Thérèse Raquin d’Emile Zola : du désir au meurtre


Par Rédigé le 01/07/2020 (dernière modification le 23/06/2020)

Comment imposer son nom "quand on a le malheur d'être né au confluent de Hugo et de Balzac" ? Le désarroi d'Émile Zola est bref. Thérèse Raquin, son premier grand roman, obtient un succès immense.


L'amertume, le sexe et le crime n'en font qu'un. Entre roman noir et tragédie, l'incroyable réalisme social de Zola est parfaitement illustré dans cette oeuvre

Thérèse mène une vie mortifère jusqu'à l'arrivée de Laurent (C) capture d'écran youtube
Thérèse Raquin, se déroule vers 1860-1870, principalement à Paris. Il s’agit du premier grand roman de Zola, il a été publié en 1867. À cette époque, Zola avait 27 ans. Le roman a d’abord été publié en feuilleton, avant de connaître les honneurs d’une seconde édition. Il a également connu des adaptations théâtrales en quatre actes, au théâtre de la Renaissance, malgré le manque de succès. Cette histoire a été adapté au cinéma : au Danemark, en Italie et en France.
En 1953, Marcel Carné a réalisé Thérèse Raquin aux côtés de Simone Signoret dans le rôle de Thérèse, Raf Vallone dans le rôle de Laurent, l’amant de la jeune femme, et Jacques Duby qui jouait Camille, le cousin et mari chétif de Thérèse.

Zola, prend goût, à peindre les paysages, allant de la mercerie, la chambre de Laurent, le passage du Pont Neuf, les quais de la Seine, et les différentes rues. Un court passage de Vernon, lieu d’enfance de Camille et Thérèse, est développé, dans le deuxième chapitre. C’est dans le Chapitre 11, que l’on voit une brève description de Saint Ouen, lieu du meurtre de Camille.

Cette histoire dure approximativement 6 ans.
Zola, a généralement mis en scène, le plus souvent, les rencontres du jeudi où survint l’élément perturbateur : Laurent, ami d’enfance de Camille.
Thérèse, née à Oran en Algérie, est l’enfant d’une union entre un capitaine de l’armée française en Algérie et d’une mère née en Afrique du Nord, "une femme indigène d’une grande beauté". Sa mère meurt et à l’âge de 2 ans, Thérèse est confiée à sa tante — Madame Raquin, la sœur de son père — pour qu’elle s’occupe d’elle. Madame Raquin a un fils, Camille, fragile et souvent malade. Les enfants grandissent ensemble.

À 21 ans, Thérèse épouse Camille. Ce mariage satisfait Mme Raquin, mais rapidement Camille en a assez de la campagne et veut aller s’installer à Paris, il voudrait travailler dans une grande administration. Sa mère se rend donc à Paris, trouve une boutique et un appartement à louer au passage du Pont-Neuf. Ils s’installent dans le logement et les femmes ouvrent une mercerie.

Rapidement, leur vie devient d’une monotonie sans nom. Une routine seulement brisée par des soirées entre amis organisées chaque jeudi. S’y rencontrent un commissaire de police retraité, Michaud, qui vient avec son fils Olivier et sa belle-fille Suzanne, ainsi que Grivet, un collègue de travail de Camille. On y discute autour d’une partie de dominos et Thérèse déteste ces soirées où elle ne ressent aucune affinité envers personne.

Un jour, un nouvel invité se joint au groupe : Laurent. Il occupe un poste d’employé de bureau, est pauvre au point de vivre dans une minuscule chambre de bonne sous les toits. Il a essayé, vainement, de vivre de sa peinture mais nul ne lui a reconnu aucun talent.

Thérèse est immédiatement très troublée par cet homme, qui est presque le contraire de Camille : il est grand et puissant là où Camille est chétif et maladif, paresseux là où Camille a des envies d’ascension sociale…

"Laurent parlait d’une voix tranquille […] Au fond, c’était un paresseux, ayant des appétits sanguins, des désirs très arrêtés de jouissances faciles et durables. Ce grand corps puissant ne demandait qu’à ne rien faire, qu’à se vautrer dans une oisiveté et un assouvissement de toutes les heures. Il aurait voulu bien manger, bien dormir, contenter largement ses passions, sans remuer de place, sans courir la mauvaise chance d’une fatigue quelconque".

"Thérèse et Laurent sont des brutes humaines"

L'histoire d'un cauchemar qui a ouvert une plaie qui ne se referme pas (C) nourmzn. wordpress.com

Les amants terribles.mp3  (1.93 Mo)

"Thérèse et Laurent sont des brutes humaines", écrit Zola. Ce grand anatomiste de l'âme étudie leurs désordres pour ensuite écorcher leurs passions. L'auteur applique la littérature des méthodes d'analyse proprement scientifiques, il élabore, quelque temps avant la grande fresque des Rougon-Macquart, une oeuvre magistrale où s'affirment déjà les principes esthétiques du naturalisme. Lorsqu'elle a commencé à fréquenter Laurent, Thérèse est devenue une véritable femme libre. Ils se retrouvent dans la chambre de la jeune femme quand Camille est au travail, sous le nez de Mme Raquin qui ne se doute de rien. Mais bientôt, Laurent en demandera bien plus. Il a aussi appris que Mme Raquin possédait une petite fortune qui le mettrait à l'abri du besoin pour un bon moment et lui permettrait d'accéder à son rêve, devenir oisif. Pour accéder à ce rêve, il faudra éliminer Camille. Laurent mûrit le projet d'assassiner son "ami" et rival. Un jour, alors qu'ils se baladaient autour de la Seine, son plan prend forme et il parvient à noyer Camille sous les yeux consentants de Thérèse. Mais il est dit que les deux amants ne profiteront pas de cette nouvelle liberté. Avec la mort de Camille, c'est leur flamme qui s'est éteinte et avec elle, un cortège de remords et de culpabilité qui les conduiront jusqu'à la folie.





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