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Un maharadjah des temps modernes


Par Rédigé le 09/01/2020 (dernière modification le 09/01/2020)

Au Musée des Arts décoratifs de Paris, l’exposition "Moderne maharaja, un mécène de 1930 à 1933" permet grâce à sa magnifique scénographie de visiter le somptueux palais que Yeshwant Rao Holkar II fit construire, décorer et meubler par les artistes les plus célèbres de cette époque.


rue_des_jeux_4.m4a "Moderne maharaja, un mécène de 1930 à 1933".m4a  (1.51 Mo)

Le jeune maharajah d’Indore dans l’Etat de Madhya Pradesh au centre de l’Inde, avait fait ses études au Christ Church College d’Oxford. Et il était resté lié à son condisciple berlinois devenu l’architecte Eckart Muthesius aux idées inspirées du Bauhaus. Il lui confie la construction de son nouveau palais, Manik Bagh "Jardin des rubis". Cette rencontre originale de deux mondes que tout opposait, une longue tradition indienne et les avant-gardes européennes fut une réussite. Yeshwant Rao Holkar II, né le 6 septembre 1908 à Indore et décédé le 5 décembre 1961 à Bombay était francophile, parlait parfaitement français et anglais et avait été initié au monde occidental par son précepteur belge. Très élégant, avec son épouse la maharani Sanyogita Devi qu’il avait épousée quand elle avait 9 ans, lui en avait seize, il avait posé pour le photographe Man Ray ou le peintre Bernard Boutet de Montvel, en habits de soirée aussi bien qu'en tenue traditionnelle. La maharani fréquentait notamment la maison de couture d’Elsa Schiaparelli ou la boutique des grands joailliers comme Van Cleef & Arpels, Chaumet ou Harry Winston. Ces portraits ornent la grande nef du MAD où plus de 500 pièces sont réunies, objets de la vie quotidienne, photos, films d’amateurs, bijoux de rêve, tableaux et tapis. Sont aussi reconstitués des décors grandioses, dont la chambre de la maharani et celle du maharaja, la célèbre chaise longue basculante de Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret qui fut recouverte d’une peau de léopard ou les deux fauteuils rouges à éclairage intégré.

Le décès de la maharani à 21 ans en 1937 au retour du couronnement de George VI met un point final à cette belle histoire et à la collaboration entre le prince et les artistes. La superbe demeure est peu à peu désertée. Louise Curtis, une des trois commissaires avec Olivier Gabet, directeur du MAD et Raphaelle Billé précise "Le palais fut conçu par et pour un couple. Après la mort de la maharani en 1937, il fut d’ailleurs délaissé". Lors de l’indépendance du pays en 1947, la principauté d’Indore intègre l’Union indienne. L"intérieur du palais est dispersé dans des ventes aux enchères en 1980 et se retrouve chez de grands collectionneurs français, américains ou qataris. Actuellement, Manik Bagh est le siège des douanes de l’Inde centrale...

Un temple de l'Art déco

Tout avait commencé en 1927 lorsque le prince, futur grand mécène, avait rencontré l’écrivain et marchand d’art Henri-Pierre Roché, l’auteur du roman "Jules et Jim", Il deviendra une sorte de conseiller artistique. La rencontre avec le couturier et collectionneur Jacques Doucet fut aussi décisive.
L’architecte Eckart Muthesius dut revoir ses plans et tenir compte du climat, des pluies abondantes et de l'extrême chaleur même si ses ambitions modernistes avaient à en souffrir. Une entreprise apparentée à la famille de Leni Riefenstahl installa la climatisation. Yeshwant Rao Holkar II fit appel à une vingtaine de créateurs d’avant-garde tels les décorateurs Jacques-Emile Ruhlmann, Louis Sognot ou Charlotte Alix, le peintre Da Silva Bruhns, les architectes d'intérieur Eileen Gray ou Le Corbusier, le designer Herbst et l’orfèvre Jean Puiforcat. En 1936, le maharadjah achète deux versions de "L'Oiseau dans l'espace" de Constantin Brancusi , l'un en marbre noir, l'autre en marbre blanc, on peut en voir la maquette. Ils devaient orner le Temple de la Méditation qui ne verra jamais le jour.
La magie de cette exposition qui se tient jusqu'au 12 janvier pourra être prolongée avec le catalogue de "Moderne maharajah. Un prince indien des années 1930", ouvrage collectif publié sous la direction de Raphaèle Billé et Louise Curtis avec des textes de Stéphane-Jacques Addade, Raphaèle Billé, Julie Blum, Louise Curtis et Guigone Rolland.








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