Mon corps, mes droits


Par CP Rédigé le 20/02/2013 (dernière modification le 18/02/2013)

Latifah, une adolescente de 14 ans vivant en Indonésie, a été accusée d’adultère par la police locale lorsqu’elle s’est présentée au poste pour indiquer qu’elle avait été violée. Louisa, une jeune femme du Burkina Faso, a été insultée et giflée lors de son accouchement dans un hôpital local. Marta, une employée de maison de 30 ans habitant en Indonésie, s’est vu refuser des contraceptifs dans un centre de santé de Jakarta, parce qu’elle n’avait pas encore eu d’enfants. Elena, une fillette de 10 ans violée par un prêtre au Nicaragua, a subi des pressions destinées à l’empêcher de porter plainte et à garder le silence avant que son agresseur ne soit finalement poursuivi en justice et condamné à 30 ans d’emprisonnement...


L’absence de certains droits dans les politiques sur la santé sexuelle et reproductive dans le monde tue les femmes en silence

Le nom de ces femmes a été modifié. Toutefois, leur histoire témoigne des conséquences de la discrimination profonde dont sont victimes des millions de femmes et de filles dans le monde entier, simplement en raison de leur genre.

Selon des organisations de défense des droits humains, les répercussions sont souvent catastrophiques lorsque les femmes et les filles n’ont pas accès à de bons services de santé ni aux informations appropriées. Dans de nombreux pays, l’absence d’autonomie et de pouvoir décisionnel des femmes et des filles constitue généralement un autre handicap. Les Nations unies ont récemment indiqué que 800 femmes mouraient chaque jour durant la grossesse ou l’accouchement et qu’à chacun de ces décès venaient s’ajouter 20 autres femmes qui souffraient toute leur vie des suites d’une lésion, d’une infection, d’une maladie ou d’un handicap résultant de la grossesse, de l’accouchement ou d’un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions.

Dans de nombreux pays, il est quasiment impossible pour les femmes et les filles d’avoir accès à des informations et des services de base dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive. Cette situation s’explique parfois par le refus des États d’accorder la priorité à ce domaine ou d’investir des ressources dans celui-ci. Lorsque des services de santé sont disponibles, ils sont généralement concentrés dans les zones les plus riches et sont de fait inaccessibles pour de nombreuses femmes qui habitent trop loin ou ne peuvent supporter le coût du voyage.

Ce manque d’informations associé à un accès limité à l’avortement signifie que de nombreuses jeunes femmes n’ont d’autre choix que de poursuivre une grossesse non désirée ou de recourir à un avortement clandestin, pratiqué généralement dans des conditions dangereuses. Selon les estimations des Nations unies, sur les quelque 19 millions d’avortements dangereux pratiqués chaque année dans les pays en voie de développement, 2,5 millions le sont sur des adolescentes, et les filles de 10 à 19 ans représentent 70 % des hospitalisations suite à un avortement dangereux.

En 2011, l’ONUSIDA a indiqué que seuls 34 % des jeunes dans les pays en voie de développement étaient capables de répondre correctement à cinq questions de base sur le VIH et sur les moyens de prévention. Les jeunes représentent actuellement 41 % des nouveaux cas d’infection par le VIH.

En 1994, lors d’une conférence sans précédent organisée au Caire, les dirigeants de 179 États réaffirmé le droit des femmes et des filles de faire des choix dans le domaine de la sexualité, de la grossesse et de la maternité, et se sont engagés à placer l’autonomisation des femmes au cœur des politiques relatives à la population et au développement.
Les représentants des États membres des Nations unies se réuniront de nouveau en 2014 pour évaluer les progrès accomplis depuis l’adoption du Programme d’action il y a de cela deux décennies au Caire. Ils examineront en particulier les efforts déployés par les pays pour mettre en œuvre leurs engagements.





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