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La mezzo-soprano espagnole Teresa Berganza est morte


Par Rédigé le 16/05/2022 (dernière modification le 16/05/2022)

Elle s’est éteinte à Madrid vendredi 13 mai, entourée de ses proches, à l’âge de 89 ans. Le ministère espagnol de la Culture a annoncé "Nous avons la grande tristesse d’apprendre la disparition de Teresa Berganza".


La grande soprano espagnole est décédée le 13 mai 2022 (c) DR
La grande soprano espagnole est décédée le 13 mai 2022 (c) DR
Quant au Premier ministre Pedro Sánchez, il a salué "Une des plus grandes voix féminines du monde". Ajoutant "Sa voix, son élégance, son art nous accompagneront pour toujours". Même si la cantatrice avait laissé ce message diffusé par sa famille dans les médias de la Péninsule "Je ne veux pas d’annonce publique ni de veillée funèbre, rien. Je suis venue au monde sans que personne ne le sache, je souhaite qu’il en soit de même quand j’en partirai".
Née à Madrid le 16 mars 1933, Teresa Berganza avait commencé l’étude du solfège avec son père, un comptable lettré et mélomane. Au conservatoire de Madrid elle étudie le piano, l’orgue, la musique de chambre, l’histoire de la musique et la composition avant d’aborder le chant avec Lola Rodríguez Aragón, pédagogue réputée, elle-même élève de la grande mozartienne Elisabeth Schumann. Elle en est diplômée en 1954 et débute dans le répertoire de la zarzuela qui, à l’époque franquiste, semble plus répandu que celui de l’opéra. Elle défendra tout au long de sa carrière ce genre typiquement espagnol qui tient de l’opérette et de l’opéra-comique. Elle ira même jusqu’à déclarer dans une interview donnée il y a quelques années "Je vous le dis comme je le pense, certaines de nos zarzuelas valent mille fois mieux qu'un opéra de Donizetti".

Tout commence vraiment pour elle quand, à 24 ans, sur la scène du Théâtre de l’Archevêché à Aix-en-Provence, dans le cadre du Festival, elle interprète Dorabella du Così fan tutte de Mozart, aux côtés de chanteurs chevronnés Comme Teresa Stich-Randall ou Rolando Panerai sous l’inoubliable direction de Hans Rosbaud. L’année suivante, on la retrouve au Civic Opera de Dallas récemment inauguré, auprès de Maria Callas, dans Médée de Cherubini. Ensuite, ce sera la Scala de Milan pour le rôle du page Isolier du Comte Ory de Rossini. Elle triomphera à Vienne, Paris, Londres, New York ou Chicago. Mozart et Rossini, elle disait qu’ils veillaient sur elle comme des "anges gardiens", le premier "pour le style et l’âme", le second "pour la technique et l’agilité". Malgré ses cinq rôles fétiches, Dorabella de Così fan lutte, Cherubino des Noces de Figaro, de Mozart. Rosina du Barbier de Séville, Cenerentola et Isabella de L'Italiana in Algeri de Rossini, qu’elle a tenus partout dans le monde jusqu’à la fin des années 1970, Teresa Berganza ne se limitera pas à ses deux compositeurs d’élection. Elle aborde Purcell, Monteverdi, Haendel et Scarlatti. Elle interprète un grand nombre de pièces de ses compatriotes Manuel de Falla, Federico García Lorca, Enrique Granados ou Joaquín Turina. Elle enregistre quantité de saetas ou couplets religieux, villancicos ou chants de Noël, romanzas populaires et cantigas de la Renaissance.

Elle ne sera Carmen qu'assez tard, en 1977, à 44 ans, au Festival d’Edimbourg avec Claudio Abbado au pupitre du London Symphony Orchestra. Herbert von Karajan déclarera qu’elle était "la plus grande Carmen de toute l’histoire de l’opéra". En 1978, elle illuminera le Festival d'Aix-en-Provence avec son Ruggero d'Alcina de Haendel mise en scène de Jorge Lavelli et dirigée par Raymond Leppard. Elle apparaît en Zerlina dans le film "Don Giovanni" de Joseph Losey en 1979. Elle chante encore Gluck, Fauré, Schubert, ou Puccini et même Moussorgski. Elle participa en compagnie de Barbara Hendricks, Ruggero Raimondi et Placido Domingo au concert d’inauguration de l’Opéra Bastille le 13 juillet 1989 sous la direction de George Prêtre, devant 32 chefs d’État et de gouvernement.

Presque sexagénaire, en 1992, elle fait ses adieux à la scène à Séville, avec sa dernière Carmen. Elle se consacrera à des cours et à des interviews dans lesquelles elle fait preuve d’une franchise, d’une humilité et d’un humour peu communs. Elle osera avouer "Je n'aime pas ce qu'on fait aujourd'hui, ces mises en scène qui ne respectent ni l'époque ni la musique. Pour moi, l'opéra est une religion, et il faut la respecter comme telle "où les plus grands sont toujours les plus humbles". Rubinstein ou Giulini l'étaient. "Même Karajan, qui pouvait donner l'impression de cultiver le mythe du chef superstar". Elle se retirera dans son appartement près du monastère de l’Escurial. "Je me vois m'épanouir lentement, avec des cheveux blancs roulés en petit chignon, dans une jolie robe rouge; disparaître comme le soleil se couche, comme je suis venue, sans le vouloir. Mais en beauté".

A 80 ans, elle publie ses mémoires chez Buchet-Chastel "Un monde habité par le chant", écrits avec Olivier Bellamy.
Le prix Prince des Asturie lui est remis en 1991 et le prix national de musique en 1996. Elle a été la première femme admise à L'Académie royale des Beaux-Arts Saint-Ferdinand à Madrid et a été faite docteur honoris causa de l’Université Complutense de la capitale espagnole.








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