"Les Vagabonds", par Robert W. Service

Des poèmes qui font voyager


Par Rédigé le 17/11/2017 (dernière modification le 03/11/2017)

Ce poème a été écrit en 1907 par Robert W. Service, sous le titre original "The Tramps". La traduction en français et la vidéo ont été réalisées par son arrière petite-fille et biographe.


"Les Vagabonds" ("The Tramps")

Te souviens-tu, cher compagnon,
quand nous parcourions ensemble la terre de Dieu,
Et que nous chantions l’immortel refrain du Monde,
car notre jeunesse était insouciante;
Quand nous buvions, aimions et luttions,
Tout en brocardant liens et attaches,
Sur la route de Nulle Part, le vaste monde à nos pieds.

Sur la route de Nulle Part, quand chaque jour était une aventure;
Quand le temps nous obéissait encore, et que la vie était une perpétuelle plaisanterie;
Quand la paix absolue inondait nos cœurs,
comme de l’ambre baigné de splendeurs,
Sur la route de Nulle Part nous contemplions les crépuscules pâlir?

Hélas! La route de Nulle Part est pavé de malheurs;
La faim, la fatigue, et les nécessités, pourtant ô comme nous l'aimions!
Pendant que nous marchions triomphalement, sans maître ni contrainte,
Personne ne pouvait deviner nos rêves,
alors que nous nous tournions royalement les pouces,
Nous avons parcouru la route de Nulle Part, l’illusoire route de Nulle part,
L’impitoyable route qui ne mène Nulle Part, durant ces chères années perdues.


Les Vagabonds, Robert W. Service.mp3  (757.59 Ko)



Analyse du poème

À travers le cheminement de la vie de vagabondage des protagonistes décrit dans le poème, Robert W. Service se remémore sa propre jeunesse insouciante de "hobo".Ses années passées sur les routes de la Côte Pacifique furent un moment grisant de Liberté sans entrave, ni contingence autres que celles de trouver un lieu propice où poser son baluchon pour la nuit.
Le poète s’est laissé grisé par cette intense Liberté, au risque de se fuir lui-même et de se perdre. Sur les vastes routes de l’aventure, la Vie reste à découvrir, tous les choix sont possibles, mais à force de ne choisir "nulle part" où se fixer, beaucoup d’hommes ont vainement gaspillé leur jeunesse.
Même si le feu de l’aventure et la soif de découvertes sont toujours vifs, le poète juge avec réalisme ses errances de jeunesse, car la route de la Liberté est bercée de rêves, mais aussi de vacuité existentielle.





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