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Média, à quoi tu ressembleras ?


Par Elise Venet Rédigé le 31/03/2020 (dernière modification le 21/03/2020)

Au vu et su des bouleversements survenus dans le champ des technologies de l'information et de la communication, s'interroger sur le futur des journalistes et des médias, qui en sont particulièrement impactés peut sembler nécessaire. Quelles perspectives d'évolution se profilent en matière de support, mode(s) narratif(s) et de traitement de l'information?


"Devant un écran, on peut réfléchir tranquillement et en silence aux questions qu'on ne veut pas soulever à voix haute. Je le quitte ou pas ? Je m'en vais ou je reste avec elle ? On peut penser aux aspects pratiques du divorce. Combien aurais je pour vivre et que vont dire les amis, la famille, les enfants ?" Christian Jungersen / © Noah Buscher sur Unsplash
"Devant un écran, on peut réfléchir tranquillement et en silence aux questions qu'on ne veut pas soulever à voix haute. Je le quitte ou pas ? Je m'en vais ou je reste avec elle ? On peut penser aux aspects pratiques du divorce. Combien aurais je pour vivre et que vont dire les amis, la famille, les enfants ?" Christian Jungersen / © Noah Buscher sur Unsplash

Le podcast roi

Milieu des années 2000, le journaliste Ben Hammersley met au monde le terme de "podcast" dans un article du Guardian. Le terme séduit Apple, qui devient rapidement la plateforme incontournable de diffusion, mais aussi de classement des podcasts. Il faut dire que le concept a de quoi séduire, pour concurrencer la radio hertzienne encore toute puissante il y a 20 ans. Disponibles sur demande les podcasts replay, de même que les podcasts natifs, c'est-à-dire conçus pour une diffusion en streaming, s'emportent partout et s'affranchissent des strictes fréquences de la bande FM.

Les plateformes de diffusion françaises se sont multipliées pour s'emparer du potentiel du contenu podcast ; on peut citer par exemple : Binge Audio, Nouvelles Écoutes, Louie Median, Majelan... Elles proposent une offre telle que l'agence Médiamétrie lançait en décembre dernier une mesure d'audience qui délivre au producteur de contenu des indicateurs chiffrés : du nombre d'auditeurs aux heures d'écoute à partir de la technologie du watermarking (code inaudible inséré dans le son par les éditeurs), en passant par la volumétrie de téléchargement.

"Binge Audio, aujourd’hui, c’est une quinzaine de podcasts récurrents, la plupart publiés toutes les semaines, toutes les 2 semaines ou 1 fois par mois. On n’a jamais autant vu, lu, écouté de contenus. Nous cherchons à servir une jeune génération, parfois mal équipée avec les radios FM existantes. Jusqu’à il y a 15 ans, le marché était très fermé avec la bande FM, une ressource rare. Aujourd’hui, on lance un podcast grâce aux enceintes connectées, qui font un démarrage très rapide en France mais sont plus installées aux États-Unis. Le podcast c’est un support à la fois difficile et porteur d'une très grande satisfaction, il faut que l’auditeur accroche au bout de quelques secondes. C'est aussi un support de satisfaction intense puisque aujourd’hui sont écoutés à 80 %, dont la quotidienne. Nous souhaitons nous adresser à des gens qui ne se reconnaissent pas forcément dans les radios traditionnelles", déclarait Gabrielle Boeri-Charles, cofondatrice et directrice générale de Binge Audio, en juillet dernier.

Si les contenus ne manquent plus, et répondent aux intérêts d'une population de plus en plus large, le modèle économique du podcast reste problématique. Les producteurs ont recours aux sponsoring de grandes marques, à la diversification de leur activité (production de contenu vidéo, marketing pour différents clients, par exemple), ou encore au crowdfunding.

Des innovations narratives

Les médias sont sur le banc des accusés depuis plusieurs années du fait, notamment, de la perte du lien de confiance avec la société civile. En difficulté économique pour certains, et en particulier dans la presse écrite, un certain nombre de rédactions de télévision, radio et presse écrite ont pris un virage à 180 degrés pour tenter de redresser leur chiffre d'affaire et renouer avec leur audience. Réorientation des programmes vers une population plus jeune, lifting du journal télévisé où les présentateurs sont désormais sommés de présenter l'actualité debout, avènement des "experts" en tout genre invités sur les plateaux... mais aussi, exploration de nouveaux modes narratifs de l'information !

L'enquête (2018) menée pendant un an par les Danois Per Westergaard et Søren Schultz Jørgensen, tous deux rédacteurs et responsables de médias reconnus, dans près de 50 rédactions de pays différents visait à inventorier et analyser leurs tendances d'innovation. Ils en ont dégagé 9 pistes stratégiques suivies par les rédactions contre la crise structurelle des médias et réengager leurs audiences.

Parmi elles, plusieurs se sont affirmées comme lignes directrices des médias français et anglo-saxons. On peut citer :
 
  • l'affirmation d'une identité médiatique forte et reconnaissable, fondée sur la zone géographique, l'âge et les classes sociales de l'audience, ou sa thématique vertébrale (tech, social, entreprenariat, environnement, etc.) contre le tout puissant dogme de la neutralité journalistique.
 
  • la valorisation d'une "info de niche", tout en ciblant une audience spécifique. Il est ici question de pertinence et et d'authenticité de l'information dans le but de fédérer une communauté autour de son média, quitte à segmenter un peu son audience, l'idée étant qu'avec la diversification des contenus, un média ne peut répondre à l'intégralité des attentes, laissant ainsi la place libre à d'autres médias.
 
  • l'engagement physique, ou "de personne" dans les médias. Un nombre croissant d'entreprises du secteur cherchent à interagir directement avec leur public au cours d'évènements publics (pensons, par exemple, aux courageuses conférences de Charlie Hebdo 5 ans après les attentats qui ont touché le journal, pour renouer avec leur public et présenter les nouvelles têtes de la rédaction, ou encore les évènements de Streetpress, etc.)
Certaines et certains ont rapidement diversifié leurs pratiques, et ce, dès les débuts prometteurs d'Internet. C'est le cas du journaliste et réalisateur David Dufresne, inspiré par la culture fanzine et des premiers forums de l'openweb. Il renouvelle depuis des années les formes narratives de l'information en réalisant par exemple "Fort McMoney" - et "Hors-Jeu" - comme webdocumentaires, ainsi que la websérie "L'infiltré", dont le synopsis consiste en l'infiltration du parti du Front National par un militant politique modéré ou centriste. Il est alors question de construire une "histoire dont vous êtes le héros". "Utilisons le web pour ce qu’il nous permet, les nouvelles narrations et implications du public. En réalité, le web est bien plus qu’un mode de diffusion. La tentation des institutions et du service public est de ramener tout le monde au bercail, sur un mode de diffusion et de consommation", déclare ainsi David Dufresne.

Gamification, implication du public dans la co-construction de l'information, promotion par le biais des réseaux sociaux, évolution du contenu vers davantage d'audio, de vidéos et de formats courts... Les solutions ne manquent pas pour s'adapter aux évolutions numériques et des pratiques d'audience ; le problème provient de leur surabondance et de la création de faux contenus diffusés en masse pour influencer les opinions publiques.

Manipulation de l’information

Fake news, deepfakes, trolls... Où en sommes-nous de notre rapport à la vérité à l'heure où se propagent toutes sortes de fausses informations. Les grandes plateformes que sont Twitter, Facebook et Youtube ont d'ores et déjà lancé des opérations significatives pour lutter contre la désinformation qui prend une ampleur inquiétante dans certains pays, et notamment actuellement sur le coronavirus (fact-checking par des opérateurs humains, filtrage et suppression de contenus dont le format a été défini comme suspect).

Les dirigeants politiques du monde entier sont aux abois et développent des stratégies de cyberdéfense nationales contre les manœuvres de mouvements et d'éléments radicaux, quand il ne s'agit pas même de services secrets étrangers. Il existe des places de marché sur Internet où sont proposés à la vente de faux contenus, appelés "deepfakes", en raison de la difficulté, voire de la quasi-impossibilité, à détecter leur irréalité.

"Ces deepfakes sont réalisés en quelques jours, et on peut donner des indications de prix. Vous pouvez aujourd’hui acheter une cinquantaine de mots d’un faux Trump pour 10$. Lorsque ces entreprises de désinformation sont guidées par des intérêts économiques ou politiques puissants, alors, ça devient très inquiétant. Les Anglais et les Américains investissent actuellement des sommes massives pour trouver des moyens de traquer, surveiller, regarder ces opérations et, surtout, les déceler le plus rapidement possible. L'intelligence artificielle (IA) constitue éventuellement une piste possible puisque ces opérations de désinformation sont elles aussi bourrées d’IA. C’est un affrontement des deux versants de l’IA, le remède et le poison. C'est une course loin d'être gagnée d’avance", développe Eric Scherer, directeur de l'innovation pour France Télévisions.
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