Au-delà d’un passage à l’acte

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Par Ibrahim I. Chalhoub Rédigé le 30/01/2011 (dernière modification le 29/01/2011)

Il est devenu très commun d’entendre que les Libanais vivent au jour le jour. En effet, le verbe planifier a été retiré du registre de la langue parlée au pays du Cèdre afin de se transmuter dans une expression passive, "kif ma tiji, tiji" (peu importe ce qui pourrait se passer).


Le peuple libanais qui a dû s'inquiéter à propos de sa survie pendant plus de 30 ans, a adopté le deni comme mécanisme de défense favori. Un fait qui a surpris tant de nations en voyant les Libanais danser dans les boites de nuit malgré les bombardements.
Mais cet étayage n’était pas sans effets secondaires. Le deni s’est glissé dans la vie quotidienne sous la forme d’un laisser faire et d’une attitude qui projette la nécessité d’agir sur un autre, souvent qualifié de malfaisance (voir notre article : Au Liban, un narcissisme pas comme les autres).

Cette négligence malveillante est à la base de ce que subit le pays du Cèdre dans une multitude de domaines. Signalons par exemple la coupure du courant électrique pendant 12 heures toutes les 24 heures et la nécessité de payer 2 fois les factures d’abord à l’élecricité du Liban (EDL), ensuite aux propriétaires de générateurs privés qui ajoutent leurs câbles au tableau dessiné dans le ciel ignorant toutes les mesures de sécurité. Reste à noter que le prix fixé par l’EDL est parmi les plus chers du monde et celui des générateurs, qui est encore plus élevé, reste sans plafond et varie suivant les régions et la demande.

La dualité de sources ne se limite pas au courant électrique, l’eau aussi en fait partie. On achète souvent des quantités énormes d’eau de fournisseurs privés tout en payant pour l’eau qui a été canalisée par le secteur public.

Pour consolider le désintéressement libanais au passage à l’acte contrairement à se qui s’est passé en Tunisie et se propage dans d’autre pays parlant la même langue, il suffit de conduire sur les routes du pays.
A n’importe quel moment et n’importe où, des trous peuvent apparaître sans alerte préalable pour provoquer des dommages aux voitures aussi bien que des accidents. "Eloignez vous des trous", a recommandé un réparateur de pneus à un expatrié de la France qui vient de changer le pneu de sa voiture pour la troisième fois pendant une semaine.
Face à tout ce deni des faits enraciné dans une mentalité qui est prête à endommager l’autre sans être capable de dire non à la cause de sa frustration, à combien de trous le pays du Cèdre doit-il encore échappé?





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