Egypte: Au nom du respect des droits de l'homme !


Par Islem Salmi Rédigé le 04/02/2011 (dernière modification le 04/02/2011)

Dimanche 30 janvier, à l'écart du Sommet de l'Union Africaine (UA), Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a demandé au gouvernement égyptien "d'écouter la voix du peuple" et "de prendre des mesures" strictes afin de garantir notamment, la liberté d'expression et d'association au nom du respect des droits de l'homme.


Photo (c) WorldMarchUSA
Durant une conférence de presse, qui s'est déroulée dimanche à Addis-Abeba en Ethiopie, le secrétaire général déclare qu' "il est important que les gouvernements garantissent la liberté d'expression et la liberté d'association et que tous les types d'expression se fassent de manière pacifique". Selon Ban Ki-moon, "les autorités égyptiennes devraient prendre des décisions audacieuses pour répondre à ces inquiétudes".

L'annonce d'un nouveau gouvernement aurait selon la presse, amené des dizaines de milliers de personnes à manifester lundi 31 janvier, dans le centre du Caire.

"Récemment nous avons constaté le souhait du peuple d'être entendu par les autorités et les dirigeants. A plusieurs reprises, j'ai appelé les dirigeants de tous les pays, y compris l'Egypte, à écouter attentivement la voix du peuple. Quelles sont ses véritables aspirations ?", a insisté le chef de l'ONU.

Il a également ajouté que les dirigeants auraient selon lui, "une grande part de responsabilité dans la création d'emplois décents et d'opportunités qui permettent de vivre décemment".

Ban Ki-moon s'est aussi exprimé vendredi, depuis le Forum économique de Davos, en Suisse, quant à la situation en Egypte. Il pense et espère "qu'au travers d'un dialogue avec la société civile, les dirigeants seront capables de mieux comprendre les attentes et aspirations, les préoccupations et les défis du peuple". Ce sont ses propres termes.

D'autre part, Navanethem Pillay, la Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a, de son côté, appelé le gouvernement égyptien à "protéger les droits de ses citoyens à la liberté d'expression, d'information et de réunion, conformément à la législation du pays et au droit international".

De plus, elle insiste sur le fait que "depuis le début des manifestations, la police a utilisé, dans sa confrontation avec les manifestants, des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des matraques, et que plus de 1 000 personnes ont été arrêtées, dont des opposants politiques"., précisions qu'elle a données dans un communiqué diffusé publiquement vendredi.

"Les gouvernements de la région et dans du monde doivent en tenir compte. Etouffer la voix des citoyens et faire taire la dissidence et la critique ne feront pas disparaître les problèmes. Les événements récents dans la région mettent en évidence le fait que la lutte contre de graves problèmes, par le recours à des mesures de haute sécurité, ne fait qu';envenimer les choses, qui éclatent finalement à une grande échelle", a-t-elle accentué.

Mardi, Navi Pillay a encouragé les autorités égyptiennes à prendre très au sérieux les demandes du peuple. Il est également nécessaire, selon elle, de commencer des réformes politiques utiles et indispensables afin d'améliorer le respect des droits humains et de préserver la démocratie. En outre, le nombre de victimes ayant malheureusement évolué ces derniers temps en Egypte, inquiète sérieusement la Haut Commissaire.

Dans un communiqué de presse, elle déclare que "le mouvement populaire en Egypte, sans précédent depuis des décennies, a été conduit d'une manière courageuse et pacifique". En précisant que, toujours selon ses propres mots, "le monde entier scrute la réaction du Président et du nouveau gouvernement face aux protestations qui continuent demandant un changement radical sur un large éventail de droits : civils, politiques, sociaux, culturels et économiques".

La Haut Commissaire souligne aussi que "des informations non-confirmées font état d'au moins 300 morts et de plus de 3 000 blessés ainsi que des centaines d'autres personnes arrêtées".

De plus, Navi Pillay, tout en remettant en mémoire que les autorités avaient pour responsabilité de, je cite: "protéger les civils" et que les manifestants ne devaient pas être "détenus arbitrairement"., elle a déclaré et estimé ce qui suit: "J'exhorte les autorités égyptiennes à garantir que la police et les forces de sécurité évitent scrupuleusement l'usage excessif de la force et la nécessité de mener une enquête sur le rôle des forces de sécurité ces derniers jours".

Pour elle, les droits de l'homme sont la principale raison des réclamations du peuple égyptien qui semble apparemment, toujours d'après elle, "rejeter un système qui les a privés de la jouissance de leurs droits fondamentaux".

La Haut Commissaire a ajouté : "Je pense que le gouvernement égyptien, en maintenant l'état d'urgence pendant 30 ans a clairement montré que les droits humains ne faisaient pas partie de ses priorités". Rappelons que la loi n'a jamais été levée et l'état d'urgence est en vigueur depuis 1981, après à l'assassinat de Sadatte.

"Le respect des droits de l'homme est fondamental pour la démocratie, et il n'est pas surprenant de constater qu'une grande partie de la population associe la revendication de ses droits au changement politique", a-t-elle montré.

Elle a également souligné et salué l'annonce faite lundi par l'armée de ne pas faire usage de la force contre le peuple. Elle a aussi appelé "l'armée de l'air à arrêter les vols en rase-motte qui sont extraordinairement intimidants pour les manifestants dans les rues".

Bien qu'un million de personnes étaient attendues mardi dans les rues d'Egypte pour manifester, la Haut commissaire a demandé à l'armée et à la police de faire preuve de retenue. Elle a aussi demandé aux manifestants de ne pas engendrer la violence. De plus, elle a, une nouvelle fois, réclamé le retour des moyens de communication et d'internet, en précisant le rôle majeur de la liberté d'information.

Navi Pillay a terminé son discours ainsi: "J'exhorte tous les gouvernements, dans la région et partout ailleurs à refléter le fait que, sur le long terme, la stabilité ne dépend pas d'un appareil sécuritaire impitoyable ou d'une alliance de militaires mais d'un développement des droits humains et de la démocratie", a dit Navi Pillay. "Ce sont les principes sur lesquels les Nations Unies ont été fondées. La stabilité ne peut pas être abordée uniquement sous l'angle de la sécurité. C'est une méthode de court-terme qui est condamnée à échouer".

La lutte pour préserver les droits de l'homme doit se poursuivre !





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