Un vent d'espoir souffle sur Chypre


Par Lea Raso della Volta Rédigé le 02/02/2010 (dernière modification le 02/02/2010)

Après trente ans de pourparlers infructueux, Chypre pourrait bien être enfin réunifiée. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon a entrepris, depuis le 11 janvier 2010, une série de consultations et s’est déclaré satisfait de sa rencontre avec le leader turc chypriote Mehmet Ali Talat ; il doit aussi rencontrer le président grec chypriote, Demetris Christofias.


"Je ne me fais aucune illusion quant aux difficultés quasi insurmontables qui entourent la situation chypriote, ainsi que les réponses difficiles qu’il va falloir apporter à une éventuelle réunification de l’île" a déclaré, Ban Ki Moon, le Secrétaire général des Nations unies ; tout en ajoutant "en même temps, je suis confiant dans l’aboutissement prochain d’un résultat tangible".

Mais après bien des efforts pour réconcilier "ces frères ennemis", on peut se demander à juste titre, s’il s’agit d’une énième tentative ou bien d’un long cheminement qui est en passe de voir enfin le jour ? signe encourageant, peu avant que les discussions ne débutent entre Ban Ki Moon et Mehmet Talat, cinquante manifestants à Larnaca scandaient des slogans favorables à la paix et à la réunification de Chypre.

Mais, si les pourparlers ont commencé dans l’optimisme, une ombre plane sur leur devenir ; en avril prochain, de nouvelles élections doivent avoir lieu dans la partie turque de l’île, et l’actuel président Mehmet Talat, se voit opposé au candidat nationaliste Dervis Eroglu, qui caracole en tête des sondages ; et pour l’heure, il n’est guère favorable à la réunification de l’île.

Checkpoint… Ledra

Le 3 avril 2008, malgré une forte opposition de l'armée turque, la rue Ledra située dans le coeur de Nicosie, et coupée en deux depuis 1964 par un mur, est rouverte et devient le premier point de passage de la ville.

Un mur qui symbolise la partition de l’île en deux zones : turque, au nord et grecque au sud, tout autant que l’antagonisme qui les oppose depuis des siècles. Mais retour en arrière : c’est le 16 août 1960 que Chypre obtient son indépendance du Royaume-Uni ; le 15 juillet 1974 la garde nationale dirigée par des officiers grecs lance une tentative de coup d’État contre le président Makarios avec l'aide du groupe armé de l'EOKA B.

Le 20 juillet, la Turquie envoie des troupes prétextant la protection des intérêts de la communauté turque et lance la célèbre opération Attila.

Une fois la République chypriote restaurée, la Turquie refuse de se retirer et le 13 février 1975, se met en place l' État fédéré turc de Chypre qui n'est reconnu que par la Turquie. En 1983, il devient la République turque de Chypre du Nord. La mère patrie va encourager l’émigration turque à Chypre. Ainsi, on compte aujourd'hui sur l'île quatre-vingt treize mille colons venus de Turquie.

L'ONU désapprouve cette occupation dans sa résolution 541 du 18 novembre 1983. L’UNFICYP prend le contrôle de la ligne verte et fait respecter le cessez-le-feu.

Une réunification sous l’égide des Nations unies

En 2003, la perspective de l’entrée de Chypre dans l’Union européenne permet un premier dégel : des checkpoints fleurissent un peu partout sur la ligne de démarcation, et une mission de bons offices du secrétaire des Nations unies, Kofi Annan se propose d'apporter son concours à la solution de ce casse-tête, devenu avec le temps politico-juridique. De son côté le Royaume-Uni promet de rétrocéder à la République chypriote, si celle-ci parvient à un accord, 3 % du territoire qu’il occupe.

Le plan Annan, intervenant après trente ans de négociations infructueuses est rejeté à 70 % par les Grecs, mais le nord l’approuve et fait rarissime n’hésite pas à critiquer ouvertement l’ingérence politique d'Ankara, allant même jusqu’à demander la démission du nationaliste Rauf Denktash.

Le 1er mai 2004, la République de Chypre entre dans l’Union européenne avec une partie de son territoire toujours occupée militairement par la Turquie. La reprise des négociations entre les deux parties séparées depuis plus de quarante ans, semble désormais largement conditionnée par l’avancée des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l’Europe.

Depuis lors les relations entre Grecs et Turcs n’ont cessé de s’intensifier, offrant même une lueur d'espoir quant à l’avenir de l’île; c’est dans ce contexte qu’ont lieu, depuis le 11 janvier 2010 les consultations au sommet de l’Etat.
Mais, les élections d’avril risquent de ramener au pouvoir le parti créé par Rauf Denktash, dont l’actuel président Dervis Eroglu, candidat à la présidentielle, ne cache pas ses intentions de voir la partie nord de l’île rattachée à l’anavartan (la mère patrie) … la Turquie !






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