TRIBUNE - Un tiers des Français a déjà connu la pauvreté!

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Par Ange Philippe Mattei Rédigé le 24/09/2012 (dernière modification le 23/09/2012)

Le sondage Ipsos-Secours Populaire publié lundi dernier montre que plus d'un tiers des personnes interrogées se sont déjà retrouvées dans ces situations: 37% soit deux points de plus que l'année dernière et 7% de plus qu'en 2009.


Lutte contre la misère

Illustration proposée par l'auteur
La pauvreté, d'après les personnes interrogées, c'est ne pas pouvoir se procurer de la nourriture saine et équilibrée, ou encore, ne pas pouvoir partir en vacances au moins une fois dans l'année.

Peur pour les enfants

Pour les sondés, la principale crainte s'oriente vers l'avenir des enfants. 85% des parents interrogés estiment que les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour eux-mêmes, ce qui représente "une inversion violente". Selon un responsable Ipsos, "il y a 7 ans encore, les générations considéraient que leurs enfants auraient plus de chance qu'eux".

Pauvreté et minima sociaux: les limites de la France solidaire

La France compte 3,6 millions de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté défini à 50% du niveau de vie médian (soit 650 euros par mois pour une personne seule), et 6,9 millions si l’on compte celles dont le revenu est inférieur à 60% du revenu médian (soit le seuil habituellement retenu dans les comparaisons européennes).
Elle fait partie des pays européens dans lesquels la pauvreté est la moins répandue. En effet, elle offre un ensemble de minima sociaux qui garantissent un niveau de vie minimum aux personnes les plus démunies. Pour autant, la pauvreté persiste et ceci est lié au niveau de chômage élevé que connaît le pays depuis plus de 25 ans. Le nombre d’enfants pauvres en France a dépassé la barre de 1 million, et ceci malgré une politique familiale généreuse.

Il existe de multiples façons de mesurer la pauvreté, et selon la méthode choisie le nombre de pauvres peut aller du simple au double. Les États-Unis préfèrent une mesure absolue de la pauvreté: ils calculent la valeur d’un panier de bien et estiment que toute personne ne pouvant y accéder est pauvre. Ils fondent les statistiques de la pauvreté sur un seuil déterminé dans les années 1960 et qui est réajusté de l’inflation chaque année : les individus pauvres sont ceux dont le revenu avant impôt est inférieur à la ligne de pauvreté ainsi déterminée.
La difficulté de cette mesure réside dans le choix du panier de biens, les biens de bases sans lesquels un individu est démuni ont certainement évolué en 40 ans.
Quelle soit relative ou absolue, la mesure de la pauvreté monétaire exige que l’on compare le niveau de vie de ménages de tailles différentes. Des personnes vivant dans un même ménage font des économies d’échelle (comme par exemple le logement, l’électricité…), ainsi le second individu engendre une moindre dépense que le premier. De même, selon l’âge des personnes qui composent le ménage, le poids de chacune d’entre elles changent (par exemple au-delà de 14 ans, la dépense est plus grande que pour un enfant plus jeune). Pour prendre en compte ces différences, on utilise une échelle d’équivalence qui donne un poids à chaque individu vivant dans un même ménage et qui donne le nombre d’unité de consommation contenu dans le ménage. On peut ainsi calculer le revenu par unité de consommation que l’on compare au seuil de pauvreté. Mais les échelles d’équivalence ont un caractère arbitraire qui affecte la mesure de la pauvreté.

Il existe d’autres manières, non monétaires celles-ci, d’appréhender la pauvreté. Par exemple, l’approche par les conditions de vie des personnes consiste à calculer un indicateur synthétique de "difficultés rencontrées par la personne" en cumulant pour chaque ménage, le nombre de problèmes qu’il rencontre parmi les vingt-sept retenus (contraintes budgétaires, retards de paiement, restrictions de consommation et difficultés de logement, etc.).
La proportion de ménages subissant huit difficultés ou plus est du même ordre de grandeur que le taux de pauvreté monétaire dans ces enquêtes: on peut la considérer comme un "taux de pauvreté de conditions de vie". Enfin, la pauvreté peut être abordée sous un angle subjectif, en interrogeant les individus sur la façon dont ils perçoivent leur niveau de vie.

Pour limiter la pauvreté, les "États-providence" ont cherché à assurer aux individus des ressources minimales. Les dispositifs sociaux datent de l’après guerre, ils ont pris des formes différentes selon les pays, et ont évolué sensiblement au cours du temps.
Le système de protection sociale français est fondé sur les solidarités professionnelles. Ce dernier laisse de côté les individus inactifs, qui ne sont pas à la charge d’un travailleur (personnes âgées, victimes du chômage de masse), il a dû évoluer pour aider ces groupes de personnes touchées par la pauvreté et ceci en créant des dispositifs sociaux particuliers ciblés.

Nous devons prendre conscience de nos situations privilégiées et de notre responsabilité sociale face à l’injustice, et changer notre comportement, d’attitude et d’état d’esprit.





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