Alain, ech faiseu d'pain de Picardie


Par Léa Fontana Rédigé le 22/02/2020 (dernière modification le 23/02/2020)

Alain Bourgeois a commencé à faire du pain au levain pour lui, alors qu'il vivait à l'étranger. Aujourd'hui, il le cuit au four à bois traditionnel et ravit les papilles de la région.


L'atelier d'Alain semble appartenir à une autre époque. (Crédit photo : Léa Fontana)
Après quelques années passées en Colombie, Alain Bourgeois et sa petite famille décident, en 1997, de revenir en France. Plus précisément à Liomer, commune d'origine des parents de son épouse. Dans leurs bagages, ils ne ramènent pas que des souvenirs et des photos : là-bas, le père de famille, ancien marin, s'est pris de passion pour le pain. Au point de le fabriquer pour leur consommation personnelle.
Le couple rachète la maison de campagne des parents de Françoise, et Alain décide de se lancer dans l'apiculture. Sans pour autant abandonner les fourneaux. Il produit et vend de la gelée royale, mais ne parvient pas à dégager suffisamment de revenus. Devant ces difficultés, son beau-frère l'encourage à se lancer dans la production et la vente de pain. Sur ces conseils, Alain perfectionne sa recette et passe, quelques temps après, un CAP boulanger. L'ancien bureau de notaire des parents de Françoise est alors converti en atelier de boulanger.

"Nous limitons notre production à 200 pains par semaine, de cette façon, on garde notre autonomie"

"En octobre 2012, on a participé à un forum d'associations où on a noué un partenariat avec des AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) de la région" se souvient-il. Le succès est immédiat. Pour autant, l'autodidacte reste humble : plutôt que de s'approprier le titre de boulanger, il préfère se définit comme un "faiseur d'pain".
Dès le départ, les époux Bourgeois produisent uniquement ce dont ils ont besoin pour vivre. "Nous limitons notre production à 200 pains par semaine. De cette façon, nous n'avons pas besoin d'embaucher, on garde notre autonomie et on ne se consacre qu'à notre pain" expliquent-ils. Mais en grand passionné, Alain veut transmettre son amour du métier. "En douze mois, j'ai formé trois apprentis. L'un d'eux, Thomas Richebois, vend aujourd'hui sa production chez Canal pain, rue Hocquet à Amiens", se réjouit-il.

Le pain d'Alain, c'est une affaire locale, comme peut en attester son label Nature et progrès. La farine de froment vient de chez Bertrand Lejeune, paysan meunier à Métigny converti dans le bio depuis plus de 30 ans. Pour les farines de seigle, de sarrasin et de petit-épautre, c'est auprès d'Edwin Delasalle à Rouvroy-les-Merles qu'il se fournit. Le levain est fait maison. "Blé bio de nos fermes et des fermes voisines" tel est le mantra du boulanger et de ses confrères membres de l'association informelle Chès Faiseu d'Pain.
Si à leurs débuts, la moitié de la production était destinée aux AMAP, leurs principales clientes sont aujourd'hui les boutiques Locavore à Abbeville et La Sardine à Saint-Valéry. Pour autant, les portes de l'atelier restent ouvertes les jeudis et vendredi après-midi pour les quelques habitués. Certains parcourent plusieurs kilomètres pour venir apprécier ces miches pain cuites au four à bois.
Dans les prochains mois, les Bourgeois ont pour projet de sillonner Liomer et ses alentours en charrette. Tractés par Finette, leur cheval de trait, ils entendent faire découvrir leur pain et à travers lui, l'authenticité et la générosité qui les caractérisent.





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