Bénin : pour le meilleur et pour le riz


Par Gervais Loko Rédigé le 13/04/2010 (dernière modification le 12/04/2010)

L’agriculture béninoise a toujours eu une culture vedette. Le palmier à huile dans les années 60, le coton depuis les années 80. Mais à chaque fois, la mauvaise fortune est inévitable malgré les milliards injectés par l'État. Pour conjurer le fait, l’unanimité se fait de plus en plus forte quant à la nécessité d’aller vers la diversification agricole. Dans cette dynamique, le riz a toutes ses chances de s’imposer comme une grande filière.


La production du riz béninois en 2009 est de l’ordre de 133318 tonnes, soit une hausse de 34,26% par rapport à 2008. Photo (c) DR
Le Bénin veut devenir un pays auto-suffisant et exportateur de riz à l’horizon 2011. Un rêve, à première vue, chimérique pour ce pays qui occupe une position marginale dans la production du riz en Afrique de l’Ouest, soit 0,31% des 6 136 000 tonnes produites par les pays de la sous-région.
Mais avec plus de 205 000 hectares de bas-fonds et de 117 000 hectares de plaines inondables, le Bénin présente un potentiel extraordinaire dont il prend conscience en améliorant chaque année sa production. Celle de 2009 est de l’ordre de 133 318 tonnes, soit une hausse de 34,26% par rapport à 2008. En 2000, le Bénin ne produisait que 52.441 tonnes.
La production nationale ne couvre que 10 à 15% des besoins effectifs en riz. Le déficit alimentaire structurel en riz est couvert par les importations qui sont de 240 000 tonnes métriques de riz en 2004. Les Béninois n’en finissent de demander du riz. Pour 2010, le besoin national en riz est de 110 812 tonnes ; il sera de 132 750 tonnes en 2015.
Pour couvrir ce besoin, le Bénin ne lésine pas sur les moyens ni sur la diplomatie. Il a pu convaincre la FAO d’investir 500 000 dollars pour produire et distribuer des semences de riz de qualité. Le projet qui débuté en septembre 2009, vise à faire produire 300 000 tonnes de riz à l'horizon 2011 ; ce qui vient produire annuellement plus de 2 200 tonnes de semences de riz. Cela contribuera à couvrir 70% de la demande intérieure et surtout réduire la facture des importations de riz du pays : le gain net serait de plus de 55 millions de dollars, selon la FAO. Pour en arriver là, le Bénin doit encore améliorer notablement certains de ses indicateurs : il n’exploite actuellement que 8% des 322 000 hectares de terres rizicultivables.

«Quand vous faites deux tonnes à l’hectare au lieu de huit - grâce à des semences à haut rendement -, le paysan roule à perte», constate Jean Prosper Koyo, représentant de la FAO au Bénin. L’institution onusienne s’est engagée à encourager la production de semences de qualité en facilitant l'accès des paysans à ces semences appelées NERICA (New Rice for Africa – Nouveau riz pour l’Afrique). Ces semences présentent de nombreux avantages : le NERICA, issu d'un croisement entre une espèce asiatique et une espèce africaine, résiste aux maladies et aux insectes, s'acclimate aux sols pauvres, a un cycle de croissance réduit et résiste à la sécheresse. De plus, assure l'Association de développement du riz en Afrique de l'Ouest (ADRAO), sa teneur en protéine est plus forte que celle des autres riz.
L’ambition du gouvernement est d’aller au-delà de la production. «Nous prenons toute la chaîne en compte : la transformation, la commercialisation et c’est pour cela que nous parlons de chaînes de valeur ajoutée», indique Antonin Alavo, coordonnateur du programme de la diversification de l’agriculture qui en profite pour lever tout soupçon de précipitation : «il faut se nourrir de grandes ambitions pour faire peut-être un peu moins. Avec le coton, il nous a fallu une trentaine d’années avant d’arriver à cette structuration. Le développement d’un nouveau secteur ne se fera pas rapidement». Un sens de réalisme qui rappelle que la bataille est loin d’être gagnée surtout avec l’avantage comparatif que présente le riz importé. Notamment le riz japonais atteint souvent l’équivalent de 10% de la demande solvable nationale est distribué à un prix largement en dessous de celui du riz local. Issu d’un don du Japon et exonéré de taxes crée un déséquilibre dans les prix et rend le riz local moins compétitif. «Ce don japonais est revendu à des 'indigents' qui par la faiblesse de leur pouvoir d’achat devraient constituer des clients potentiels du riz local», se désole un rapport de l’Institut national des Recherches agricoles du Bénin (INRAB).





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