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Derrière le cliché des strass et paillettes, les rapports franco-monégasques


Rédigé le 15/06/2012 (dernière modification le 15/06/2012)

L'actualité de la Principauté de Monaco est riche en événements sportifs et culturels tout au long de l'année, mais la période d'élections législatives de son grand voisin la France y prend une connotation toute particulière pour les résidents français et enfants du pays*.


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Mercredi se tenait au Café-Théâtre, place des Bougainvilliers, une rencontre organisée par le syndicat des journalistes de Monaco. L'occasion d'un débat sur les élections législatives françaises, le nouveau gouvernement en place en France, et sur l'avenir des relations franco-monégasques. Le débat était animé par Jean-Louis Filc, Pierre-Yves Reichenecker et Frédéric Laurent. Le sénateur Christophe-André Frassa représentant les Français établis hors de France, enfant du pays, et Claude Boisson, homme politique monégasque, ont également pris une part active à cet échange.

Il a été longuement question de l'image donnée de la Principauté dans son pays voisin, souvent assez injustement caricaturée et pointée du doigt par les sphères médiatiques parisiennes qui s'attachent exclusivement au glamour, aux célébrations, au luxe et à la finance. Le récent passage de l'émission Thalassa dans le port Hercule aura, hélas, lui aussi surfé sur ces clichés. C'est méconnaître la réalité d'un micro-État dont l'économie constitue un formidable bassin d'emploi pour les frontaliers. Ainsi chaque jour la population (environ 35.000 habitants) est plus que doublée par l'afflux de travailleurs des Alpes-Maritimes et de Ligurie: en effet, environ 45.000 personnes supplémentaires viennent à Monaco pour travailler! "Sans Monaco, il y aurait autant de chômeurs en plus...", "La France oublie la vraie économie monégasque...", "Seuls les clichés bling-bling circulent dans des magazines papier glacé...", soulignaient les remarques.
Bien sûr, les collectivités locales françaises ne peuvent pas ignorer les retombées, mais cette vérité peine à se faire entendre par delà le département du Var. Le gouvernement monégasque lançait en 2010 une campagne de communication pour promouvoir les atouts du pays, avec un succès mitigé.

Les clichés ont la peau dure

Les clichés ont la peau dure et alimentent des enjeux politiques en France depuis longtemps. On se souvient du rapport des parlementaires Peillon et Montebourg, à l'époque du gouvernement Jospin, qui stigmatisaient outrancièrement la place financière monégasque. C'était avant que l'État, consentant de nombreux efforts, ne sorte de la liste grise de l'OCDE sur les paradis fiscaux. Le même Arnaud Montebourg revenait à la charge à Nice lors de la campagne présidentielle de 2012, mélangeant thématique "anti-riches" au climat d'anti-sarkozysme ambiant. Pour autant, l'élection de François Hollande est-elle à craindre en Principauté? Pas véritablement. Les rapports entre le nouveau président de la République et le Prince Albert II seraient excellents, autant que l'étaient ceux entre le Prince Rainier III et François Mitterrand. Il faut même remarquer que Monaco a davantage gagné en autonomie face à des gouvernements français de gauche (en 1983, 2002...) plus progressistes. En réalité, les vrais enjeux se situent au niveau européen, où l'évolution d'une zone Euro malmenée pourrait peser lourd sur l'économie de la Principauté. Les regards se tournent donc davantage vers Bruxelles.

La situation des Français résidents de Monaco

Un autre point de débat fut celui des Français résidents de Monaco. Les élections législatives de 2012 leur permettront d'élire ce dimanche un représentant à l'Assemblée Nationale (5e circonscription des Français de l'étranger, avec l'Espagne, Andorre et le Portugal). Qu'y gagneront-ils? Pas grand chose, pourrait-on confesser. Si le clivage gauche-droite, très médiatique en France, n'est pas aussi prépondérant à Monaco, les enfants du pays attendent surtout du prochain député la reconnaissance de justice dans leurs droits, notamment en matière d'équité fiscale. Car ceux-ci sont triplement pénalisés par une imposition qu'ils restituent à la France sans profiter des bienfaits, et sous la pression continue de loyers exorbitants. Si bien qu'ils sont souvent contraints de quitter un pays auquel ils sont attachés depuis l'enfance: les Français représentaient plus de 50% de la population dans les années 60, contre moins de 30% aujourd'hui. Mais leurs revendications peinent à trouver écho au parlement français, trop pétri d'idées reçues sur les conditions de vie en Principauté pour juger cette question audible. Et la crise n'aidera sûrement pas à améliorer la situation.



* Enfants du pays: les personnes non Monégasques, nées à Monaco. La nationalité n'est pas acquise en Principauté par le lieu de naissance - l'une des raisons en est notamment que c'est ici que se trouve la seule maternité pour de nombreuses communes françaises, voire italiennes...








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