Ces retraités britanniques obligés de travailler


Par Rédigé le 02/04/2019 (dernière modification le 31/03/2019)

Les Britanniques peuvent-ils survivre exclusivement avec leur retraite publique? Ou mangent-ils des "beans" tous les soirs? En réalité, des milliers de retraités enchaînent des petits boulots pour survivre.


"L'Etat m'a volé £48,000 et 5 ans de ma vie." Photo (c) M.Colombier
"Aujourd’hui je dois travailler en plus de ma retraite" explique James, 68 ans. En 2018, 1,5 million de retraités - déclarés - travaillaient pour boucler leurs fins de mois au Royaume-Uni. S’il n’y a pas de limite d’âge maximale pour travailler, c’est bien parce que les retraités ne s’en sortent plus avec leurs maigres retraites. Et ce n’est pas près de s’améliorer.

£168,60 par semaine, est-ce suffisant pour vivre?

Selon une étude récente de la Fondation britannique Joseph Rowntree, le revenu minimal d’un retraité pour avoir une vie décente au Royaume-Uni est d’environ £10,000 par an. Cela permet de pouvoir payer ses factures, les frais de santé et s’acheter du vin occasionnellement. Mais aujourd’hui la pension de retraite à taux plein s’élève à £168,60 par semaine (198€), soit environ £8000 par an (9392€). On est loin du compte.

James, 68 ans, ancien employé du secteur automobile, travaille encore occasionnellement en cas de coup dur. "J’ai travaillé toute ma vie et aujourd’hui je dois compter chaque centime dépensé", dit-il dépité. "Il n’y a pas de superflu avec ma petite retraite. Pas de bière au pub ni de vacances". Quant à Anne Williams, 67 ans, elle est debout toute la journée. Elle fait des ménages et garde les enfants du quartier. "Je veux pouvoir offrir des cadeaux à mes petits-enfants et ce n’est pas avec ma retraite que je vais pouvoir le faire!" annonce-t-elle tristement.

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Les femmes plus durement touchées

63% des retraités ne touchent même pas une retraite complète, faute de cotisations suffisantes. C’est malheureusement le cas de la plupart des retraitées d’aujourd’hui ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants. Comme Sarah Kelman, 73 ans, elles ont peu, voire pas de retraite. "J’ai dû arrêter de travailler pour mes enfants. J’ai fait des gardes de personnes âgées mais maintenant je n’y arrive plus", dit-elle. Puis doucement, elle ajoute "mes enfants m’aident un peu mais cela m’arrive d’aller à la banque alimentaire".

La politique gouvernementale de 2009 alignant l’âge de la retraite des femmes sur celles des hommes a entraîné l’appauvrissement des sexagénaires du pays. De 60 ans, la possibilité de percevoir sa retraite est passée à 65 ans. "L’État m’a volé £48,000 et 5 ans de ma vie", estime Sandra Parker. D’autres ont dû vendre leur résidence principale pour s’assurer une retraite décente comme Kate Saty. "J’étais indépendante. Je n’aurais pas tenu cinq ans de plus", dit-elle. "Et comme je n’avais pas suffisamment d’économies, j’ai vendu ma maison".

Il faudrait épargner 15% de son salaire pour s’assurer une belle retraite. Pour éviter la précarité, les jeunes Britanniques devront s’y mettre avant même de pouvoir acheter leur premier appartement.







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