Rapport 2013 d’Amnesty International: Situation des droits humains dans 159 pays

Communication de notre partenaire


Par Le Podcast Journal Rédigé le 02/06/2013 (dernière modification le 29/05/2013)

Le 9 octobre 2012 au Pakistan, Malala Yousafzai a été atteinte à la tête d’une balle tirée par des talibans. Le crime de cette adolescente de 15 ans? Défendre le droit à l’éducation des filles. L’arme du crime? Un blog.


Ce rapport est le témoignage du courage et de la détermination de ceux qui se sont levés pour exiger le respect de leurs droits et proclamer leur solidarité

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Tout comme l’acte de Mohamed Bouazizi qui, en 2010, avait entraîné dans son sillage un vaste mouvement de contestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la détermination de Malala Yousafzai a eu des effets bien au-delà des frontières pakistanaises. Les souffrances endurées par certains et le courage déployé par tant d’hommes et de femmes, associés à la puissance des médias sociaux qui ne connaissent pas de frontières, ont modifié notre perception du combat en faveur des droits humains, de l’égalité et de la justice, et ont infléchi de façon perceptible le discours sur la souveraineté et les droits fondamentaux de la personne.

Aux quatre coins du monde, des gens se sont mis en danger et ont investi les rues et la sphère numérique pour dénoncer la répression et la violence exercées par des gouvernements et d’autres acteurs puissants. S’exprimant dans des blogs, dans d’autres médias sociaux et dans la presse traditionnelle, ils ont fait naître un courant de solidarité internationale pour que Mohamed Bouazizi ne tombe pas dans l’oubli, pour que Malala garde espoir.

Un tel courage, combiné à la capacité de communiquer notre soif de liberté, de justice et de respect des droits, suscite l’inquiétude de ceux qui sont au pouvoir. Contraste saisissant avec le soutien apporté à celles et ceux qui dénoncent l’oppression et la discrimination, nous voyons de nombreux gouvernements s’employer à réprimer des manifestations pourtant pacifiques et tenter désespérément de contrôler la sphère numérique – notamment en essayant de réédifier leurs frontières nationales dans cette sphère.

Quelle est en effet la réaction des pouvoirs en place, qui s’accrochent à leur "souveraineté" et abusent de ce concept, lorsqu’ils prennent conscience que de simples citoyens sont potentiellement aptes à démanteler les structures dirigeantes et à braquer les projecteurs sur les outils de répression et de désinformation qu’ils utilisent pour conserver leurs prérogatives? Le système économique, politique et commercial mis en place par les détenteurs du pouvoir entraîne souvent des atteintes aux droits fondamentaux. Le commerce des armes, par exemple, détruit des vies mais est défendu par des États qui soit ont recours à ces armes pour opprimer leur propre peuple, soit tirent profit de ce commerce. Ils invoquent la souveraineté à titre de justification.

Souveraineté et solidarité

Dans notre quête de liberté, de respect des droits et d’égalité, nous devons repenser le concept de souveraineté. La souveraineté devrait – et peut – naître de la prise en main de son propre destin. C’est le cas des États qui triomphent du colonialisme ou de voisins dominateurs, ou encore de ceux qui naissent des cendres de mouvements qui ont renversé des régimes répressifs et corrompus. La souveraineté est alors positive. Pour qu’elle le demeure et que les risques d’exploitation qu’elle pose soient maîtrisés, nous devons redéfinir la souveraineté et accepter l’existence, au niveau mondial, à la fois d’une solidarité et d’une responsabilité. Nous sommes citoyens du monde. Nous nous soucions de ce qui se passe autour de nous, car nous avons accès à l’information et pouvons choisir de ne pas connaître de frontières.

Les États invoquent régulièrement la "souveraineté" – qu’ils ramènent au contrôle de leurs affaires intérieures sans ingérence externe – pour agir comme bon leur semble. Ils utilisent cette notion pour dissimuler ou nier massacres, génocides, oppression, corruption, privation de nourriture et persécutions liées au genre. Mais ceux qui abusent de leurs pouvoirs et de leurs prérogatives ne peuvent plus s’en cacher facilement. Les téléphones mobiles permettent d’enregistrer et de mettre en ligne des vidéos qui font apparaître en temps réel les violations des droits humains commises et révèlent au grand jour la réalité qui se cache derrière les discours hypocrites et les justifications intéressées. Les entreprises, entre autres puissants acteurs privés, font elles aussi plus facilement l’objet d’une surveillance maintenant car il leur est de plus en plus difficile, lorsque leurs actions sont nuisibles ou criminelles, d’en dissimuler les conséquences.

La circulation de l’information et les utilisateurs d'Internet dans le monde

De nouvelles formes de communication se sont installées dans nos vies à une vitesse impressionnante. Entre 1985, année de création du premier nom de domaine avec l’extension .com, et aujourd’hui, où l’on compte 2,5 milliards d’internautes, le paysage numérique a connu une transformation fulgurante. En 1989, Tim Berners-Lee rédigeait une proposition de gestion de l’information sur Internet. Hotmail a vu le jour en 1996, les blogs en 1999 et Wikipédia en 2001. Facebook est né en 2004. YouTube en 2005. Cette même année, Internet a enregistré son milliardième utilisateur qui, statistiquement, a toutes les chances d’être une femme âgée de 24 ans et habitant à Shanghai. En 2006 sont apparus Twitter et le site chinois censuré de Google, Gu Ge. En 2008, la Chine comptait un plus grand nombre d’internautes que les États-Unis. Cette année-là, des militants travaillant avec des citoyens-journalistes kenyans ont développé un site Web appelé Ushahidi (terme swahili signifiant "témoignage"). Conçu à l’origine pour recenser les violences intervenues au Kenya après les élections, il s’est transformé en une plateforme internationale dont l’objectif est de "démocratiser l’information".

La situation est simple: l’ouverture du monde numérique offre des chances égales à tous et permet à un nombre toujours plus élevé de personnes d’accéder aux informations dont elles ont besoin pour interpeller les gouvernements et les entreprises. Elle favorise la transparence et l’obligation de rendre des comptes. L’information est source de pouvoir: Internet est à même de donner aux sept milliards d’habitants de la planète les moyens d’agir. C’est un outil qui nous permet d’avoir connaissance des atteintes aux droits fondamentaux où qu’elles aient lieu, d’apporter la preuve de leur existence et de les dénoncer. Il nous permet de partager des informations et nous aide ainsi à œuvrer main dans la main pour résoudre des problèmes, promouvoir la sécurité des personnes et le développement humain et concrétiser la promesse des droits humains.

La souveraineté des États, lorsqu’elle est invoquée abusivement, est diamétralement opposée à cette vision. Elle est associée au cloisonnement, au contrôle de l’information et des communications, à la dissimulation derrière les lois relatives au secret d’État et d’autres dispositions exonérant les gouvernements de leurs responsabilités. En invoquant sa souveraineté, un gouvernement entend affirmer qu’il n’a pas de comptes à rendre et que, dès lors qu’il agit à l’intérieur de ses propres frontières, il ne peut pas être remis en cause. C’est ainsi que les puissants exercent leur autorité sur ceux qui sont démunis.

L'Europe est la région du monde ayant le taux de pénétration d’Internet le plus élevé (75%), devant les Amériques (61%). En Afrique, 16% de la population utilise Internet, soit moitié moins que dans la région Asie-Pacifique.
C'est en Europe que les services sont le plus abordables: ils représentent moins de 2% du revenu national brut (RNB) par habitant.

"Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. Nous sommes pris dans un réseau d'interdépendances auquel nous ne pouvons échapper, tous liés par une destinée commune. Tout ce qui touche l'un de nous directement, touche indirectement tous les autres."
Martin Luther King





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