Un polar historique

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 08/08/2018 (dernière modification le 08/08/2018)

Paru en février 2018 dans la collection "Actes noirs" des éditions Actes Sud, ce polar se déroule sur fond historique. Un livre de 203 pages, "Les assassins de la route du nord" d’Anila Wilms, traduit de l’allemand par Carole Sily, pourra occuper très agréablement quelques heures des jours de vacances. Et pas seulement… Paru en février 2018, ce polar se déroule sur fond historique même si les noms ont été modifiés et si l’auteur a pu prendre quelque liberté avec certains faits.


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Son auteur Anila Wilms née à Tirana en 1971, a grandi dans la ville portuaire de Durrës. Sa famille maternelle est apparentée à des beys influents qui furent expropriés après 1945. De 1989 à 1993, elle étudie l'histoire et la philologie à l'Université de Tirana. Puis, boursière du DAAD, Deutscher Akademischer Austauschdienst, Office allemand d'échanges universitaires, en 1994, elle poursuit des études d’histoire à l’Université libre de Berlin jusqu’en 2000. Elle révèle qu’elle aurait pu écrire une thèse sur l'entre-deux-guerres albanais, elle avait fait pour cela de longues recherches sur le sujet à Tirana, Londres ou en Italie et sur des documents venus des États-Unis. Mais elle avoue ne pas avoir la constance requise pour un chercheur. Elle vit maintenant à Berlin où elle exerce les activités de publiciste et d’écrivain. En août 2012, elle publie en allemand son premier roman chez Transit Verlag, "Das albanische Öl oder Mord auf der Straße des Nordens" (Le pétrole albanais ou le meurtre sur la route du nord) à Berlin, fruit de ses recherches historiques, il connaît un grand succès couronné en 2013 par le prix Adelbert von Chamisso. La même année, Anila Wilms obtient le Stuttgarter Krimipreis, prix du meilleur premier roman en langue allemande. C’est celui que traduira Carole Fily. Anila Wilms avait d'abord écrit son livre en albanais et l’avait publié à Tirana chez Onufri en 2007.

"Les assassins de la route du nord" nous transportent dans le jeune État albanais devenu indépendant en 1919 et l’intrigue se déroule au début des années vingt du siècle dernier. C’est le premier poste important de Julius Grant, émissaire américain chargé de voir ce qu’il en est des rumeurs sur la présence de pétrole au nord du pays. Il n’est pas le seul à s’y intéresser, les gouvernements, anglais et italien ainsi que des sociétés pétrolières se penchent aussi sur la question. Dans les premiers jours d’avril 1924, D.E. Marvin et G. C. DeBurgh, deux Américains dont l’un, le deuxième, est fils de sénateur, sont assassinés sur le pont de la Droja, au nord du pays, un pont archaïque constitué de poutres grossières. Ils voyageaient dans une voiture de location avec leur chauffeur albanais, grièvement blessé, lui s’en tirera. Les rudes montagnards de cette partie du nord du pays n’ont guère modifié leur mode de vie, ils observent toujours le Kanun, un code ancestral qui les invite notamment à pratiquer l’hospitalité et ce crime a tout pour les surprendre. Un ingénieur forestier allemand trouve les corps et les ramène à Tirana. Dans les cafés de la capitale et particulièrement au Café Bristol ou à l’International, on ne parle que de cet événement, tout le monde s’interroge, chacun y va de son commentaire et de son hypothèse. Le pétrole est-il en cause? Les trois frères que l’on pendra sur la place du marché à Tirana n’y sont pour rien, ils ont eu simplement le tort de passer près du pont de la Droja et de se laisser tenter par une paire de chaussures des victimes…

Anila Wilms donne une vie extraordinaire à cette histoire basée sur un fait réel et elle peint là une fresque très animée, haute en couleurs, avec des personnages bien campés, dans une langue à la fois recherchée, familière, parfois même argotique, qui n’évite pas quelques expressions anachroniques. Des situations drôles alternent tout naturellement avec des moments dramatiques et on suit avec intérêt le cheminement de ce nouvel État se cherchant au milieu de difficultés diverses. Le tout dans l’excellente traduction de Carole Sily.


Playlist vidéo de la collection "Actes noirs"






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