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Eugène Sue n’a pas écrit que les "Mystères de Paris"…

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 16/03/2018 (dernière modification le 15/03/2018)

En 2017, paraissait dans la petite collection des éditions Ovadia un récit de 134 pages réparties en neuf chapitres. "Kardiki", écrit d’Eugène Sue daté de 1839, raconte le massacre de Khardiq perpétré par Ali, pacha de Tebelen ou Tepelena ou bien encore de Janina.


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Eugène Sue né Marie-Joseph Sue à Paris le 26 janvier 1804, est surtout connu pour deux romans-feuilletons "Les mystères de Paris" et "Le Juif errant", sur la trentaine de ceux qu’il a écrits, à caractère social, maritimes ou historiques. "Kardiki" fait partie de ces derniers. A côté de cette abondante production, il trouva moyen d’avoir une carrière politique, fort courte il est vrai. Il fut élu député républicain et socialiste de la Seine à l'Assemblée législative le 28 avril 1850. Mais lors du coup d’État du président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, il dut s’exiler à Annecy-le-Vieux appartenant au royaume de Sardaigne. Il y mourra le 3 août 1857. La Savoie ne sera rattachée à la France que le 24 mars 1860.

"Kardiki" fut d’abord publié par épisodes, huit, du 25 février au 5 mars 1839 dans le quotidien La Presse d’Émile de Girardin créé en 1836. Peu de temps après, il est édité avec d’autres textes dans un recueil intitulé "Deleytar". Un peu plus tard, "Kardiki" est incorporé dans un autre recueil "La cucaracha". Par la suite, le texte fut régulièrement réédité jusqu’en 1904, et même traduit en anglais, italien et espagnol.

Comment le médecin auxiliaire Eugène Sue qui avait circulé sur toutes les mers du globe s’est-il intéressé à cet épisode de l’histoire albanaise? Dans les années 1820, la cause de la Grèce qui voulait se libérer du joug ottoman était à la mode. On se rappellera simplement "Les Orientales" de Victor Hugo ou "Scènes des massacres" de Scio et "La Grèce sur le ruines" de Missolonghi d’Eugène Delacroix. D’autre part, dans le cadre de sa profession, Eugène Sue avait assisté le 20 octobre 1827, à Navarin, à la destruction de la flotte ottomane par celle de la coalition France, l'Angleterre et Russie.

Ali Pacha de Janina, dit encore le lion de Tebelen, le tigre d'Albanie ou Ali la hache, était né vers 1750 à Tepelen, en Albanie actuelle. Au terme d’une carrière militaire et administrative bien remplie, il devient gouverneur d’une région couvrant une partie de l’Albanie et de la Grèce actuelles. Ce personnage qui avait fini par se soulever contre les Ottomans a fasciné l’Europe du début du XIXe siècle, l’amiral Nelson l’admirait et Lord Byron lui a rendu visite en 1809. Il paraît aussi dans "Le comte de Monte-Cristo" d’Alexandre Dumas et fut assassiné en janvier 1822 par des agents du sultan.

"Kardiki" que l’auteur de la postface Safet Kryemadhi, qualifie de tragédie albanaise est d’après ce dernier, la "chronique d’un suprême outrage, d’une vengeance impitoyable et d’une parole jurée ignominieusement trahie". Pour son récit, Eugène Sue s’inspire de tout ce qu’il pouvait se dire à propos d’Ali pacha et il s’aida de livres traitant de l'histoire de ces régions, notamment ceux écrits par un consul de France à Janina, actuellement Ioannina, capitale de l’Épire devenue grecque en 1913. Après la mort de leur mère Khamco, Ali et sa sœur Chaïnitza s'engagèrent par serment à exterminer jusqu’au dernier Kardikiote, habitant de Kardiki. Pour venger une offense vieille de plus de 20 ans.

Le 15 mars 1812, la population mâle fut donc enfermée dans un caravansérail et massacrée. "Le carnage dura jusqu’au soir. Le soleil couché, il ne restait plus un Kardikiote, homme, vieillard ou enfant. Ce que le mousquet avait épargné, la hache et le sabre l’avaient achevé", précise Eugène Sue. Et Ali fit graver une inscription conseillant aux voyageurs de n’offenser ni sa famille, ni sa propre personne… Quant aux femmes, elles furent dépouillées de leurs vêtements, battues, injuriées, et finalement abandonnées dans les forêts. Ce drame hante encore les esprits et l'Albanais Ismail Kadaré y fait allusion dans plusieurs de ses romans.

Ce petit livre a toutes les caractéristiques des feuilletons qui feront la gloire de Sue et de bien autres écrivains du XIXe siècle. La couleur locale y règne et s'exprime dans les termes relatifs aux habitations, aux vêtements. Les sentiments y sont exacerbés et le style en est simple. Tout ceci en fait une lecture agréable et instructive.










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