Un Liban en panne


Par Ibrahim Chalhoub Rédigé le 03/03/2011 (dernière modification le 03/03/2011)

Si vous êtes capables de lire ces lignes, ce serait un coup de hasard qui a assuré leur envoi à travers un va-et-vient de la connexion Internet dans un pays de paradoxes. Que dirait-on d’une nation emprisonnée par le narcissisme de ses dirigeants ?


Economie détériorée

Sur 10452 m² s’élèvent des dettes de plus de 40 milliards de dollars en augmentation perpétuelle divisées sur les quelques 4 millions d’habitants.
Les expatriés libanais qui jusqu'à présent assuraient un flux de monnaie étrangère (dollars surtout) n’arrivent plus à réduire l’effet des chiffres suite à la crise économique mondiale.
Et pour compliquer la situation encore, le chômage renvoie ces travailleurs à leur pays d’origine où les chances ne cessent de se raréfier pour créer une difficulté économique insurmontable frappant presque tous les secteurs malgré les essais des institutions privées. Celles-ci ont commencé à subir les effets de la crise au début de l’année 2010. Pour ne pas succomber, des compagnies libanaises de taille moyenne ont vendu leurs autorisations de mises sur le marché de produits importés. Les géants ont ainsi encore grandi et les moyens rapetissé. Les banques ont perdu de grandes sommes durant l’expansion hystérique du marché de terrains au début de l’année dernière, ce qui a entraîné une vague de lancement de crédits dans tous les sens. Les Libanais se sont aventurés dans ces "offres" pour se retrouver sans pouvoir d’achats vers le 10e jour de chaque mois. Et les magasins, en dépit des escomptes sur les prix allant jusqu'à 90% avec des rabats additionnels à la caisse durant toute l’année, restent encombrés non par les clients mais par les produits inchangés.

Santé, énergie et gouvernement

Toujours en panne (par Ibrahim Chalhoub)
On trouve beaucoup de gens qui essaient de se soigner eux-mêmes et qualifient l’hospitalisation comme "déraisonnée". Des patients atteints de maladies chroniques sont devenus récalcitrants dans la prise de leurs médicaments même si beaucoup d’entre eux sont remboursés par la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) – le remboursement ne sera remis qu’après au moins 6 mois.
Depuis quelques années, l’eau manque de plus en plus au pays de l’eau faute de barrages. A l’encontre des courants qui coulent torrentiellement vers la mer, un autre courant se coupe toutes les 12 heures assurant la survie de la fabrication traditionnelle des bougies pour ceux qui ne peuvent plus payer une 2e facture électrique aux propriétaires de générateurs privés (voir notre article : Au-delà d’un passage à l’acte).
A un autre niveau, plus de 30 jours se sont écoulés sans gouvernement et les différents partis politiques exercent leurs pressions sur le Premier ministre pour former un gouvernement coloré suivant leurs visualisations du pays du Cèdre.

Avec le malaise dans la société libanaise, un ami qui a déménagé vers la France au lendemain de la guerre en 2006 a symboliquement exprimé son désespoir pour le pauvre pays en remplaçant sa photo sur Facebook par le drapeau libanais où le Cèdre vert du milieu s’est transmuté en valise.





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