Festivals annulés, tournages reportés, productions stoppées : la culture en danger


Par Thomas Lecourbe Rédigé le 07/05/2020 (dernière modification le 06/05/2020)

Emmanuel Macron a présenté mercredi 6 mai son plan pour la culture lors d'une vidéoconférence avec des artistes.


"Intermittents en péril", le mot d'ordre est repris en masse sur les réseaux sociaux (c) UNDIA
Lors d'une vidéoconférence avec des acteurs du secteur culturel en direct de l'Elysée, le Président de la République a précisé son "Plan Culture". Devant la présence virtuelle des réalisateurs Eric Tolédano et Olivier Nakache, la chanteuse Catherine Ringer ou encore l'actrice Sandrine Kiberlain, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures très attendues.
La branche culturelle est en effet quasi à l'arrêt depuis le début de la crise épidémique du Covid-19. Salles de spectacles fermées, tournages à l'arrêt, productions en pause, ce sont toutes les activités artistiques qui sont au point mort depuis deux mois, sans perspective précise de reprise.

Une prolongation des droits au chômage des intermittents du spectacle

Face à l'annulation des principaux événements de spectacle vivant, le report ou l'annulation des tournages et des productions, les artistes et les techniciens attendaient cette mesure avec empressement. Emmanuel Macron a tenu à les rassurer sur ce point, leurs droits déjà acquis seront maintenus au moins jusqu'en août 2021: "Beaucoup d'intermittents ne pourront pas faire leurs heures, je veux qu'on s'engage à ce que les droits des artistes et techniciens intermittents soient prolongés d'une année au-delà des six mois, où leur activité aura été impossible ou très dégradée, c'est-à-dire jusqu'à fin août 2021".

Les syndicats d'artistes et de techniciens demandaient cette "année blanche" dans le calcul des 507 heures sur douze mois nécessaires pour pouvoir bénéficier de l'assurance chômage relative au statut d'intermittent. Une nécessité d'autant plus importante que, ne disposant pas de contrats signés en amont, la majorité des salariés du secteur n'ont pu profiter du dispositif de chômage partiel censé compenser les pertes de revenus.

Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d'un fonds d'indemnisation pour les séries ou tournages purement annulés, les reports n'étant pas concernés. Les artistes-auteurs bénéficieront, quant à eux, de l'exonération des cotisations pour quatre mois.

Une saison 2020-2021 à réinventer

Suite aux inquiétudes des acteurs du secteur, le Président de la République a tenté d'esquisser à quoi pourrait ressembler la reprise culturelle lors de la saison prochaine, malgré les mesures de distanciations sociales en vigueur: "la saison prochaine, il va falloir l'inventer. Moi je ne sais pas dire où sera cette épidémie (...) Il va falloir inventer des nouvelles formes avec le public. Cela doit être le mariage du bon sens et de l'innovation."

Un renouveau dans lequel l'Etat aura une place d'après le président. Il annonce notamment "un grand programme de commandes publiques" visant entre autres les "jeunes créateurs de moins de 30 ans".

Les artistes soulagés, les techniciens oubliés?

Suite à l'intervention attendue du Président, les réactions oscillent entre soulagement et scepticisme. L'Union Nationale de Défense des Intermittents de l'Audiovisuel (UNDIA) a par exemple déploré le flou entourant les mesures: "Si les annonces du président Macron semblent rassurantes (...), nous devons attendre les décrets pour mieux comprendre comment ce sera appliqué. D'autre part nous notons que les artistes ont été beaucoup cités mais les techniciens très peu. (...) Nous attendons avec impatience les annonces du ministre de la Culture Franck Riester". Spécificité française, le régime des intermittents du spectacle concerne 100.000 artistes et techniciens chaque année.

La culture en danger  (1.36 Mo)






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