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Ali Bongo prend conseil


Par Max Dominique Ayissi Rédigé le 11/09/2009 (dernière modification le 11/09/2009)

Omar Bongo Ondimba doit se retourner dans sa tombe. Quatre mois seulement après sa mort, son fils et successeur effectue sa première visite chez Paul Biya, son grand rival de toujours dans le leadership sous-régional et même continental. Mais Ali Bongo ne passera pas la nuit à Yaoundé.


Ali Bongo prend conseil
Trois heures, c’est exactement le temps que le président élu du Gabon séjournera dans la capitale camerounaise. Entre l’accueil présidentiel à 10 heures (9h gmt) et son départ de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen à 13 heures (12h gmt), le fils et successeur annoncé de Omar Bongo Ondimba aura droit à tous les honneurs dus à un chef d’Etat. L’installation au Hilton Hôtel et une audience d’une heure constitueront l’essentiel de ce déplacement.
Si rien n’a officiellement filtré, sur les raisons de ce que le Palais de l'Unité, la présidence de la République du Cameroun, présente comme une « visite d’amitié », il est certain que l’actualité post électorale gabonaise sera le principal sujet à l’ordre du jour de cette rencontre. Depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 30 août, le fils et successeur proclamé du défunt président gabonais fait face à une forte contestation.

Des adversaires dans la rue

Ses concurrents ont tous rejeté, ou presque, les résultats officiels de ce scrutin, qu’ils qualifient de « coup d’Etat électoral ». Ils ont demandé, il y a quelques jours, le recomptage de la totalité des bulletins de vote. Après de violentes manifestations, à Libreville et surtout à Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, les principaux leaders de l’opposition gabonaise ont demandé à leurs sympathisants de se préparer à une contestation qui va durée dans le temps.
Officiellement, ces violences ont déjà fait 03 morts. Des pillards abattus, selon le gouvernement. Ce que conteste l’opposition. elle qui affirme qu'il y en aurait 15 au moins, exige la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale.
Outre les élections présidentielles dont les procès verbaux officiels sont fortement remis en cause, les récriminations tournent autour de ce que les gabonais, ceux de la diaspora notamment, appellent l’instauration d’une dynastie à la tête de leur pays. Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), créé par Omar Bongo, est lui aussi sorti diviser de ce scrutin puisque, à la suite de la désignation de Ali Bongo comme candidat officiel du parti à la présidentielle, quelques figures emblématiques, dont le dernier premier ministre de son père, Jean Eyeghé Ndong et Casimir Oyé Mba, lui aussi ancien premier ministre et ministre du pétrole, avaient fait dissidence pour se présenter comme candidats indépendants.
Autant dire, en attendant le règlement du contentieux électoral, que le règne du deuxième des Bongo ne s’annonce pas aussi paisible que les quarante ans de pouvoir de son père.

La françafrique nouvelle est en marche

Après Mouammar Kadhafi, Paul Biya avait été le premier chef d’Etat africain à féliciter le candidat du PDG, tout de suite suivi du français, Nicolas Sarkozy. Deux soutiens de poids, sous le sceau des nouvelles orientations présumées de la françafrique, pour légitimer une situation pour le moins délicate et venir relativiser le peu d’engouement que manifestait le collège des chefs d’Etats à reconnaitre le nouveau président.
Selon certains observateurs, c’est pour remercier Paul Biya de lui avoir retiré cette épine du pied que Ali Bongo est à Yaoundé. Il ne faut pas non plus oublier que, lors de sa visite en France, il y a quelques semaines, le chef de l’Etat Camerounais avait fait part de sa disponibilité à servir de porte flambeau de la France en Afrique. Une position justement laissée vacante par la mort de Omar Bongo Ondimba.
Ce serait donc en sa qualité de nouveau manager des intérêts francophones en Afrique que Paul Biya reçoit le chef d’Etat élu du Gabon. Probablement chargé, par l’Elysée, d’éteindre un feu qui, s’il s’enflammait, embraserait certainement davantage la sous-région et compromettrait sérieusement les intérêts français.

Le parrain ?

Malgré des allégations qui faisaient état de sa préférence pour Casimir Oyé Mba, Yaoundé a tenu à rester neutre dans la dernière élection gabonaise. Le ministre camerounais de la communication avait même signifié sa désapprobation, par une lettre de mise en demeure contre toute allusion de nature à influencer ce scrutin, à la suite d’une émission télévisée sur la chaîne publique, dont le thème était : « Ali Bongo peut-il perdre ? ».
Il faut dire que le chef de l’Etat camerounais s’est révélé un conseil très utile pour le clan Bongo, après le décès de ce dernier. Alors que le torchon brulait entre Pascaline et son demi-frère, à propos justement de la succession, Paul Biya avait, en marge des obsèques de Libreville, reçu les deux héritiers d’abord seuls, puis ensemble. Depuis, c’est l’union sacrée autour de Ali.
Il y a quelques années, le Nigérian Oumarou Yaradoua était venu à Yaoundé dans les mêmes circonstances, il a depuis un règne tranquille. Preuve que la méthode Biya fonctionne. Ali Bongo en aura grand besoin pour annihiler toutes les frustrations nées à la fois de son élection et des quarante ans de pouvoir sans partage de son père.








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