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La vieille dame ne supporterait pas le voyage


Par Rédigé le 08/03/2022 (dernière modification le 07/03/2022)

Agée de quelque 2.500 ans la dame d’Elche ne rejoindra pas sa région d’origine pour la célébration des 125 ans de sa découverte.


Déesse ou reine on ne sait exactement, certains ont même soutenu que c’était un homme…  (c) DR
Déesse ou reine on ne sait exactement, certains ont même soutenu que c’était un homme… (c) DR
La Dame d'Elche se trouve au Musée archéologique national de Madrid et le ministère espagnol de la Culture refuse de la prêter à la ville d’Elche distante d’environ 430km car le déplacement pourrait lui être fatal. "La première de nos priorités est la conservation de la Dame". Dans un rapport adressé à Carlos González Serna, maire d'Elche, des spécialistes déclarent qu’on ne peut faire prendre le moindre risque à cette sculpture qui bénéficie au musée d’un environnement stable "dans les meilleures conditions possibles".

Cette décision n’enchante pas Elche qui se réjouissait de la retrouver. Sa découverte a eu lieu le 4 août 1897. Ce jour-là, des ouvriers agricoles travaillaient à La Alcudia, à quatre kilomètres d'Elche, à l'ouest d'Alicante, dans un champ appartenant au docteur Manuel Campello Antón. Au cours de la matinée, le fils de l’un d’eux, Manuel Campello Esclápez dit “Manolico”, heurte une pierre avec sa pioche, il essaie de l’enlever et s’aperçoit que c’est une sculpture représentant un buste de femme, 56 cm de hauteur pesant 65 kg, richement orné orné de colliers et de boucles d’oreille avec quelques traces de polychromie, bleu, rouge et jaune. Sa date, entre la fin du Ve siècle et le début du IVe av. J.-C, en pierre calcaire locale. Elle sera reconnue comme le chef-d’œuvre de la culture ibère et l’un des plus beaux vestiges de l’Espagne antique. Déesse ou reine on ne sait exactement, certains ont même soutenu que c’était un homme… D’autres ont évoqué un faux, des analyses récentes ont prouvé qu’il n’en était rien. Au dos de la statue il y a une cavité de 18 cm de diamètre et 16 cm de profondeur, on suppose que c’était un reliquaire.  

Les ouvriers agricoles la remirent au docteur Manuel Campello qui l’exposa dans son salon puis sur son balcon pour que tout le monde puisse admirer celle qu’on appelait la “Reina mora”. Il informa l’oncle de son épouse, Pedro Ibarra Ruiz, archéologue reconnu qui communiqua la nouvelle à la presse ainsi qu’au Français Pierre Paris, archéologue et hispaniste, professeur à l’université de Bordeaux qui se trouvait dans la région. Une semaine plus tard, ce dernier était à Elche et achetait la statue pour le Louvre, 4.000 francs soit environ 1,623 million d’euros.

Ce départ pour la France n’est pas du goût de tout le monde en Espagne. On retrouve partout l’image de la Dame de Elche, sur l'affiche de l'Exposition internationale de Barcelone de 1929, les timbres, billets de banque ou les boîtes d'allumettes. A partir de 1935, les deux pays engagent des négociations pour la restitution de la statue à l’Espagne mais elles sont interrompues par la guerre civile. Elles reprennent en 1940, une délégation espagnole qui compte parmi ses membres le peintre José María Sert, est à Paris le 12 octobre et rencontre le directeur du Louvre. Un accord est signé et la France restitue la Dame d’Elche qui avait été mise à l’abri à Montauban. On y ajoutera l’Immaculée Conception de Murillo emportée par le maréchal Soult pendant l’expédition napoléonienne en Espagne. De son côté, cette dernière donne le Portrait de la reine Marianne d'Autriche de Velázquez et le Portrait d’Antonio de Covarrubias du Greco. On a soutenu que ce contrat avait pour but de maintenir la neutralité du général Franco dans la guerre.

La Dame d’Elche est installée au musée du Prado le 27 juin 1941. Cette restitution est célébrée par la presse nationale et mise au crédit de la politique internationale du Caudillo. En 1965, le Dama revient à Elche pour une exposition temporaire. En 1971, elle est transférée au musée national d’archéologie de Madrid. En 2006, elle en sortira pour un séjour de six mois à Elche lors de l’inauguration du Museo Arqueológico y de Historia de la ville, MAHE. Les habitants de la ville ou Ilicitains ont longtemps espéré son retour définitif, cette fois ils risquent d'être vraiment déçus....








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