et de l’autre, les patients qui comme le mot a fini par l’indiquer, ne devaient faire que patienter face à la science… Aujourd’hui les patients, que les médecins le veuillent ou non, sont des hommes et des femmes qui veulent être entendus, reconnus dans leur souffrance et soignés. Mais faire évoluer les mentalités reste un combat quotidien qui doit passer par des remises en cause douloureuses… pour les praticiens.

L’affaire du Lévothyrox en est un bel exemple. Un laboratoire change un élément d’un médicament au dosage hautement sensible sans aucune consultation. Les professionnels de la santé en sont informés mais de façon presque obreptice. L’air de rien… Résultat, les pharmaciens n’en informent pas leurs clients et les médecins généralistes n’en savent guère plus que leurs patients. Lesquels, parce qu’ils souffrent, passent un temps fou à essayer de glaner des informations à droite et à gauche. L’image de la médecine en est fortement écornée, quant à celle du laboratoire concerné, porte-étendard inconscient de l’industrie pharmaceutique, leur réputation de vendeur de vie, n’est plus à faire.

Trois millions de patients français prennent quotidiennement du Levothyrox. Médicament qui se substitue à la disparition ou la faiblesse du fonctionnement de la thyroïde. Mais même avec lui, nombre de patients voient leur vie quotidienne bouleversée par les conséquences de ce dérèglement hormonal. Les dosages sont infinitésimaux aussi, le moindre changement de posologie peut entraîner des conséquences et des bouleversements importants pour celui à qui le médicament est prescrit.

Les médias se sont évidemment emparés du sujet. Et c’est tant mieux, les patients victimes de ce changement d’excipient n’ont que peu de moyens pour se faire entendre. Passer par les voies classiques c’est-à-dire gouvernementales et institutionnelles ne permet manifestement pas de se faire entendre. Les réseaux sociaux, les médias et les associations sont aujourd’hui les seuls moyens de se faire entendre pour les patients souffrants.

Les experts sont évidemment convoqués. Trois millions de médicaments sont prescrits, la pétition qui circule pour que leurs voix soient entendues ne contient pour l’heure que 130.000 signatures. Le ratio étant faible, le changement n’a par conséquent que peu touché les personnes concernées. CQFD. Pour autant, ceux-là doivent-ils se sacrifier pour le plus grand nombre? Peut-on pour autant parler de succès comme on l’a entendu sur les ondes d’une radio, de la part d’un de ces prétendus experts régulièrement entendus sur les ondes? Comment comprendre le refus du laboratoire de remettre sur le marché des médicaments, l’ancien pour ceux qui ne supportent pas le nouveau, pour ainsi satisfaire tous? Comment comprendre le refus de discuter, de les écouter, de reconnaître leur souffrance et leur mal-être? Pour de l’indifférence tout simplement. L’idée de sacrifier quelques patients ne semble choquer personne… il ne semble pas pourtant qu’il s’agisse d’un contingent? A moins qu’en médecine comme dans l’armée, le taux de perte se soit institutionnalisé!

Hier les scandales du médiator et de l’amiante, aujourd’hui le suicide assisté, la pilule et ses conséquences, le scandale des œufs contaminés au fipronil et d’autres encore. Le regard des patients sur la médecine a changé, il serait temps que la médecine et surtout ses praticiens évoluent parallèlement pour le bien de tous. Mais là comme ailleurs, les intérêts des uns ne sont pas les intérêts des autres…

Les actus vidéos du 4 au 10 septembre 2017






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