L’Organisation Internationale de la Francophonie


Par Rédigé le 29/11/2016 (dernière modification le 29/11/2016)

Au lendemain du 16e sommet de la francophonie, il convient de s’interroger sur le rôle de l’Organisation mais aussi sur son éventuelle propension à être au cœur des questionnements de son temps. Qu’en est-il exactement? Rencontre avec Lauren Gimenez, directrice des affaires politique de l’OIF.


Organisation désuète ou véritable atout au service des problématiques du monde actuel?

16e sommet de la Francophonie à Antananarivo, Madagascar. Photo (c) OIF. Cliquez ici pour accéder au site

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Lorsque l’on parle de la francophonie, les noms des pères fondateurs comme Léopold Sédar Senghor ou Habib Bourguiba viennent tout de suite à l’esprit. Le terme de francophonie est apparu pour la première fois en 1880.

C'est le géographe Français Onésime Reclus (1837-1916) qui l'a employé qualifiant ainsi les espaces géographiques où la langue française était parlée. La francophonie c’est donc d’abord une langue commune, le français.

Puis, en 1955 il s’agissait de promouvoir l’idée d’une "communauté organique" francophone. Avec l’accession à l’indépendance des États africains, "il s’agissait de reprendre l’idée communautaire de la Constitution de 1958, en la repensant, comme nous l’avions fait en 1955: d’en faire une relecture africaine ou, mieux, pan-humaine".

C’était la tentative de réponse des 4 chefs d’État de l’empire colonial, ces pays souhaitaient à l’origine aller au-delà des logiques post-coloniales. Ils souhaitaient regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques. Il s'agit plus de la conscience d'avoir en commun une langue et une culture francophones que de décisions officielles ou de données objectives.

C’est une communauté d’intérêts. Les locuteurs du français se sont sentis menacés par l'omniprésence de l'anglais et l'influence de la culture anglo-américaine après la Seconde Guerre mondiale. C’est à partir de là que la conscience de la communauté francophone s'est réveillée avec le profond désir de s'unir pour défendre certaines spécificités de la langue française et une éventuelle exception culturelle.

À partir de 1997, émergeât l'idée de donner à l'organisme le nom de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de nommer à sa tête une personnalité prestigieuse: Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU. Il s'agissait sans doute pour la Francophonie, d'une part, de renforcer sa dimension, d'autre part, sa visibilité politique qui lui permis de se personnifier et d’être au même niveau que les autres organisations. Au total l'Organisation Internationale de la Francophonie compte 220 millions de francophones sachant lire, comprendre et écrire le français.

Au-delà de ses objectifs et de ses missions, l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) a souhaité pouvoir prendre en charge des problématiques émergentes.

Elle se voulait être en phase avec l’évolution du monde et de la société et être présente lors de débats avec des questionnements actuels comme la lutte contre le terrorisme ou encore le développement du numérique.

Comme le souligne Lauren Gimenez, Directrice des affaires politiques au sein de l’OIF, "l’Organisation a par exemple mis l’accent il y a quelques années sur l’égalité hommes femmes dans les relations intergouvernementales. Le poids des politiques, les problématiques émergentes ont entraîné une inflexion des données. Par exemple la COP21 présente en matière économique a saisi l’espace africain francophone pour mieux appréhender le développement d’économie potentielle".
Il faut davantage maîtriser les exigences internationales, et dans ce sens, la francophonie a mis en place un plan de formation pour faire face à un défi important, l’éducation.

L’OIF a fait de sa richesse et de la diversité de ses membres, un véritable atout pour tenter de répondre à d’autres thématiques. Par exemple, en matière d’immigration, dans les 80 Etats et gouvernements francophones (États membres, États observateurs et États associés), sont présents des pays avec des départs de migrants et des arrivées de migrants, ce qui favorise un certain type de réflexion, en coopération avec les acteurs spécifiques comme l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations).

L’organisation se saisit ainsi de certaines problématiques comme la lutte contre le terrorisme et apporte des réponses par le biais, notamment, de conférences internationales. A titre d’exemple, lors d’une grande conférence internationale qui a eu lieu en juin 2016, où étaient présents notamment 25 ministres francophones, l’OIF a permis d’explorer des pistes d’intervention dans la lutte contre le terrorisme et d’être ainsi complémentaire avec les propositions des autres organisations. Cette complémentarité avec les autres organisations et sa spécificité à l’espace francophone fait de l’OIF une véritable richesse dans l’appréhension et la tentative de résolution de problématiques émergentes.

Elle a une vocation universelle, une pratique quotidienne, qui favorise le dialogue avec l’ensemble des acteurs internationaux et permet un dépassement des clivages au sein des enceintes internationales.

"Avec l’OIF, on a intégré un espace multinational autre, que celui des Nations Unies" déclare Lauren Gimenez.
Comme le montre l’étude de l’IRSEM "Francophonie et profondeur stratégique", il s’agit pour les acteurs internationaux de trouver les ressources sur lesquelles s’appuyer, en profondeur, en tissant des liens avec les pays plutôt que de maîtriser frontalement et directement un territoire.

Sa cohérence et son unité, permettent à l’OIF d’avoir un positionnement stratégique intéressant dans la résolution des problématiques, et d’aller au-delà de ses missions. Loin de cette image obsolète, l’Organisation a su se saisir de problématiques actuelles et être complémentaire aux autres organisations.

En cela, elle est un gage d’avenir.







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