Le continent noir ne compte plus les associations d’aide, les organisations locales ou internationales présentes sur son territoire d’Est en Ouest, qui accomplissent, soulignons-le ici, chaque jour un travail remarquable auprès de populations déplacées ou démunies.
Le personnel de ces divers organismes humanitaires se compose, entre autres, de milliers d’expatriés qui font de l’altruisme leur vie, qui apportent leurs contributions à un système d’aide largement implanté et utile. Mais loin de l’imaginaire collectif qui veut que l’humanitaire typique soit jeune, insouciant, en quête d’identité ou encore en année sabbatique, la grande majorité des organismes compte des personnes diplômées, responsables, expérimentées, mais surtout conscientes des réalités régionales, et quand c’est nécessaire, savent prendre toutes les mesures de sécurité à leur portée, en collaborant avec les autorités et les associations locales. C’est d’ailleurs dans cette optique que notre magazine continuera de rendre compte de ces faits et du travail accompli sur place.
Cependant, ce personnel humanitaire ne sera jamais à l’abri du danger, de l’intimidation, des vols ou victimes de la vague d’enlèvements qui les cible présentement et qui en font des monnaies d’échange à la mode, au Mali, en Mauritanie, en Somalie, au Soudan ou encore au Tchad. Le cas du Français Pierre Camatte, enlevé au Mali par la branche d’Al-Qaeda au Maghreb et libéré fin février en échange de quatre présumés terroristes, fait polémique actuellement. Espion ou réel humanitaire, on ne peut négliger son calvaire de trois mois aux mains de ses ravisseurs. Beaucoup se sont posés la question cruelle de savoir si un humanitaire vaut quatre islamistes relâchés dans la nature. Et la meilleure réponse va à Camatte lui-même : quatre islamistes de plus dans la nature ne change en rien au recrutement incessant de ces groupuscules et à la menace qui pèse sur les humanitaires sur place.
Malgré ce danger, le personnel engagé sur le terrain reste convaincu de l’utilité de son travail, et le risque élevé dans certaines régions du continent est à la hauteur de la richesse humaine vécue. Et pendant ce temps, d’autres Occidentaux en mal de reconnaissance médiatique se cherchent une vie en participant à une émission « télé-cliché » au modeste coût de 20 millions d’euros, qui véhicule chaque semaine en France l’image d’une Afrique comme territoire sauvage, hostile et qui « gratte ». Loin d’une représentation juste de la réalité, ils simplifient et pillent joyeusement l’image du continent en toute impunité.
Zora Ait El Machkouri
Éditorial paru dans le magazine Éthiques et Sociétés, Numéro 5.
Découvrez le seul média indépendant et francophone sur l'humanitaire en Afrique.
Le personnel de ces divers organismes humanitaires se compose, entre autres, de milliers d’expatriés qui font de l’altruisme leur vie, qui apportent leurs contributions à un système d’aide largement implanté et utile. Mais loin de l’imaginaire collectif qui veut que l’humanitaire typique soit jeune, insouciant, en quête d’identité ou encore en année sabbatique, la grande majorité des organismes compte des personnes diplômées, responsables, expérimentées, mais surtout conscientes des réalités régionales, et quand c’est nécessaire, savent prendre toutes les mesures de sécurité à leur portée, en collaborant avec les autorités et les associations locales. C’est d’ailleurs dans cette optique que notre magazine continuera de rendre compte de ces faits et du travail accompli sur place.
Cependant, ce personnel humanitaire ne sera jamais à l’abri du danger, de l’intimidation, des vols ou victimes de la vague d’enlèvements qui les cible présentement et qui en font des monnaies d’échange à la mode, au Mali, en Mauritanie, en Somalie, au Soudan ou encore au Tchad. Le cas du Français Pierre Camatte, enlevé au Mali par la branche d’Al-Qaeda au Maghreb et libéré fin février en échange de quatre présumés terroristes, fait polémique actuellement. Espion ou réel humanitaire, on ne peut négliger son calvaire de trois mois aux mains de ses ravisseurs. Beaucoup se sont posés la question cruelle de savoir si un humanitaire vaut quatre islamistes relâchés dans la nature. Et la meilleure réponse va à Camatte lui-même : quatre islamistes de plus dans la nature ne change en rien au recrutement incessant de ces groupuscules et à la menace qui pèse sur les humanitaires sur place.
Malgré ce danger, le personnel engagé sur le terrain reste convaincu de l’utilité de son travail, et le risque élevé dans certaines régions du continent est à la hauteur de la richesse humaine vécue. Et pendant ce temps, d’autres Occidentaux en mal de reconnaissance médiatique se cherchent une vie en participant à une émission « télé-cliché » au modeste coût de 20 millions d’euros, qui véhicule chaque semaine en France l’image d’une Afrique comme territoire sauvage, hostile et qui « gratte ». Loin d’une représentation juste de la réalité, ils simplifient et pillent joyeusement l’image du continent en toute impunité.
Zora Ait El Machkouri
Éditorial paru dans le magazine Éthiques et Sociétés, Numéro 5.
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"Plus de treize ans après Fukushima"
