Un dimanche à l’hippodrome


Par Rédigé le 20/01/2019 (dernière modification le 19/01/2019)

Fin de semaine, soleil éclatant, un temps pour sortir: et si on allait à l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer? Si vous n’êtes pas turfiste, ce n’est pas forcément la première idée qui vient à l’esprit. Mais l’annonce de la tenue du plus grand meeting de courses d’obstacles de la saison avait de quoi séduire. Et ce dimanche 6 janvier 2019, nous avons tenté l’expérience.


L'hippodrome de la Côte d'Azur. Photo (c) Serge Gloumeaud

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Du haut de la tribune, on aperçoit la grande bleue et la promenade du bord de mer. Un lieu très prisé par les familles en quête de balade dominicale. D’autres ont pourtant choisi aujourd’hui de franchir les portes de l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Et un premier coup d’œil permet de constater que le public n’est pas uniquement constitué des habituels mâles que l’on peut rencontrer dans les bars PMU. Les enfants sont de la partie, de même que leur maman dont les courses hippiques ne semblent pourtant pas être le dada. Assises sur les bancs, elles bercent bébé dans sa poussette ou surveillent leurs progénitures qui profitent des animations installées sur le grand parvis: structures gonflables, promenade à poneys ou encore vélos sulky. Elles ne prêtent guère attention aux canassons et aux jockeys qui passent devant elles pour se rendre vers le paddock.

"Attention madame, écartez votre petit, un coup de sabot, ça peut vite partir!" lance un agent de sécurité alors qu’un enfant s’avance trop près de la piste. Le paddock, autrement appelé "Rond de présentation", est un lieu où les chevaux sont présentés avant de participer à la course. C’est le meilleur moyen de les approcher, de même que leur jockey. Les animaux impressionnent par leur beauté mais aussi par leur nervosité. Chacun d’entre eux est d’ailleurs tenu par un accompagnateur, voire deux parfois. Les jockeys surprennent par leur petite taille et leur minceur, notamment leur bassin particulièrement étroit. Les turfistes viennent ici pour affiner leurs pronostics, jetant un coup d’œil sur les canassons tout en étant plongés dans le programme des courses. "Le numéro 9 a l’air en forme. Tu croix qu’il peut gagner? En tout cas, il a gagné sa dernière course. Donc, il peut gagner!" tente de se convaincre l’un d’eux.


"Le plus bel hippodrome d’Europe"

Il n’est pas obligatoire de parier. Venir simplement profiter du spectacle est évidemment possible, pour un prix abordable (5€). Ceux qui voudraient tenter leur chance doivent se présenter à l’un des nombreux guichets disponibles, principalement à l’intérieur, sous la tribune. Là, une autre ambiance les attend. Manifestement, tous les maris de ces dames sont ici… Silencieux, la mine sombre, ils examinent les cotes affichées sur des tableaux. D’autres parient aussi sur les courses de Vincennes diffusées en direct sur de larges écrans. Le lieu est austère et cafardeux. On se croirait dans un hall de gare désuet. Sur un mur, la plaque d’inauguration de l’hippodrome, posée le 17 décembre 1960.

Soudainement, les haut-parleurs annoncent le départ imminent de la prochaine course. Il est temps de retrouver la lumière et de prendre place dans la tribune. Les retardataires pourront toujours miser sur Internet ou en interpellant un homme au gilet vert qui, sur sa tablette, enregistre les derniers paris.
Avant même que les purs-sangs ne s’élancent, le spectacle est déjà sous nos yeux. Les couleurs éblouissantes. Le vert éclatant de la piste. Le bleu profond de la Méditerranée. Le teint pastel d’un ciel immaculé. Un décor digne d’un tableau d’Auguste Renoir, lui qui termina sa vie à quelques pas d’ici. Alain Le Tutour, directeur général de l’hippodrome, n’est pas peu fier de son écrin: "C’est un lieu exceptionnel, dans un cadre qui l’est tout autant. Pour moi, c’est le plus bel hippodrome d’Europe".

Suspense, frissons… et humour

La course est lancée, commentée en direct et visible sur un écran géant. Afin de suivre de près leurs favoris, les connaisseurs sont équipés de jumelles. Les autres attendront le passage devant la tribune. Les onze poulains et pouliches sont en rang serré, mis à part "Normandy invasion"qui prend ses pattes à son cou et mène largement. Aller vite ne suffit pas. Il faut bien négocier les haies. Sur l’une d’elles, une impressionnante chute fait frissonner le public. Comme son étalon, le cavalier finit les quatre fers en l’air. "Chute du numéro 11, Tap tap boom. Le jockey s’est relevé" rassure le speaker. La lutte est féroce. Après quatre kilomètres de galop, les chevaux amorcent la dernière ligne droite avant l’arrivée, située juste devant la tribune. Le speaker accélère son débit. Dans les gradins, certains retiennent leur souffle. D’autres hurlent pour encourager leur chouchou. Au bout du suspense, le leader est finalement coiffé sur le fil par le bien nommé… "Côte d’Azur"!

Le vainqueur se voit ensuite remettre un trophée des mains du maire et d’un député, preuve qu’une sortie à l’hippodrome est aussi l’occasion de rencontrer du beau monde. Une cérémonie dont un turfiste aux accents pagnolesques n’a que faire: "Tu m’avais dit de le jouer et je l’ai pas mis… Si je t’avais écouté, j’aurais eu le quarté dans l’ordre. Et là, je l’ai eu dans l’os!" se lamente-t-il auprès de son compère. Une des scènes de la vie quotidienne de turfistes qui apportent une note d’humour à cette journée. Un dimanche à l’hippodrome: une idée qui fera peut-être des courses votre nouveau cheval de bataille.







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