Les commerçants rabatteurs au marché de Madina


Par Rédigé le 12/10/2018 (dernière modification le 19/10/2018)

Au marché de Madina, le plus grand de Guinée, sis à Conakry, rabatteurs et commerçants grossistes, travaillent ensemble.


Photo prise par l'auteur.

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A Madina, à la devanture des magasins ou étals, il suffit juste de dire, je cherche tel ou tel produit. Une personne réagira sur le champ en proposant de vous envoyer le produit souhaité ou vous conduire à la boutique qui revend le produit. Ces jeunes "Bana Bana" dans le jargon du pays sont les intermédiaires entre les commerçants et les clients. Ils sont présents partout: aux multiples entrées du marché, sur les passages et couloirs à l’intérieur du marché, devant les étals et magasins, etc. Ils interpellent aussi les passants pour leur demander ce qu’ils veulent. Et arpentent les différents sentiers du marché à la recherche du produit.

Ils se font rémunérer en ajoutant 1.000f, 2.000 ou 5.000f, sur le prix que le commerçant a fixé. "Sous la permission du commerçant avec lequel on travaille, nous ajoutons cette petite somme sur le prix normal pour ne pas que le client estime que le prix est cher dans telle boutique, et l’évite ultérieurement", déclare Samba Diallo. "Soit nous venons d’abord seul chez le commerçant pour trouver un accord avec lui sur le prix, soit on vient avec l’acheteur et le commerçant donne son prix en tenant compte de notre petit intérêt", rajoute t-il.

Les rabatteurs arrivent à avoir entre 50.000 et 200.000 gnf par jour. Quand ils réalisent un gain sur un acheteur, on les entend dire entre eux "j’ai fais wanarè", qui signifie j’ai beaucoup gagné, dans leur jargon. Amadou Baldé vient parfois aider sa maman qui dispose d’une boutique. Quand un client lui demande un produit que sa maman n’a pas dans son magasin, "Je lui dis: attendez moi ici, mon oncle ou mon frère en a dans sa boutique d’à côté. J’arpente les couloirs et je reviens avec le produit. Comme ça je gagne mon propre argent", explique-t-il.
Certains clients détestent les bananas. "Mais nous on gère (pour dire, nous ne considérons pas)", rapporte Alpha Oumar Barry.

Toutes les catégories sociales font cette activité: jeunes déscolarisés, étudiants ou jeunes diplômés refoulés par le marché de l’emploi, n’ayant pas les moyens pour ouvrir une boutique. Sans oublier les fonctionnaires modestes, qui envoient des objets spécifiques aux départements pour les vendre à leurs collègues en vue de se faire un profit, pour "combler les frais liés aux repas journaliers ou au transport".







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