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Côte d'Ivoire: le langage des signes, pour faire entendre leurs voix


Par Rédigé le 21/06/2019 (dernière modification le 17/06/2019)

Ils ont une dizaine d’années et sont les trois élèves de la classe de Smith Botti, à Gonzagueville en Côte d’Ivoire.
Francesca, 11 ans, est très sociable et souriante. Christ, 11 ans, déborde de concentration. Ange est le plus doué de la promotion : malgré quelques lacunes de vocabulaire, il sait construire des phrases parfaites en langue des signes. Il a d’ailleurs été choisi pour signer l’Abidjanaise, l’hymne national ivoirien, à l’occasion d’un gala de bienfaisance.


Être un enfant "comme les autres" …

Francesca, Christ et Ange en classe avec leur professeur (c) Laurence Marianne-Melgard
Francesca, Christ et Ange en classe avec leur professeur (c) Laurence Marianne-Melgard
"Je ne me sens pas différent des autres", affirme Ange du haut de ses 12 ans. "Plus tard, je veux être pilote !" C’est pour permettre aux enfants porteurs de handicap de tendre vers leurs aspirations et, avant tout, de mieux s’insérer dans la société, que l’association Imagine le Monde a ouvert ses portes en septembre 2013. Depuis, une cinquantaine d’élèves se sont pressés sur les bancs de ses salles de classe et y ont appris la vie en communauté… Parce que la surdité n’est pas uniquement physique, c’est aussi une souffrance émotionnelle dans une société qui a encore du mal à accepter le handicap au sens large.
Dans ce contexte, Imagine le Monde est un exemple à suivre : la méthode fonctionne et les enfants acquièrent connaissances et assurance. Les salles de classe, la cour de récréation et les locaux dans leur ensemble respirent l’amour et la bienveillance… Sans doute ce dont ces enfants ont le plus besoin.
le_langage_des_signes.mp3 Le-langage-des-signes.mp3  (4.01 Mo)


Malgré un environnement familial complexe…

Bien entendu, comme le précise Smith Botti, cela ne suffit pas et les bénévoles de l’association travaillent main dans la main avec les familles pour que les parents apprennent eux aussi le langage des signes et puissent ainsi communiquer avec leurs enfants. "J’encourage beaucoup les parents et je leur ai remis à tous un manuel pour s’entraîner. Malheureusement, un grand nombre d’entre eux ne l’utilisent pas. Parfois même, ils me le ramènent en disant que c’est compliqué et qu’ils sont trop âgés pour apprendre". Malgré tout, ces parents tiennent à procurer une éducation à leur progéniture. Cette méthode sert donc à communiquer entre malentendants, à lire et à écrire. Même si savoir écrire ne suffit pas à communiquer, lorsqu’on a des parents qui eux, n’ont pas appris… La seconde limite découle du contexte local qui induit autant de langues des signes que de dialectes parlés en Côte d’Ivoire (plus d’une cinquantaine). Les "signes villageois", comme on les appelle, diffèrent en fonction de la région où l’on apprend à signer et ce fait est déterminant pour comprendre que l’émancipation d’un malentendant se fera prioritairement dans sa région d’apprentissage.

Grâce à l’appui d’une structure bienveillante

Peu importe ces freins, Imagine le Monde prouve que l’on peut convertir la différence en richesse et en opportunités. L’association a donné sa chance à Martin Adjoumani, jeune homme devenu malentendant à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui âgé de 30 ans et diplômé d’un Master en informatique option génie logiciel, il a intégré l’équipe récemment et est fier et honoré de participer à sa bonne marche. Il rappelle d’ailleurs que : "il faut être indulgent envers les malentendants. Crier est inutile. Il faut juste parler lentement car nous lisons sur les lèvres". L’ONG compte une trentaine d’accueillants, bénévoles ou salariés. Ensemble, ils organisent les apprentissages afin que se rencontrent autistes, trisomiques et malentendants. Dans le centre, mais aussi lors de sorties pédagogiques au zoo ou au parc d’attractions et au cours d’activités sportives ; également envisagées comme moyen d’accès à l’éducation.

Le gouvernement ivoirien a mis en place un programme d’inclusion des sourds et malentendants dans le système éducatif (plus de 100 000 personnes concernées, selon le recensement de 2014). En plus d’une école spécialisée pour les sourds il a établi un partenariat avec l’ONG Society Without Barriers Côte d’Ivoire. Ensemble, ils mènent le Projet Education Inclusive, aujourd’hui fonctionnel dans quatre communes d’Abidjan et neuf à l’intérieur du pays.
Ces initiatives, si elles ont le mérite d’exister, demeurent insuffisantes au regard des défis que constitue le nombre d’enfants atteint et les méthodes d’enseignement requises. D’autres structures, telles que Imagine le Monde, viennent alors compléter les possibilités d’accueil de ce public. Un nouveau recensement des sourds et malentendants est prévu pour l’année 2019.









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