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Lettres à Camondo


Par Rédigé le 06/11/2021 (dernière modification le 02/11/2021)

C’est le titre que le céramiste anglais Edmund de Waal a donné aux soixante missives imaginaires qu’il a destinées à la mémoire du comte Moïse de Camondo. 146 pages publiées aux Éditions Les Arts Décoratifs, le 16 avril dernier.


Le céramiste anglais Edmund de Waal (c) Bernhard Holub WC
Le céramiste anglais Edmund de Waal (c) Bernhard Holub WC
rue_des_jeux_17__8_.m4a Lettres à Camondo.m4a  (2.45 Mo)

Elles sont été écrites pendant le confinement de mars 2020, "La pandémie m’a donné l’occasion de faire quelque chose de différent, à savoir écrire ces lettres" révèle leur auteur. La couverture s’inspire de celle du premier catalogue proposé par le musée Nissim de Camondo.

On connaissait déjà Edmund de Waal pour "Le lièvre aux yeux d’ambre" où il évoquait la famille Ephrussi dont il est le descendant. Cette fois, il s’intéresse à Moïse de Camondo dans son hôtel particulier du 63 de la rue de Monceau jalonnée de ces riches demeures où ont résidé de célèbres familles juives, Rothschild, Pereire, Fould ou Cahen d'Anvers. Dans cette demeure élégante le grand collectionneur avait rassemblé meubles, tableaux, tapis, tapisseries, porcelaines et orfèvrerie du XVIIIe siècle français.

Les Camondo sont des séfarades chassés d'Espagne à la fin du XVe siècle, ils s’installent d’abord à Venise puis à Constantinople au XVIIIe siècle où ils sont banquiers de l'Empire ottoman. En 1867, les frères Abraham Behor et Nissim de Camondo sont faits comtes héréditaires par Victor Emmanuel II. En 1869, ils arrivent à Paris où ils ouvrent une succursale de la banque familiale. Le père et l’oncle de Moïse s’installent au 61 et au 63 rue de Monceau. En 1910, Moïse fait démolir l’hôtel particulier de son père Nissim au numéro 63 et entreprend de construire son propre hôtel particulier sur le même site de 1911 à 1914 par l’architecte René Sergent. Les deux frères ont chacun un fils, ces deux cousins Isaac qui deviendra compositeur et Moïse de Camondo disposent d’une fortune qui leur permet d’être de grands collectionneurs et mécènes. En 1891, Moïse avait épousé Clara Irène Elise Cahen d’Anvers, "une juive du meilleur monde", dont Renoir avait fait le portrait en 1880 quand elle avait huit ans "La petite fille au ruban bleu". Ils auront deux enfants, Béatrice et Nissim mort au combat pendant la Première Guerre mondiale, le 5 septembre 1917 à 25 ans, à Leintrey en Lorraine. C’est en mémoire de ce fils que sera créé le musée Nissim de Camondo géré par le musée des Arts décoratifs. Il est consacré à l’art décoratif français de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Moïse meurt en 1935 et le 21 décembre 1936, sa fille Béatrice et sa famille assistent à la cérémonie de remise de la maison et de ses collections. La seule condition que Moïse avait posée était que rien ne devait être déplacé, même pas les photos qui y sont installées. Et par ailleurs le contenu du musée devait rester intact, autrement dit, rien ne devait être déplacé, ajouté ou retiré, il ne pouvait donc pas y avoir d’exposition temporaire. C’est pourquoi l’exposition de 20 œuvres d’Edmund de Waal est la première exception à ce voeu. Elle permet jusqu’au 15 mai 2022 de jeter un nouveau regard sur cette collection. Et si l’on en croit Edmund de Waal "C’est une chose vraiment exceptionnelle. Je suis autorisé à apporter des choses… et c’est un très grand honneur, comme vous pouvez l’imaginer. Ce n’est que temporaire. Je serai là brièvement, puis je m’éloignerai". Et il ajoute "C’est un honneur difficile. Trouver comment dialoguer avec cette histoire est extrêmement difficile et douloureux".

La famille de Camondo est éteinte, Les deux fils naturels d'Isaac sont morts. Béatrice, son mari et ses deux enfants ne sont pas revenus d’Auschwitz. Les collections de Moïse ont été préservées grâce à Jacques Jaujard, directeur des Musées Nationaux pendant l’Occupation.

Edmund de Waal a été sensible aux similitudes existant entre sa propre famille et celle des Camondo, même goût pour l'art et la philanthropie, même destin tragique semblable, elles habitaient aussi à quelques numéros dans la rue de Monceau en bordure du parc. Aidé de ses souvenirs personnels, il a brossé le portrait de Moïse de Camondo en collectionneur et, au-delà celui de tout un univers disparu à jamais.

Déjà en 1997, Pierre Assouline avait raconté ce destin dans "Le Dernier des Camondo" chez Gallimard. La même année, Sophie Le Tarnec et Nora Seni avaient publié chez Actes Sud "Les Camondo ou l’éclipse d’une fortune". De son côté, le musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme de Paris avait organisé de novembre 2009 à mars 2010 l’exposition "La Splendeur des Camondo : de Constantinople à Paris, 1806-1945".








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