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Le séisme d’Haïti hante les esprits au Bénin


Par Gervais Loko Rédigé le 12/02/2010 (dernière modification le 12/02/2010)

Le tremblement de terre qui a endeuillé Haïti a laissé des séquelles jusqu’au Bénin. Renforcée par de brèves secousses le 11 septembre 2009, nombreux sont les Béninois qui vivent dans la crainte d’un séisme à la haïtienne. Une crainte qui se transforme en mouvements de panique dans plusieurs régions du pays.


Le Fouta Djalon a été victime de tremblements de terre, le 22 décembre 1983 et le 26 février 1984, ayant causé 275 morts et 1300 blessés. (source : wikipedia)
Le Fouta Djalon a été victime de tremblements de terre, le 22 décembre 1983 et le 26 février 1984, ayant causé 275 morts et 1300 blessés. (source : wikipedia)
C’est devenu courant et le phénomène prend de l’ampleur. Des scènes de panique consécutives à de fortes rumeurs de tremblement de terre imminent s’observent dans plusieurs communes. Après celles de Dogbo, Toviklin et Klouékanmè (département du Couffo), c’est le tour de la commune d’Abomey (Zou) d’éprouver les affres du séisme imaginaire. C’était le 19 janvier. Aux environs de 4 heures du matin, tout le quartier Adandokpodji a été réveillé par une alerte de tremblement de terre. La plupart des habitants ont envahi les cours de leur maison ou les rues afin, disent-ils, de «réduire les dégâts». Certains ont carrément quitté le quartier voire la ville.
«Je ne sais réellement pas qui est venu frapper à notre porte. Notre cour est restée en éveil depuis 4 heures jusqu’à ce petit matin. Mes parents et tous les autres, nous avons dormi dans la cour dans l’attente du tremblement de terre qui n’est pas venu», rapporte Gilbert, élève en classe de troisième. «Ma mère m’a forcée à me laver dans la cour de la maison car elle craignait que le prétendu séisme n’intervienne au moment où je serais sous la douche», témoigne Hermine, institutrice à l’école Tchêhêlou du quartier.
Cette peur d’inégale ampleur notée dans autres localités est sans doute alimentée par les images de chaos et de détresse humaine diffusées sur les chaînes de télévision à propos du séisme du 12 janvier à Port-au-Prince.
Au-delà du cas d’Haïti, il y a surtout le sentiment de plus en plus entretenu que le même drame pouvait survenir ici quand on se souvient qu’au petit matin du 11 septembre 2009, la terre a «très brièvement» tremblé dans des localités du sud, de l’ouest et du centre du Bénin. «Les secousses du 11 septembre sont la preuve que le Bénin n’est pas à l’abri d’un séisme», soutient Eric, un étudiant de Cotonou.
Les spécialistes ne voient pas les choses de la même façon. Pour eux, la côte atlantique à laquelle appartient le Bénin ne présente pas une situation favorable au séisme. Car, «les limites occidentales de la plaque Afrique se trouvent en plein océan atlantique à des milliers de kilomètres du bloc continental ; en d’autres termes la côte atlantique du continent africain n’est ni une zone compressive ni une zone disjonctive mais une zone stable sur le plan de la tectonique globale», souligne Aurélien Houessou, géologue et ancien ministre des Mines qui reconnaît cependant l’existence de «failles dont la remise éventuelle en mouvement peut déclencher des séismes».
Même ton d’apaisement chez le géologue Nestor Vedogbeton. «Tenant compte du calme séismique du territoire béninois et de celui des pays limitrophes et ce, en conformité avec la stabilité de la bordure atlantique de l’Afrique, nous pouvons conclure que les risques de grands tremblements de terre au Bénin sont très faibles», a-t-il souligné dans un article signé au lendemain des secousses du 11 septembre.
Ce n’est pas la première fois que le pays subit des secousses sans dégâts matériels ni perte en vies humaines. Les tremblements enregistrés en 1913 et le 22 juin 1939 n’avaient eu aucun impact important. Mais jusqu’à quand cela va-t-il durer ? C’est la question sur toutes les lèvres. Et certains ont fouillé dans la annales de l’histoire pour débusquer que, malgré que la Guinée Conakry appartient à la même zone, le Fouta Djalon a été victime de tremblements de terre, le 22 décembre 1983 et le 26 février 1984, ayant causé 275 morts et 1 300 blessés.
Visiblement, les assurances des experts ne convainquent personne. «Que savent nos experts ? Ils n’étaient même pas capables de nous dire à quelle échelle de Richter avaient eu lieu les secousses du 11 septembre», fait observer Eric.
Comme Eric, le doute a envahi plusieurs personnes. Récemment, un hebdomadaire béninois a relayé les plaintes persistantes de spécialistes de l’immobilier. Ces derniers ont constaté un «certain recul» des transactions foncières à Godomey, une banlieue de Cotonou, principal foyer des secousses du mois de septembre 2009. «Les gens hésitent à louer des chambres ou à acheter des terrains dans la zone ; ils préfèrent maintenant l’est de Cotonou…», nous confie, sur un ton inquiet, Koffi, un « démarcheur » qui aide les particuliers à trouver des appartements à louer. Avec le drame haïtien, risque de perdurer l’inquiétude de Koffi. Et celle de bien d’autres.









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