Twitter est-il dangereux pour l'Armée américaine?

Cet article a été élu lauréat du 1er Concours Reportage Nouveau Média


Par Wolfgang Gerstenecker, politik-digital.de Rédigé le 12/12/2010 (dernière modification le 12/12/2010)

L’US Navy vient de sortir un manuel destiné au personnel militaire pour inciter à un usage “correct” des réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook. Il y a 70 ans déjà, l’armée appelait les soldats à ne pas parler de mouvements de troupes dans leurs lettres. Les informations secrètes publiées il y a peu par Wikileaks ont démontré à l’armée qu’un tel risque est toujours d’actualité. Tout comme il y a 70 ans, les informations en temps de guerre sont une arme d’une importance majeure. L’ennemi nous écoute, encore et toujours. Aujourd’hui, il a appris à cliquer.
(Article traduit par Arnaud Meyer sur e-blogs.)


« Dans le “Navy Command Social Media Handbook“, l’état major de la marine donne des conseils à ses soldats sur l’utilisation juste et morale de Twitter et de Facebook. L’avertissement issu de la deuxième guerre mondiale, “Loose lips sink ships” (une langue trop bien pendue fait couler des navires) devient “Loose tweets sink fleets” (des tweets trop bavards font couler des flottes).

Ce qui, en anglais, fait de si belles rimes est pourtant un sujet sensible : alors qu’il y a 70 ans, les soldats ont été incités à ne pas parler des effectifs ou des mouvements de troupes, on leur demande aujourd’hui de ne pas révéler ces informations sur les réseaux sociaux. Tout comme il y a 70 ans, l’ennemi a ses oreilles partout.

Le “Navy Command Social Media Handbook” contient des règles générales à propos de l’utilisation des réseaux sociaux par les membres de la Navy. Ainsi, les informations potentiellement sensibles telles que “ma fille, à bord du navire X est à destination du pays/de la ville Y en Z jours” doivent être remplacées par des indications plus générales.

La proposition retenue pour rendre le message moins dangereux, “ma fille est à bord de l’USS Stennis” est certes moins passionnante, mais elle a l’avantage d’être sans danger.

Un tweet posté à la légère d’un porte-avion ou encore un message sur Facebook indiquant un changement de position peuvent révéler bien plus que ce qu’un état-major peut accepter.

La Bundeswehr mise sur le bon sens

Du coté de la Bundeswehr, on en est encore à la phase de réflexion concernant l’édition d’un tel manuel. “Nous en appelons au bon sens des soldats” nous a indiqué le porte-parole du ministère fédéral de la défense.

Comme partout ailleurs, les paragraphes 14, 15 et 17 du code des armées qui réglementent le comportement ainsi que le secret professionnel des soldats sont également valables sur les réseaux sociaux.

Les entreprises réglementent elles aussi


L’armée n’est pas la seule à essayer de sensibiliser ses employés. Les conséquences qu’un “loose tweet” peut avoir pour une entreprise sont montrées par l’exemple de Vodafone. L’opinion offensante d’un collaborateur de la succursale britannique a été envoyée à près de 9 000 “followers”, dont certains, indignés, se sont plaint auprès du siège de Vodafone.

La compagnie aérienne Virgin, quant à elle, a dû se séparer de 13 collaborateurs en 2009, ceux-ci ayant traité les clients de l’entreprise de beaufs sur des réseaux sociaux. De plus en plus d’entreprises édictent donc des règles contraignantes pour leurs employés afin d’éviter un fiasco pareil. En Allemagne, on cite la réglementation de SAP et de Daimler à ce sujet en exemple. »





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