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Interview de Lionnel Luca : 'la Communauté européenne est la meilleure garante de nos identités'


Par Lea Raso della Volta Rédigé le 24/10/2009 (dernière modification le 24/10/2009)

Il y a tout juste vingt ans, le Mur de Berlin, symbole d’une Europe divisée tombait sous les coups de pioches des Berlinois. Vingt ans plus tard l’intégration, politique et économique des pays de l’ex-bloc soviétique est pratiquement accomplie ; pourtant, cette Europe redessinée, peine à former une entité homogène. A l'occasion de cet anniversaire, Lionnel Luca, Député de la 6e circonscription, membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, donnera 7 novembre à 17h30, à la salle des Oliviers à Saint-Paul et le 7 décembre à 18h30, à Cannes au Lycée Bristol au cours desquelles, il dressera un bilan de cette Europe « recomposée ».


Interview de Lionnel Luca : 'la Communauté européenne est la meilleure garante de nos identités'
Le 9 novembre prochain, seront célébrés les vingt ans de la chute du mur de Berlin ; en tant qu’élu de la Nation qu’est-ce qui vous a incité à entreprendre un cycle de conférences sur les pays d’Europe de l'est depuis ces vingt dernières années ?

C’est avant tout l’envie, mais aussi la nécessité de faire le point sur ce qu’on appelle l’Europe de l'est et qui théoriquement n’existe pas, sauf dans les esprits ; car nous traînons derrière nous vingt ans d’ignorance et d’arrogance à leur égard. L’ignorance qui est le fait de la population et l’arrogance des dirigeants ; les uns comme les autre survolent les réalités des peuples de l’est. Pour illustrer le mépris je prendrai le discours du Président Chirac qui en 2004 tançait la Pologne et d’autres pays candidats à l’Europe, coupables à ses yeux d’avoir pris, au moment de la guerre en Irak, des positions proaméricaines qui lui semblaient peu conformes à l’esprit européen. « Une bonne occasion de se taire » avait-t-il alors déclaré aux Polonais. Cette attitude m’a beaucoup choqué ; par la suite l’affaire dite « du plombier polonais » n’a fait qu’aggraver les choses. Mon cycle de conférences se veut avant tout une incitation à aller vers ces peuples et à mieux les connaître.

Pourtant la France n’est pas le seul pays à avoir quelques différends avec les pays de l’ex-bloc soviétique ; il n’y a pas si longtemps, le Canada reprochait à la Hongrie d’encourager les Roms de Hongrie à émigrer en Amérique du nord

Mes conférences n’ont pas pour objectif de dire que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, je reconnais qu’il y a des problèmes et que la question des Roms, qui jusqu’à présent a été tamisée en Europe, devra être envisagée sérieusement ; une solution s’impose ; en Italie les relations entre la population et les Roms sont plus que tendues.

On a le sentiment que le frein à une intégration harmonieuse est bien moins économique que psychologique ; mais les réticences sont-elles pour autant unilatérales ?

Bien sûr que non ! nous ignorons tout d’eux, mais la réciproque est vraie. Nous portons sur ces peuples, un regard qui oscille entre l’angélisme et la méfiance. Nous ne savons pas, par exemple, que les mentalités à l’est n’ont pratiquement pas évolué en cinquante ans. La semaine dernière j’étais en Pologne, dans une même pièce il y avait trois groupes de jeunes lycéens et ils écoutaient nos propos dans un silence complet ; chose impensable chez nous ! ils sont encore dans une logique respectueuse à l’égard des enseignants. Ils se comportent comme nous le faisions au début des années soixante. Mais cela nous l’ignorons complètement. Au lendemain de la chute du Mur, les PECO se sont mis au travail et ont œuvré pour intégrer la Communauté européenne, mais ce qui n’a pas suivi ce sont les mentalités, ils éprouvent à notre égard un « amour-répulsion » lors de commissions de travail en Tchéquie, ils ont mis sur le tapis les accords de Munich. Pour nous c’était quasi surréaliste de s’entendre reprocher des faits survenus soixante et onze ans plus tôt !

Les Européens ont été surpris de constater la véhémence de l’hostilité tchèque à l’égard de la communauté européenne

Il ne faut pas se voiler la face, pour ces pays faire partie de la Communauté européenne ou intégrer l’Otan, signifie devenir membre du club des riches ; disons que leur enthousiasme a cédé la place à une méfiance à l’égard des Institutions européennes. Vous comprenez bien que l’idée "d’effacement de la Nation" ne peut que leur déplaire ; quant à l’idée de "Souveraineté partagée" cela fait écho à la "Souveraineté limitée" instaurée par Leonid Brejnev. Mais je vous dirai que la fin de l’Etat-Nation prôné par nombre de Fédéralistes est en train de s’estomper, car même en Europe occidentale l’on assiste à des levées de boucliers comme ce fut le cas en Irlande ou au Royaume-Uni.

Comment ne pas évoquer l'adhésion de la Turquie, lorsqu’il est question d’Europe de l’est ?

L’adhésion prochaine de la Turquie fait débat au sein de l’Europe, car en plus, derrière la candidature de ce pays, il y a les Etats-Unis qui sont favorables à son intégration et veulent une Turquie forte face à la Chine. Pour les Américains, l’Europe n’est qu’un concept auquel ils opposent l’Eurasie, qui va de San Francisco jusqu’au Xinjiang. Le Président Sarkozy, lors de la présidence française, avait abordé la question des frontières de l’Europe, car poser clairement le problème des frontières, c’est s’interroger sur le bien-fondé de la candidature turque et prendre conscience qu’il n’y a pas de place pour ce pays au sein de l’Europe. Lorsque j’entends certaines personnes dire qu’ils ont une histoire commune avec nous, au motif qu’ils furent jusqu’à l’orée du XXème siècle présents dans les Balkans, j’en frémis car l’histoire qu’ils partagent avec l’Europe est une histoire écrite dans le sang.

Comment réagissent les pays européens de l’est face à l’intégration de la Turquie ?

Leur attitude est très ambivalente, d’un côté les Polonais affirment avec fierté que c’est un roi polonais qui a mis un terme au siège de Vienne en 1559, et de l’autre l’entrée de la Turquie est perçue comme une nécessité qui peut mettre un frein à une islamisation intégrale. Ce dont je doute. Mais pour faire une allusion historique on risque d’aller droit vers le schisme entre Europe de l’ouest et de l’est.

Nous sommes, à l'évidence, sortis d’une Europe centrale bi-polaire, pour autant peut-on estimer que les sphères d’influences sont de l’histoire ancienne ?

L'Allemagne est présente partout en Europe centrale, cela tient à l’histoire, la fameuse Mitteleuropa dont plus personne ne veut entendre parler, mais qui atteste des liens historiques qui unissent ce pays aux pays de l’est ; la France est un peu à la traîne, nous avons des liens assez étroites avec la Roumanie, ce qui nous vaut d’ailleurs des relations un peu crispées avec les Hongrois. La Francophonie nous permet d’être présents en Bulgarie et en Slovaquie. Par contre les Italiens balaient tout et les descendants des fameuses Républiques maritimes sont plus qu’actifs dans cette zone.

En tant qu’homme politique, membre de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale comment aimeriez-vous voir la situation évoluer ?

Je souhaiterais qu’il y ait une meilleure compréhension et que les différences s’estompent afin que nous puissions bâtir une identité européenne sans pour autant devoir renoncer à ce que nous sommes. Je pense que la France a un rôle à jouer et peut impulser des élans, d’ailleurs son retour dans l’Otan en est un. Il faut permettre à cette Europe de croître et faire en sorte que tous se reconnaissent en elle, car elle est la garante de nos identités nationales.










1.Posté par Louis le 25/10/2009 09:13 | Alerter
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Super interview, qui montre que les hommes politiques peuvent être intéressé par autre chose que ...  

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